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Commentaire de Vipère

sur L'Union Européenne sonne le glas des services publics !


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Vipère Vipère 12 mai 2014 09:39


La fracture entre le secteur privé et le public :

"Avec la polémique engendrée par la suppression du jour de carence des fonctionnaires, la guerre des deux France est relancée : le privé contre le public. L’occasion de vérifier si les fonctionnaires (ils sont plus de 5 millions) sont des privilégiés. D’abord, contrairement à une idée reçue, ils sont mieux payés. Sauf s’ils travaillent dans la fonction publique territoriale, ils ont en moyenne un meilleur salaire dans une administration (Etat ou établissements publics de santé) que les employés du secteur marchand.

Un gel des salaires en trompe-l’oeil

"L’injustice se situe surtout au niveau de la progression des salaires", précisent Maël de Calan et Sylvain Bertoux, rapporteurs de l’étude de l’Institut Montaigne sur la dépense publique publiée en décembre 2012. En 2010, en pleine crise, le pouvoir d’achat des fonctionnaires avait ainsi grimpé d’1,7% ... Certes, depuis 2011, le gel du point d’indice - base de calcul au traitement du public - a ralenti la progression. Il n’empêche, avec le système automatique des avancements - le « glissement vieillissement technicité », le fameux GVT
- , les rémunérations augmentent. "La moitié des agents de catégorie B a vu son salaire net progresser au moins de 9,7% en euros constants entre 2006 et 2010, soit 2,3% par an", note le rapport de la fonction publique de 2012.

Les fonctionnaires peuvent aussi compter sur l’accroissement des primes et indemnités : 6,4% en 2012. Ou sur la garantie individuelle de pouvoir d’achat, instaurée en 2007, qui assure un supplément de salaire en cas de perte de revenu par rapport à l’inflation. Rien qu’en 2011, 74.000 fonctionnaires d’Etat ont reçu, en moyenne, 852 euros. Coût pour le budget : 63 millions d’euros. "Depuis 2007, en euros constants, les agents de l’Etat ont été augmentés de 3%, tandis que les salariés du privé ont perdu près de 1% de leur pouvoir d’achat", conclut Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation Ifrap.

Une flopée de petits plus

Mais le vrai avantage des fonctionnaires reste leur statut. A l’heure où le chômage dépasse les 10%, près de 80% des agents du public sont fonctionnaires à vie. Sauf cas rares, ils ne peuvent pas être licenciés. Sur les 20% restants, la moitié est en CDI, donc protégée des aléas économiques. Certes, au titre de la « solidarité » avec le privé, les agents versent, depuis 1983, une petite cotisation chômage. Mais cette ponction, qui n’excède pas 1% de leur revenu, n’a jamais été revalorisée. Dans le privé, cette cotisation - autour de 2,5% à la charge du salarié est régulièrement augmentée.

Enfin, leur statut offre aux fonctionnaires toute une série de petits bonus, en matière de logement, de mutuelle, de prêts bancaires... Sans oublier le « supplément familial de traitement » : cette prime, accordée dès le premier enfant et cumulable avec les allocations familiales générerait une facture annuelle de plus de 1 milliard d’euros pour l’Etat.

Un système de retraite nettement plus avantageux

Mais le plus grand privilège des fonctionnaires est leur régime de retraite, bien plus généreux que celui du privé. Et pour cause : leur pension est calculée sur les 6 derniers mois de traitement, celle des salariés du privé sur les 25 meilleures années. Alors que les carrières pleines dans le privé se font rares, ce système creuse l’écart. "Les agents du public ont leur pension garantie à 75% de leur dernier salaire en moyenne. Sauf faillite de l’Etat, ils seront toujours payés", précise Pierre-Edouard du Cray de l’association Sauvegarde retraites.

En revanche, dans le privé, rien n’est sûr. Il n’y a qu’à voir du côté des retraites complémentaires, l’Agirc pour les cadres et l’Arrco pour les employés. Pour équilibrer leurs comptes, ces régimes, gérés par les partenaires sociaux, doivent serrer la vis, et, le 13 mars, patronat et syndicats ont désindexé les retraites de 11,5 millions de bénéficiaires de ces caisses. Au moins les fonctionnaires n’ont-ils pas de retraite complémentaire... Injustice réparée depuis 2005 avec une retraite additionnelle, la RAFP, qui leur garantit un complément de revenu - épinglée d’ailleurs par la Cour des comptes pour sa mauvaise gestion. Résultat : à l’arrivée, le montant des retraites du public est bien supérieur à celui du privé. Ainsi, au 31 décembre 2011, les 2,6 millions de retraités du public ont touché une pension moyenne de 1.724 euros par mois. Contre 1.216 euros dans le privé, selon les chiffres 2010 de l’Insee. Près de... 500 euros d’écart.

Des pensions de réversion aux petits oignons

Ce n’est pas tout. Alors que les salariés du secteur marchand prennent leur retraite en moyenne à 62,2 ans, les fonctionnaires partent... avant 59 ans. Pis, les catégories dites « actives », comme les policiers, pompiers, douaniers, aiguilleurs du ciel, peuvent se retirer à partir de 52 ans. Au total, près de un fonctionnaire sur quatre profite de « bonifications d’annuités », c’est-à-dire de trimestres gratuits. Ces avantages tendent à diminuer. Mais les agents, bien informés, savent en profiter à temps. Ainsi, la faculté de partir plus tôt après quinze ans de service et trois enfants, supprimée en 2012, a été utilisée par 154.300 agents en 2011 - 12,6% de plus qu’en 2010.

Autre privilège, encore souligné par l’OCDE dans une récente étude : la pension de réversion. Au décès d’un fonctionnaire, une partie de sa retraite est automatiquement reversée au conjoint. Dans le privé, pour qu’un veuf ou une veuve en bénéficie, il doit avoir au moins 55 ans, et ne pas dépasser un plafond de ressources. Nombreuses, ces inégalités de traitement entre public et privé ont de beaux jours devant elles. Le gouvernement a prévu de réformer à nouveau d’ici à fin 2013 le régime général des retraites dans le privé. Pas celui du public.

Plus de souplesse pour l’absentéisme

Même sur l’absentéisme, le décalage entre public et privé n’est pas près de se réduire. Sous la pression des syndicats, Marylise Lebranchu, ministre de la Fonction publique,a supprimé, en février dernier, le jour de carence des fonctionnaires. Rayant la décision prise en 2011 par le gouvernement Fillon de ne plus payer le premier jour d’arrêt-maladie. Dans le privé, rien n’a changé : avant de percevoir des indemnités de la Sécurité sociale, un salarié attend trois jours. La droite mais aussi des élus de gauche sont montés au créneau contre la ministre, au motif que la suppression sous Fillon de ce jour de carence avait freiné l’absentéisme de confort. De son côté, la Fédération hospitalière de France a noté une diminution de 7% du nombre d’arrêts-maladie.

Les agents de l’Etat abusent-ils vraiment des congés-maladie ? Rien ne permet de l’affirmer. Une étude du ministère du Travail de février 2013 montre que l’absentéisme dans la fonction publique (3,9%) est à peine supérieur à celui des salariés du privé en CDI depuis plus de un an (3,7%). Mais, l’enquête étant basée sur du déclaratif, Denis Monneuse, auteur de L’Absentéisme au travail. De l’analyse à l’action !, recommande d’être prudent sur ses conclusions. Selon lui, l’absentéisme varie surtout selon la catégorie socio- professionnelle : les cadres - de l’administration comme du privé - s’arrêtent moins pour maladie que les employés ou les ouvriers, plus exposés à des conditions de travail pénibles."

 


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