Belle combinaison que l’Europe, comme celle de l’aveugle et du paralytique (fable de Claris de Florian).
Résumons :
Un paralytique -le peuple- à des problèmes pour avancer tout seul.
Un aveugle -les élites-, qui passait par là lui dit : ne t’en fais pas, moi je suis fort, je peux te porter et à nous deux, nous irons ou nous voudrons :
Aidons-nous mutuellement,
la charge des malheurs en sera plus légère ;
...
Voilà, voilà, cela c’était la fable, la promesse, le contrat, l’Europe...
Mais ce que ne dit pas le texte, c’est que pendant quelques temps, le paralytique orienta l’aveugle, évitant quelques pièges en paysage et météo difficiles. Puis, l’horizon s’éclaircit, la progression facilitée...
Et l’aveugle, ce gourmet, sentant les effluves de repas copieux et savoureux fonça là où l’attirait sa panse rebondie prétextant que l’effort méritait de se sustenter de l’énergie ad hoc, sans écouter les avertissements de sa vigie qui se lassait à la longue de recevoir des branches dans la figure et de ne pouvoir agripper au vol les fruits qu’il entrevoyait, une question revenant sans cesse dans son esprit : A quoi je sers ? (n’osant dire à quoi sers-je ? vu que de tissu, il n’en avait plus sur le corps
) et que, grimpé sur les épaules de ce maniaque de la boulimie, il avait à peine accès aux reliefs des orgies. Il ne savait pas que cette pensée était aussi partagée par celui qui le transportait, : L’aveugle, économe de ses forces s’interrogeait : A quoi il sert ? je n’en ai besoin que d’un petit peu, de temps en temps, quand la santé va, tout va .... Enfin, plein de pensées altruistes et partageuses, progressistes quoi...juste l’envie de se libérer d’un fardeau inutile en période de fastes, d’autant qu’il avait rencontré dans son périple d’autres adeptes de l’aveuglement jouisseur profiteur usant du même mode de vision et provenant de moult régions de ce monde, qu’il faudra bien aller gouter un jour juste pour vérifier qu’ils disent la vérité et confirmant qu’il ne servait à rien de voir, pourvu qu’on ait l’ivresse.
Morale de l’histoire : j’ai peur d’être trimballé par des aveugles.