politique, tout en nourrissant l’illusion que le danger peut être conjuré grâce à des pourparlers diplomatiques ou grâce à l’équilibre des forces armées. Or, en fait, le monde est creusé de failles plus profondes, plus larges et plus nombreuses qu’on ne le croit au premier regard, et cet éclatement profond et multiforme est pour nous, sous des formes multiples, un risque de mort. Selon cette vérité ancienne que tout royaume divisé contre lui-même aujourd’hui, notre Terre périra.
Il est universellement admis que l’Ouest montre la voie au monde entier vers le développement économique réussi, même si dans les dernières années il a pu être sérieusement entamé par une inflation chaotique. Et pourtant, beaucoup
d’hommes à l’Ouest ne sont pas satisfaits de la société dans laquelle ils vivent. Ils la méprisent, ou l’accusent de plus être au niveau de maturité requis par l’humanité. Et beaucoup sont amenés à glisser vers le socialisme, ce qui est une tentation fausse et dangereuse. J’espère que personne ici présent ne me
alternative. Non, pour avoir connu un pays où le socialisme a
d’une telle alternative. (...)
Mais si l’on me demandait si, en retour, je pourrais proposer
l’Ouest, en son état actuel, comme modèle pour mon pays, il
me faudrait en toute honnêteté répondre par la négative. Non,
je ne prendrais pas votre société comme modèle pour
la transformation de la mienne. On ne peut nier que les
personnalités s’affaiblissent à l’Ouest, tandis qu’à l’Est elles ne
cessent de devenir plus fermes et plus fortes. Bien sûr, une
société ne peut rester dans des abîmes d’anarchie,comme
c’est le cas dans mon pays. Mais il est tout aussi avilissant pour elle de rester dans un état affadi et sans âme de légalisme, comme c’est le cas de la vôtre. Après avoir souffert pendantdes décennies de violence et d’oppression, l’âme humaine aspire à des choses plus élevées, plus brûlantes, plus pures que celles offertes aujourd’hui par les habitudes d’une société massifiée, forgées par l’invasion révoltante de publicités commerciales, par l’abrutissement télévisuel, et par une musique intolérable.
Tout cela est sensible pour de nombreux observateurs partout sur la planète. Le mode de vie occidental apparaît de
moins en moins comme le modèle directeur. Il est des
symptômes révélateurs par lesquels l’histoire lance des
avertissements à une société menacée ou en péril. De tels
avertissements sont, en l’occurrence, le déclin des arts, ou le
manque de grands hommes d’Etat. Et il arrive parfois que les
signes soient particulièrement concrets et explicites. Le centre
de votre démocratie et de votre culture est-il privé de courant
pendant quelques heures, et voilà que soudainement
des foules de citoyens Américains se livrent au pillage et au
grabuge.C’est que le vernis doit être bien fin, et le système social bien instable et mal en point.
La vraie cause du déclin de l’Occident :
Mais le combat pour notre planète, physique et spirituel, un
combat aux proportions cosmiques, n’est pas pour un
futur lointain ; il a déjà commencé. Les forces du Mal ont commencé leur offensive décisive. Vous sentez déjà la pression qu’elles exercent, et pourtant, vos écrans et vos écrits sont pleins de sourires sur commande et de verres levés. Pourquoi toute cette joie ?
Comment l’Ouest a-t-il pu décliner, de son pas triomphal à
sa débilité présente ? A-t-il connu dans son évolution des points de non-retour qui lui furent fatals, a-t-il perdu son chemin ? Il ne semble pas que cela soit le cas. L’Ouest a continué à avancer d’un pas ferme en adéquation avec ses intentions proclamées pour la société, main dans la main avec un progrès technologique étourdissant. Et tout soudain il s’est trouvé dans son état présent de faiblesse. Cela signifie que l’erreur doit être la racine, à la fondation de la pensée moderne. Je parle de la vision du monde qui a prévalu en Occident à l’époque moderne.Je parle de la vision du monde qui a prévalu en Occident, née à la Renaissance, et dont les développements politiques se sont manifestés à partir des Lumières. Elle est devenue la base de la doctrine sociale et politique et pourrait être appelée l’humanisme rationaliste, ou l’autonomie humaniste : l’autonomie proclamée et pratiquée de l’homme à l’encontre de toute force supérieure à lui. On peut parler aussi d’anthropocentrisme : l’homme est vu au centre de tout. )