Je pense que le livre de
Souvorov a mis le doigt sur quelque chose de crucial ; la
politique à long terme de l’URSS était de mettre la main sur
l’Europe, le pacte germano-soviétique était destinbé à gagner du
temps en répanadnt la guerre à l’Ouest tout en assurant la paix en
Russie. Les soviétiques ont alors préparé leur armée dans une
direction clairement offensive, qui ne laisse guère de doutes sur
leurs intentions. Il ne faut pas de plus oublier que les intentions
de Hitler à long terme vis-à-vis de la Russie étaient connues, et
qu’ils n’allaient pas rester ainsi les bras croisés en attendant.
Quant aux échecs en Finlande, ils s’expliquaient par les conditions
locales et un manque d’adaptation tactique, que les stratèges
soviétiques analysaient afin de ne pas renouveler les mêmes
erreurs.
Néanmoins, je pense que
Souvorov s’emballe un peu quand il affirme que l’assaut soviétique
était planifié pour juillet 1941. Comme le note bourrico6, le
réarmement soviétique était alors seulement en cours, les groupes
d’armée que les soviétiques étaient en train de déployer étaient
encore très incomplets (comme Souvorov le reconnaît d’ailleurs
lui-même). Pour le printemps 1942, ils auraient pu par contre se
permettre tout ce qu’ils voulaient. Il est en plus certain que le
coût du déploiement ne leur permettait guère d’attendre, comme le
fait que la guerre pouvait très bien s’arrêter à l’Ouest, les
laissant gros jean comme devant face à une Allemagne surpuissante.
En fait, on a eu droit à
un jeu de dupes réciproque. Hitler se rendant compte qu’il avait été
joué, et devant se décider à mener une guerre sur deux fronts
qu’il avait pourtant toujours dénoncée comme suicidaire (et encore
n’avait-il perçu que l’attaque à venir sur la Roumanie, le
déploiement progressif de l’Armée Rouge plus ou nord lui ayant
échappé). Tandis que Staline, en raison de l’ampleur innattendue de
la déroute française, a du se résoudre à accélérer son
programme d’armement bien plus vite qu’il ne l’escomptait (mais ce ne
fut pas assez). On sait cependant maintenant que Moscou était en
effet protégée efficacement.
Pour ce qui est de l’aide
états-unienne à l’URSS, elle fut en effet essentielle. Les
nouvelles archives, loin de diminuer cette croyance classique, l’ont
au contraire renforcée. Ainsi, il est maintenant établi que les
offensives soviétiques de 1944 furent grandement facilitées par la
fourniture de camions à plusieurs essieux moteurs, capables de se
déplacer sur des terrains meubles et marécageux, ce qui surprit les
allemands.