Je ne vois pas sur quoi vous
vous basez pour écrire cela. Staline est arrivé au pouvoir sur
l’idée, contestable, que la construction du « socialisme dans un
seul pays » est le moyen de terrasser politiquement, et
économiquement, le capitalisme. Staline table sur une réaction
militaire du capitalisme, c’est pour cela que jusqu’à la fin,
l’URSS, au lieu de satisfaire matériellement sa population,
s’épuisera dans une course à la parité militaire.
Je pense qu’il faut en
finir avec ce mythe de la construction du socialisme dans un seul
pays. Staline, comme tout communiste, était internationaliste et
voulait établir la révolution socialiste dans le monde entier. Sa
volonté de se concentrer sur la consolidation de l’URSS n’obéissait
aucunement à une logique idéologique, mais à une approche
stratégique. Il ne s’agissait pour lui que de gagner du temps afin
de préparer les conditions de l’établissement du communisme
ailleurs. En bref, comme les autres comme Trotsky, mais il avait tiré
les leçons de l’échec des révolutions prolétaires en Europe au
début des années 20.
Son opposition à Trotsky
reposait donc sur une approche pragmatique. Il considérait que
l’approche de ce dernier, vu le contexte socio-politique d’alors,
était vouée à l’échec, et était même dangereuse pour l’URSS. Ce
en quoi il avait entièrement raison. Il ne s’agissait donc que d’une
opposition entre réalisme et idéalisme. La stratégie stalinienne
consistait donc à renforcer l’URSS afin de la doter d’une industrie
et d’une armée puissante pour la guerre à venir, tout en rassurant
les occidentaux en multipliant les gestes de bonne volonté, ainsi la
tentative de régler le contentieux des emprunts russes avec la
France. Bien sûr que Staline savait que les capitalistes
réagiraient, de toute façon ils n’étaient pas complètement dupes,
et la propagande interne soviétique ne manquait pas de faire
allusion à la conquête du monde comme le but ultime. Et l’intention
de Staline n’était certainement pas de provoquer une réaction
militaire du capitalisme dans le but d’avoir une coalition dirigée
contre lui ! Ni d’avoir une Allemagne surpuissante contrôlant
toute l’Europe ! Ce qui là aurait signifié une URSS isolée et
obligée de se recroqueviller défensivement sur elle-même. Il lui
fallait affaiblir les « capitalistes » (guillemets car
les fascistes n’étaient pas capitalistes) afin de pouvoir régner
ensuite sur les ruines, ce qui parraissait, et parraît toujours,
être en effet la seule stratégie viable pour parvenir à ses buts.