Christian,
Pour le coup, je vous trouve un peu sophiste dans votre dernière réponse, car vous balayez mes arguments, mais en les amputant un peu au préalable, et d’autre part, vous ne vous embarrassez pas de beaucoup de précision dans la pesée comparative des mœurs du christianisme et de l’islam :
Et là, je dois dire que vous m’avez un peu déçu : Vous parlez exactement comme des milliers d’intellectuels matérialistes français contemporains, qui prétendent juger impartialement en renvoyant dos à dos les deux religions : Comment se fait-il qu’une fois de plus, une intelligence par ailleurs manifestement brillante, et je le dis sans flatterie, devienne soudain si grossière quand il s’agit de cette question ? Mystère du temps présent...
Car prétendre qu’en matière de cruauté ou d’injustice, le christianisme et l’islam ont eu une histoire équivalente, tant l’un envers l’autre que dans le gouvernement de leurs propres peuples, c’est franchement se moquer. Mais il n’est pire sourd que celui qui refuse d’entendre, et le mieux est donc pour moi de me taire pour l’instant sur ce sujet...
S’agissant du paradoxe, vous le ramenez toujours à l’illusion que donne une apparence, et à laquelle l’intelligence trouve ensuite une explication, après avoir acquis la connaissance nécessaire.
Je comprends cela très bien, ayant moi-même, par exemple, expliqué à mes enfants, vers l’âge de dix ans, par une belle nuit d’été et de pleine lune constellée d’étoiles, que pour notre œil, le plus gros luminaire de ce beau ciel nocturne, et de très loin, c’est la lune, alors que le plus petit de ces luminaires, en réalité, et de très loin, c’est encore la lune, et qu’ainsi notre œil peut nous tromper...
Mais ce n’est pas de ce genre de paradoxes que je voulais parler : Il existe, en effet, des paradoxes réellement insolubles pour la raison, qui sont des vérités irrationnelles montrant que la raison, contrairement à ce que semble être sa mission, ne peut répondre de l’intégralité des réalités universelles : j’en ai énoncés, et vous ne les avez pas réfutés.
Prenons-en un autre : Comment se fait-il, par exemple, qu’en mathématiques, on puisse établir une bijection de [0,1] dans R ? Cela vous semble-t-il logique, sachant que pour qu’il y ait bijection, il faut que les 2 ensembles aient le même cardinal ? Comment se fait-il que [0,1] et R aient le même cardinal, alors que [0,1] est entièrement inclus dans R et que celui-ci comporte une infinité d’autres éléments ? Ce paradoxe-là, je peux le décrire, mais je ne peux pas le concevoir, tout comme je ne peux concevoir ni le néant, ni l’infini : Il me semble que ces notions sont au-delà de la raison.
C’est pourquoi je crois que, contrairement à vos dénégations, vous êtes matérialiste, car vous vous en tenez strictement aux observations objectives de la raison, et vous refusez de voir ces choses qui existent et dont notre intelligence rationnelle doit convenir qu’elle ne pourra jamais les appréhender : Il me semble que vous êtes bien sous le mythe du progrès, en vertu duquel vous pensez que si quelque chose échappe à notre raison, c’est que nous n’en avons pas encore la clef, mais que nous finirons bien par la trouver.
C’est là que nous divergeons, car j’affirme qu’il y a une réalité qui échappe à nos sens et qui est pourtant tout aussi réelle que la réalité sensible, et que cette réalité suprasensible peut se manifester accidentellement. Cette manifestation prend forme à travers les sens par une imitation de la réalité matérielle : un son, une voix, une vision, perçus intérieurement par un sujet humain, mais venant clairement de l’extérieur du sujet : Telle est l’extase de saint Jean recevant l’apocalypse de Jésus-Christ, ou tel est le daimôn de Socrate.
Je sais que vous ne l’admettrez pas, car vous savez, mais je le sais aussi, que chacun de nous est capable, de par sa propre imagination, d’engendrer mentalement en lui-même de tels sons ou de telles visions pouvant simuler une présence étrangère.
Mais quand la présence est réellement étrangère, alors le sujet le sait, sans aucun doute possible : Malheureusement, ce savoir-là est incommunicable, si bien que lorsqu’il raconte son expérience, nul n’est tenu de le croire.
Il y a cependant le cas des EMI/NDE (Expérience de Mort Imminente/Near-death-experience), dont j’ai déjà parlé, qui peut fournir aux tiers la preuve de l’existence d’un esprit immatériel pouvant se mouvoir dans l’univers réel : Un homme, sorti de son corps sous l’effet du coma, avait par exemple été lire l’étiquette métallique rivée sous la table où l’opérait son chirurgien : Il lui décrivit ensuite le nom et le lieu de l’usine qui avait fabriqué cette table, et l’endroit précis de la table contenant ces informations. Le chirurgien fut bouleversé de constater que l’étiquette était bien là où l’avait dit son patient, et qu’elle contenait exactement les informations qu’il en avait rapportées, sachant qu’il était impossible que ce patient eût jamais pénétré dans cette salle en dehors de son coma.
Mais je crois savoir, cher Christian, qu’entendre ce type d’anecdote vous irrite au plus haut point, ou est-ce que je me trompe ?