Jean,
Quand je verrai un cadavre puant, rongé par les vers, tel celui de Lazare dans les Evangiles, sortir de son cercueil pour me raconter ce qu’il vient de voir dans l’autre monde, je commencerai peut-être à me poser quelques questions. Les gens qui croient avoir fait l’expérience de la mort dans les hôpitaux n’étaient tout simplement pas plus morts que ces organes qu’on prélève sur des individus dont le coeur a cessé de battre et dont l’électro-encéphalogramme est plat depuis un certain temps. Critères de la mort par ailleurs très insuffisants : on a en vu assez récemment revenir à la conscience après des mois de « coma dépassé ». Mais ils ne puaient pas, on ne voyait pas encore les articulations grouillantes d’asticots saillir hors de la peau crevée.
Quant à Lazare ressuscité d’entre les morts, on manque d’observations cliniques suffisamment précises, vous en conviendrez, et je ne sache pas qu’il soit encore de ce monde, le pauvre bougre. Mourir une fois, c’est déjà bien suffisamment atroce. Recevoir de Dieu cette grâce particulière qui consisterait à devoir mourir encore une autre fois, ce n’est certes pas un cadeau, ça relèverait plutôt du pur sadisme. Vous gagneriez à relire ce que Spinoza écrit des miracles dans son « Traité théologico-politique » : le miracle, c’est le bricolage d’un Dieu créateur des lois de la nature obligé de se rendre compte à un moment donné que ces lois n’ont pas correctement fonctionné. Tel est mort ou s’est retrouvé paralysé, qui n’aurait pas dû mourir ou devenir grabataire. Dieu s’est planté, et il s’en rend très bien compte, comme un écolier qui doit recourir au miracle de la gomme ou du tipex. Pas brillant pour un dieu tout-puissant et parfait !
Je passe sur le reste et je jette l’éponge : quand on a affaire à quelqu’un qui sort un dieu de son sac comme d’autres une kalachnikov et voudrait vous induire, tel Pascal, à tomber à genoux et à vous « abêtir », il n’y a pas de dialogue possible. Vous paraissez avez opté pour les génuflexions et la soumission à toutes les fantasmagories d’un imaginaire archaïque. Islam veut dire soumission. Allah, qui sait toujours reconnaître les siens saura bien, le moment venu, vous rendre justice. A vous les ruisseaux et les fleurs - et les septante-deux vierges in paradisum !