Christian
(suite 3)
Un peu à la manière de Todd le jeune, vous voulez me rassurer en me
faisant imaginer un avenir où l’obscurantisme est vaincu par la science et le
développement économique. Mais cet optimisme matérialiste est pour moi une
composante du terrible économisme, désormais mondialisé, et ça me rend encore plus pessimiste. Votre
opposition à l’écologie ne fait qu’élargir l’espace qui nous sépare.
J’ai publié ça sur Agoravox tout de suite après la défaite électorale du PS aux Municipales :
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/pour-le-socialisme-150555
Quoi qu’il en soit je reproduis tout de même comme prévu le début de mon petit essai de mars 2000, Désacraliser la violence religieuse.
Je reste convaincu que les textes publiés dans son numéro thématique La religion à quoi bon ? par la petite revue de philosophie qui refusa le mien étaient plus éloignés du sujet que celui-ci.
Par ailleurs je n’ai toujours pas compris pourquoi la revue dirigée par Marcel Gauchet ne m’envoya pas même un accusé de réception quand je le lui ai proposé par la suite.
Extrait (début de l’essai de mars 2000) :
Désacraliser la violence religieuse
"L’histoire n’est pas un dieu extérieur, une raison cachée dont nous n’aurions qu’à enregister les conclusions : c’est ce fait métaphysique que la même vie, la nôtre, se joue en nous et hors de nous, dans notre présent et dans notre passé, que le monde est un système à plusieurs entrées ou, comme on voudra dire, que nous avons des semblables"
(Maurice Merleau-Ponty, à propos de Max Weber dans La crise de l’entendement, 1955)
Les deux violences religieuses
Après la sortie de la religion (1) qu’est-ce qui doit changer pour que la religion puisse aider à réenchanter le monde (2) ? Dans ce monde où l’on continue de tuer au nom de Dieu, la réponse me paraît évidente : l’attitude envers les textes sacrés qui appellent au meurtre, qui prônent ou justifient la violence.
Il faut distinguer la violence exercée par Dieu lui-même dans le monde abstrait ou à venir, par exemple lors du Jugement dernier, pour punir l’homme qui se conduit mal, et la violence nous concernant très directement, celle que Dieu ordonne à l’homme d’exercer. La violence qu’exerce ou exercera Dieu est présentée comme une réalité et justifiée par les trois premières religions abrahamiques, mais aussi par le bahaïsme, qui a pourtant apporté un progrès considérable contre la violence religieuse exercée par les hommes. C’est son prophète, en effet, qui a annoncé comme première bonne nouvelle de son « évangile » (3) le fait que la guerre sainte est effacée du Livre. Jusqu’à présent cependant il faut bien constater que cette heureuse innovation a plus engendré de victimes dans la communauté bahaïe, notamment dans les pays islamiques, que de sagesse dans les trois autres religions.
Il me paraît indispensable de réfléchir surtout à la pérennisation, parmi les violences religieuses, de celle qui est considérée comme étant commise par les hommes sur ordre de Dieu. Celle-ci est hélas, ici et maintenant, toujours bien concrète.
Dans son livre La religion dans la démocratie (4) Marcel Gauchet me paraît trop optimiste quand il écrit : Nul parmi nous ne peut plus se concevoir, en tant que citoyen, commandé par l’au-delà. La Cité de l’homme est l’oeuvre de l’homme, à tel point que c’est impiété, désormais, aux yeux du croyant le plus zélé de nos contrées, que de mêler l’idée de Dieu à l’ordre qui nous lie et aux désordres qui nous divisent...
L’agnostique citoyen du monde que je suis fera remarquer que la terre entière est désormais « notre contrée », que c’est là qu’il faut étudier le « parcours de la laïcité » (sous-titre du livre) et que certains de ceux qui, comme en Algérie, en Afghanistan ou en Iran, "mêlent l’idée de Dieu aux désordres qui nous divisent« tuent »parmi nous" très fréquemment .../...
(1) Dans son livre Le désenchantement du monde (éd. Gallimard 1985) Marcel Gauchet, qui reproduit dans son titre une expression de Max Weber, précise qu’il ne faut pas interpréter ce qu’il appelle la sortie de la religion comme une disparition de la religion : On peut concevoir, à la limite, une société qui ne comprendrait que des croyants et qui n’en serait pas moins une sociéte d’au-delà de la religion...
(2) L’expression est employée, à propos du judaïsme libertaire en Europe centrale, par Michael Löwy dans le livre qu’il consacre à ce courant : Rédemption et Utopie (PUF 1988)
(3) Le Kitab-I-Aqdas (Le Plus saint livre) éd. Bahaïes, Bruxelles 1996. Sur la foi bahaïe voir Le Monde Diplomatique de juillet 99 ou Manière de voir n°48 : La foi bahaïe contre les fanatismes par William Hatcher, ou Les Bahà’is par Christian Cannuyer (éd. Brépols 1987), ou La foi bahà’ie en quelques mots par Pierre Spierckel (éd. L’Harmattan 2000)
(4) éd. Gallimard 1988.
Pas question pour moi, Christian, d’être patient face à la réanimation actuelle de la violence religieuse par l’islam, lequel élargit chaque jour le territoire de ses conquêtes.
Il faut amener nos meilleurs philosophes à s’engager dans le combat pour la reconquête de la raison pacifiante.
Pierre Régnier
(résolument islamophobe)
16/06 16:33 - Pierre Régnier
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15/06 23:07 - Christian Labrune
Pierre, L’ignorance a beaucoup progressé en France depuis que les socialistes ont (...)
15/06 18:58 - Pierre Régnier
Christian (suite 2) Vous confirmez dans votre récent commentaire ce que j’avais cru (...)
15/06 16:43 - Christian Labrune
Pierre, Je viens de lire votre article. Etant athée autant qu’on peut l’être, je ne (...)
15/06 12:21 - Pierre Régnier
@ Christian Labrune (suite 1) Compte tenu de votre présent message, je vais renvoyer à plus (...)
14/06 23:02 - Christian Labrune
@Pierre Régnier C’est précisément parce que vous êtes solidaire des engagements de (...)
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