@ Armelle

Pas du tout, tout ce que vous dites se résume par un mot : prosternation devant le dieu Marché. C’est ce qu’il y a derrière les mots ’travail’, ’contrat’, etc. Ce que vous déplorez, c’est l’entrave faite au Marché, l’affront fait à la divinité que vous adorez.

Intuitivement, vous mettez sur le même plan la souffrance humaine (ces gens sacrifiés qui, désespérés, vont dans des cas extrêmes jusqu’à s’immoler) et la liberté du marché. En un mot, vous niez la souffrance humaine. Et donc l’invocation de l’empathie est fort mal venue mais ne doit rien au hasard.

Puisque vous êtes versé comme je le suis en psychologie, vous devez avoir déterminé que votre obéissance aveugle au dieu Marché n’est rien d’autre que votre rapport propre, celui individuel au surmoi, cette jolie petite figure qui prend des traits bizarres, tantôt papa, maman, la Société à grand S, en un mot l’Autorité que vous avez connu au plus jeune âge, avant toute rationalisation. Vous savez aussi qu’ensuite tout n’est que reproduction, petit jeu joué-rejoué sans fin, tour de manège bien ennuyeux à la longue. (Je suis de l’autre bord, évidemment, celui de la Nature, fière, libre, indomptable,qui refuse d’être circonscrite pour ne pas dire châtrer ou circoncire. C’est que je m’ennuie vite ; ce même paysage toujours...)

De quelque façon que vous déguisiez la chose, on retombera toujours sur votre ’moi’, l’égoïsme ; c’est normal, ce n’est rien d’autre que le vouloir vivre. Et chaque fois que vous palpez quelques euros, ce que vous appelez réussite, ce qui sonne dans votre tête c’est ’oh, MON dieu, comme j’ai réussi, comme j’ai bien obéi’. D’où votre foi dans le ’panpan cucul’ [principe de châtiment/récompense lié principe du plaisir/déplaisir] comme doctrine universelle.

Et ça c’est de l’empathie, qui n’a rien à voir avec l’apitoiement. La grève est un désagrément, cela vous cause des chatouillis intimes ? Vos parents auraient dû expliquer à l’enfant-roi que vous êtes que la Volonté de puissance se heurte constamment au principe de réalité.

Oui, ce n’est pas votre jour.