Comme le Réseau Voltaire
l’annonçait dès le 11 juin, les djihadistes, armés par l’OTAN entre parenthèses, ne sont nullement ici une Créature échappée mais servent au contraire les intérêts de Washington, qui se désolait de voir l’Irak, à majorité chiite, se rapprocher de l’Iran et donc du Triangle Chiite cher à Bassan Tahhan. Comme le
souligne Bassan Tahhan, l’erreur des États-Unis en Irak a été d’instaurer une démocratie. Dès lors, sa population en majorité chiite annonçait l’évolution actuelle. La non intervention de l’OTAN présage donc, non pas de la paix comme votre article le pense naïvement, mais du chaos (encore !) en Irak entre les deux confessions, manipulées par les deux parties. La preuve en est que les États-Unis, prétextant soudain des pudeurs de jeune fille, n’interviennent pas. Par comparaison, on se rappellera du cas du Mali, où la Créature s’était effectivement échappée et où la France avait réagi immédiatement.
Quelle surprise aussi de lire dans votre article que l’opposition entre sunnites et chiite serait
« en grande partie responsable de la longueur du conflit en Syrie ». Qu’on se le dise une bonne fois pour toutes :
il n’y a pas de guerres religieuses. Il y a des guerres pour les
intérêts, que les agresseurs camouflent en autre chose (guerre de religion, d’idéologie, raciale, droits-de-l’hommiste, etc.) afin d’inverser les rôles et d’apparaître comme le bon samaritain. C’est particulièrement criant en Syrie où tout le monde sait, sauf vous ?, que les djihadistes sont soutenus
par les pays du Golfe, fidèles alliés de l’OTAN, pour des raisons stratégiques liées à l’énergie. Les fournisseurs et les consommateurs d’hydrocarbures se mettent d’accord pour détruire un pays qui leur résiste et situé sur le chemin
d’un futur gazoduc.
Curieux également de lire dans votre article que l’Ukraine marque une
« stratégie de repli » de la part de l’OTAN, alors que l’on parle d’une offensive. D’une part, la situation là-bas empire de jour en jour, preuve que l’OTAN ne renonce pas et qu’un scénario à la syrienne est possible, c’es-à-dire la destruction du pays de l’intérieur grâce à la manipulation de combattants fanatiques (en l’occurrence néo-nazis) encadrés par des mercenaires. Ce qui retarde cependant l’OTAN, c’est l’habilité de la réponse russe et la résistance de la population ukrainienne russophone, il est vrai particulièrement
menacée (et méprisée) par le nouveau pouvoir putschiste.
Votre article est décevant sur toute la ligne et il n’est dès lors pas surprenant d’y retrouver Jean-Pierre Filiu, dont le manque de clairvoyance n’est plus à démontrer, notamment
sur la Syrie. Étonnant aussi que votre article soit plussé alors que le lectorat d’AgoraVox est d’ordinaire très au fait des propagandes de guerre et goûte peu les analyses naïves.