Rounga
Vous n’êtes pas bien loin des dernières formules du Cantique des Créatures de François d’Assise : « Loué sois-tu, Seigneur, pour notre soeur la Mort corporelle, à qui nul vivant n’échappe... »
On ne saurait vous le reprocher. Considérer lucidement sa finitude, quelque sinistre que puisse être la tonalité de la méditation qui en résulte, ça vaut toujours mieux que de jouer les autruches et d’imaginer qu’on résoudra le problème, le moment venu, par une anesthésie médicale effectuée dans les règles de l’art, au moyen d’une petite seringue maniée par des mains expertes - et parfaitement aseptisée ! Principe de précaution : avec les maladies nosocomiales, ça vaut quand même mieux, on ne sait jamais !
J’ai moins de sympathie que vous pour la camarde et les arrangements que les religions ont cru pouvoir nous ménager avec cette saloperie. Je trouve plus « digne » (un mot très à l’ordre du jour !), et plus idoine, l’attitude de tel personnage du « Septième sceau » de Bergman, lequel refuse de s’en accommoder et, dès la nuit tombée s’assoit devant un échiquier pour reprendre sa partie avec la Mort, même s’il sait bien qu’à la fin le mat est inévitable et qu’il n’y coupera pas.
Nietzsche prétend quelque part : « On peut mourir d’être immortel ». Je ne suis pas du tout de cet avis, et l’éternité, même si elle dure très longtemps « et surtout vers la fin », comme disait un humoriste, ne m’inquièterait pas le moins du monde. Mort à la mort ! Et vive le transhumanisme !
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