Bonsoir cher « Human iste »
Puisque vous avez pris la peine de me répondre en détails, je vais donc faire de même. Ce que je vais formuler ici ne sera que la répétition des (nombreux) échanges que j’ai eus avec les commentateurs de mon propre article.
Mais d’ abord permettez-moi de vous faire remarquer que votre pseudo vous va à ravir. N’y voyez là aucune ironie de ma part, mais, à vous lire, j’ai vraiment l’impression que vous croyez « aux hommes », (donc à la loi du « plus grand nombre »). C’est un point fondamental qui, à mon avis, devrait vous éclairer sur ma réticence envers la Démocratie.
Sachez que pour ma part, je me reconnais tout à fait dans les griefs que Platon, via Socrate, formulait envers cette Démocratie Athénienne. Je vous invite à relire La République de Platon et je pense que vous conviendrez avec moi que sa passion envers la Démocratie n’était pas spécialement débordante...
Autrement vous continuez à me prêter de la malhonnêteté intellectuelle dans le fait que je puisse trouver une analogie entre la Démocratie athénienne et notre régime représentatif actuel ? Traitez-moi de Michéa si vous le voulez (ce que j’accepte avec grand plaisir

) mais accordez-moi, s’il vous plaît, le bénéfice d’avoir de réelles convictions, fussent-elles complètement erronées à vos yeux.
Maintenant, laissez-moi vous expliquer en quoi ces analogies me semblent évidentes. Je vous remets ici en exergue l’extrait de La République que j’ai mis dans mon article :
« Mais n’est-ce pas le désir insatiable de ce que la démocratie regarde comme son bien qui perd cette dernière ? I.e., la liberté ? En effet, dans une cité démocratique, tu entendras dire que c’est le plus beau de tous les biens, ce pourquoi un homme né libre ne saurait habiter ailleurs que dans cette cité. (…) Lorsqu’une cité démocratique, altérée de liberté, trouve dans ses chefs de mauvais échansons, elle s’enivre de ce vin pur au-delà de toute décence ; alors, si ceux qui la gouvernent ne se montrent pas tout à fait dociles et ne lui font pas large mesure de liberté, elle les châtie, les accusant d’être des criminels et des oligarques. Et ceux qui obéissent aux magistrats, elle les bafoue et les traite d’hommes serviles et sans caractère. Par contre, elle loue et honore, dans le privé comme en public, les gouvernants qui ont l’air d’être gouvernés et les gouvernés qui prennent l’air d’être gouvernants. N’est-il pas inévitable que dans une pareille cité l’esprit de liberté s’étende à tout ? Qu’il pénètre dans l’intérieur des familles, et qu’à la fin, l’anarchie gagne jusqu’aux animaux ? Que le père s’accoutume à traiter son fils comme son égal et à redouter ses enfants, que le fils s’égale à son père et n’a ni respect ni crainte pour ses parents, parce qu’il veut être libre, que le métèque devient l’égal du citoyen, le citoyen du métèque, et l’étranger pareillement. (…)Or, vois-tu le résultat de tous ces abus accumulés ? Conçois-tu bien qu’ils rendent l’âme des citoyens tellement ombrageuse qu’à la moindre apparence de contrainte ceux-ci s’indignent et se révoltent ? Et ils en viennent à la fin, tu le sais, à ne plus s’inquiéter des lois écrites, afin de n’avoir absolument aucun maître. Eh bien ! c’est ce gouvernement si beau et si juvénile qui donne naissance à la tyrannie. (…) Ainsi, l’excès de liberté doit aboutir à un excès de servitude, et dans l’individu, et dans l’Etat. »
Donc, si on analyse cet extrait de Platon, que constate-t-on :
- Une critique de la liberté individuelle considérée comme le bien le plus précieux. Tout comme au sein de notre société actuelle
- Une perte de crédibilité complète des « gouvernants » comme actuellement
- Une inversion des valeurs traditionnelles avec la consécration de « l’enfant-roi », tout comme aujourd’hui
- Une critique du « métèque » devenant « l’égal » du citoyen. Ceci transposé en langage courant revient à évoquer une ’immigration massive et incontrôlée’ ce qui ressemble furieusement à notre situation actuelle
- Enfin, et pour résumer tous ces points, Platon évoque le danger de l’individualisme inhérent à la Démocratie. Individualisme qui finit par aboutir à une véritable tyrannie in fine. Estimez-vous, cher Human Iste, que notre société actuelle ne ressemble aucunement à ce qui ressemble tout de même un peu à de l’individualisme ?
Voilà donc si je m’appuie sur Platon (qui n’est tout de même pas ’n’importe qui’, j’espère que nous serons au-moins d’accord là-dessus), vous conviendrez avec moi que j’ai toutes les bonnes raisons de percevoir beaucoup d’analogies entre la Démocratie athénienne et notre « merveilleux » régime actuel...