Plaidoyers pour la démocratie
Je marque une pause dans la chronique de mon "éveil citoyen" avec ce billet sur la démocratie. L’épisode 4 s’achevait par la découverte d’Etienne Chouard et, avec lui, le vrai sens du mot démocratie.
« La démocratie on ne peut la penser et la faire que collectivement. » […] « La politique est affaire de Doxa, c’est-à-dire d’opinions qui se confrontent. » […] « [Le projet démocratique est inachevable] On ne peut pas « achever » la démocratie. On n’aura jamais une démocratie parfaite, une démocratie complète, une démocratie terminée. On sera toujours dans quelque chose d’en train de se faire. » Ces affirmations sont issues d’une conférence d’Antoine Chollet :
Ce billet sera cloisonné en trois plaidoyers.
1) Premier plaidoyer - pour les sceptiques et les désinformés.
Une majorité de français est critique sur le fonctionnement de nos institutions et partage le sentiment d’une impuissance populaire. (Cf ce sondage de TNS - Sofres : http://www.tns-sofres.com///sites/default/files/2014.06.16-cndp.pdf). Cette majorité est aux premières marches du cheminement d’Etienne Chouard* lorsqu’il s’efforce de rechercher la cause des causes.
*Etienne Chouard situe son éveil politique le 29 mai 2005 lorsque les français votent « non » au traité constitutionnel européen malgré une pression politique et médiatique en faveur du « oui ». Pourtant, cette voix populaire et eurosceptique, réputée souveraine dans une démocratie, n’entravera aucunement la construction ultralibérale de l’Union Européenne. Dès lors, Etienne entamera une vaste réflexion sur la démocratie et le système politique français. Pour conduire sa réflexion, il s’appuiera sur un commandement d’Hérodote qui préconise de « rechercher la cause des causes ». Cette méthode l’amène à développer le schéma suivant (les annotations supplémentaires apportées au dessin originel sont en noir et les phrases originelles sont en bleu) :
Les individus conscients des injustices sociales et de leur impuissance populaire doivent s’intéresser au cheminement logique schématisé ci-dessus. Nous avons le devoir social de critiquer ou d’adhérer à ce raisonnement, seule notre indifférence devrait nous culpabiliser.
Ceux d’entre vous qui témoignent de l’indifférence pour cette problématique politique centrale sont sujets à une déformation infligée par l’idéologie dominante : un individualisme hypertrophié.
Néanmoins, je ne crois pas que les personnes sujettes à un individualisme hypertrophié consultent les articles agoravox et c’est à ce titre que je vous invite à réagir car « la démocratie, on ne peut la penser et la faire que collectivement. »
2) Second plaidoyer – pour les gentils virus et les néophytes.
Dans le sillage d’Etienne Chouard, Cornelius Castoriadis et beaucoup d’autres, certains ont choisi de propager le message de la démocratie. (Cf : http://www.le-message.org/)
Ils se sont baptisés les « gentils virus » en référence à l’image que prenait Etienne Chouard : celle d’une idée si forte qu’elle contamine le système jusqu’à l’anéantir.
Je suis l’un de ces virus. Comme eux, je « viralise » à l’occasion d’un covoiturage, d’un diner en famille, d’une séance de sport ou d’une soirée entre amis... J’amène discrètement le sujet de la démocratie au détour d’une brèche politique. Je place les arguments d’Antoine Chollet, les accroches d’Etienne Chouard... Je recommande les livres de David Van Reybrouck ou Bernard Manin. Le plus souvent, les résultats de ces discussions sont dérisoires. (Il faudrait être naïf pour espérer briser toute une vie de conditionnement après une seule conversation...)
Peu importe, on m’a servi du mensonge pendant si longtemps qu’aujourd’hui je ne peux m’empêcher de vomir la vérité.
Pour moi comme pour la plupart de ces virus, le clivage politique actuel n’a presque plus de sens, uniquement une vague signification sociologique. L’un des phénomènes les plus intéressants sur les réseaux sociaux, ce sont les débats sur la démocratie ; certains plus « radicaux » défendent la démocratie directe et d’autres plus « modérés » envisagent la démocratie comme un système éternellement perfectible dont les ingrédients (référendum d’initiative populaire, tirage au sort, mandats limités…) doivent être dosés : de la cuisine politique.
Ces interactions aboutissent à des résultats plus qu’intéressants : http://wiki.gentilsvirus.org/index.php/Constitution_Wiki_Etienne_Chouard
Comme beaucoup de virus, je me suis abstenu de voter aux élections municipales… Je pensais également m’abstenir aux élections européennes. Mais non.
Dans l’un des groupes de discussion facebook des Gentils Virus est apparu ce clip : http://www.youtube.com/watch?v=MfluLKUUjhg
Bientôt, le mouvement Démocratie Réelle fut soutenu par Etienne Chouard et d’autres virus dont la logique était la suivante : « Nous sommes dépouillés de presque tous nos pouvoirs politiques : n’est-il pas idiot de sacrifier l’ultime relique de ce pouvoir qu’est l’élection ? En nous abstenant, nous faisons cadeau de notre ridicule pouvoir au reste de la classe politique. Pourquoi ne pas voter pour un mouvement politique dont le fonctionnement et la finalité sont réellement démocratique ? »
C’est ainsi que mon activité de virus, et celle de beaucoup d’autres, devint réellement politique en partageant largement les vidéos de démocratie réelle :
Partie 1 : http://www.dailymotion.com/playlist/x35xzv_le4emesinge_interview-democratie-reelle/1#video=x1qnfl8
La phase d’incubation était terminée et la maladie démocratique devait faire monter la température du corps politique.
C’est l’objet de mon second plaidoyer, il invite les démocrates néophytes et les gentils virus à s’investir dans le très jeune mouvement Démocratie Réelle. L’objectif essentiel de DR (Démocratie Réelle) est d'informer, le plus largement possible, sur ce qu’est réellement la démocratie. Pour contaminer les esprits et les aspirations politiques, tous les moyens sont bons comme ce formidable exemple d’attentat démocratique :
http://www.youtube.com/watch?v=zjq4y6115sg&list=UUyZYClEbzAAx2IQuDIZSYWw
Ce court métrage a été diffusé en soirée, par un rétroprojecteur, sur une toile blanche, dans un quartier fréquenté par les jeunes.
En réalité, l’unique différence entre un gentil virus et un soutien de DR, c’est que ce dernier souhaite également user du système politique en place pour diffuser l’idée démocratique. Le soutien de DR, en usant du système politique, vise le moyen de diffusion le plus large : la tribune médiatique qui est légalement accessible aux candidats politiques.
Ici, vous avez le devoir politique de critiquer ou d’adhérer à ce raisonnement.
Si vous êtes réellement sensibles à l’idée démocratique, je ne peux pas croire en votre indifférence.
3) Troisième plaidoyer – pour les membres et soutiens de DR.
Le très jeune mouvement Démocratie Réelle est né peu de temps avant les élections européennes. Son objectif est de réaffirmer des principes démocratiques :
- Égalité politique
- Participation de tous les citoyens au pouvoir
- Liberté de parole, esprit critique et débats citoyens
- Souveraineté de l'assemblée populaire
- Tirage au sort comme méthode de désignation centrale
- Rotation des charges
- Mandats impératifs, courts, non renouvelables et non cumulables
- Reddition des comptes
- Contrôles citoyens du pouvoir
- Principe de subsidiarité
Ce mouvement n’a presque pas de structure interne (puisque très horizontal) et, à l’image d’une démocratie, il est très décentralisé. Une charte est en train d’apparaître (laborieusement – mais après tout, l’amateurisme politique va avec la démocratie !) même si elle n’en est qu’à ses balbutiements : http://ggouv.fr/wiki/group/109054/page/136364/Proposition-d%27organisation
Ici, l’objet du plaidoyer est assez vaste mais il peut se scinder en deux grandes parties :
- Une perspective critique sur la structure de Démocratie Réelle :
Les débats qui ont encadré la charte souhaitent laisser une grande marge de manœuvre aux initiatives locales. Néanmoins, je pense que partager un nom et un logo, c’est aussi partager une « image » dans son sens le plus large, c’est-à-dire une cohésion et une cohérence.
Par exemple, si "Démocratie Réelle Île-de-France " :
- décide de diffuser son message en taguant les bâtiments ;
- s’engage par un mandat impératif à œuvrer sur des sujets de fond (comme les pistes cyclable sur tout Paris intramuros…– même si je n’ai rien contre les pistes cyclables.) ;
- organise son financement en se soumettant à tel ou tel groupe d’intérêt particulier ou que les représentant en charge commettent des malversions suite à un manque de transparence…
Ces cas seront, à terme, préjudiciables à l’ensemble du mouvement Démocratie Réelle.
Pour ces raisons, dans l’intérêt du mouvement et de son message, il me semble préférable de penser les normes générales qui permettront de garantir la cohésion, la cohérence, l’intégrité et la transparence de notre mouvement au niveau national.
Par ailleurs, dans le cas ou un représentant démocratie réel serait élu (député ou dans un conseil municipal), je ne pense pas que la démission de ce dernier serait le meilleur des choix. (Cf article 4 : « En cas de victoire aux élections, les candidats Démocratie Réelle s'engagent, s'ils en ont le pouvoir, à lancer un référendum sur le processus constituant décrit dans le COMMUNIQUÉ Démocratie Réelle, sinon à démissionner suite à une conférence de presse dans laquelle le COMMUNIQUÉ Démocratie Réelle sera lu publiquement. »)
De mon point de vue, il serait préférable d’intervenir sur ce « représentant » comme sur un organe de pouvoir avec des référendums sur les décisions (après débats). Pour ne reprendre qu’une troisième fois les propos d’Antoine Chollet :
« On ne peut pas faire de « théorie de la démocratie », le terme de « théorie » vient du grecque (comme beaucoup de terme de philosophie politique) et signifie la « contemplation ». Donc théoria, c’est contempler quelque chose de personnel. On ne peut pas contempler la démocratie de l’extérieur et penser y comprendre quelque chose. On peut comprendre quelque chose de la démocratie que si l’on est à l’intérieur de la démocratie, c’est-à-dire à coté d’autres personnes qui ont une action, une pensée démocratique en même temps, c’est-à-dire que : La démocratie on ne peut la penser et la faire que collectivement. »
Ainsi, le meilleur moyen de promouvoir la « Démocratie Réelle » est, selon moi, d’orchestrer la mise en œuvre d’un mécanisme démocratique. A ce titre, le mandat impératif donné à un élu (soumis au référendum perpétuel des individus qu’il représente*) est préférable à sa démission car ce mandat met en scène et cultive l’expression démocratique.
*C’est ce qu’a mis en place Beppe Grillo pour ses représentants.
- Les présidentielles de 2017 :
L’élection présidentielle est un suffrage universel direct. Bien qu’antidémocratique par excellence, il est également le scrutin disposant de la plus grosse tribune médiatique et de l’intérêt populaire le plus marqué. Cependant, les conditions d’accès à ce scrutin relèvent du parcours du combattant. [500 signatures de maires, cela est possible – Jacques Cheminade l’a fait. – mais il faut se lever tôt !]
Ainsi, si ce suffrage devient l’une de nos ambitions, nous devons songer à nous organiser dès maintenant.
Or, pour un scrutin centralisé, notre organisation devra nécessairement, au moins partiellement, être centralisée. Selon moi, cette centralisation est nécessaire pour :
-
La désignation du représentant Démocratie Réelle.
- Quelle sera sa désignation ? Un tirage au sort ? Personnellement je serais favorable à un mix : tirage au sort (10 ou 20 personnes) + élection selon divers critères (éloquence, constance, répartie, autres…)
-
La définition du programme Démocratie Réelle.
- Une assemblée constituante tirée au sort ? Plusieurs ? Combien ? Leurs constitutions seront-elles fusionnées ? Si oui, comment le seront-elles ?
- Sous quels délais les assemblées constituantes seront mises en place ? Y aura-t-il un débat public préalable ? Selon quelles modalités ? Les médias mainstream seront-ils réquisitionnés à cette occasion ?
- La décision, l’information et la communication… bref beaucoup de choses pour un scrutin centralisé doivent être centralisées.
- Le financement ? Si celui-ci est rigoureusement encadré et transparent au niveau local cela n’est pas absolument nécessaire – sauf à envisager une « cagnotte » pour certains frais du candidat…
PS :
Je revendique mon appartenance au mouvement Démocratie Réelle et mon identité : Alban DOUSSET.
Je regrette l’existence de mon pseudonyme car le concept du « caché », c’est à dire de l’occulte, est foncièrement antidémocratique voire… antisocial.
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