Sur le paganisme et le christianisme :
Dans cet article, je posais la question, essentielle à mes yeux « qu’est-ce qui fait qu’une vie vaut d’être vécue ? ». La réponse à cette question varie selon qu’on pense que l’homme peut réaliser sa perfection d’être par ses propres forces ou s’il a besoin d’une aide extérieure. Dans le premier cas, la vie n’acquiert sa valeur qu’en fonction de ce que nous en faisons, et c’est alors la puissance qui est valorisée. L’accomplissement d’une vie ne se mesure qu’au pouvoir que celle-ci a permis, et alors il est logique de penser que les vies sans puissance (celle des vieux, des handicapés, etc.) n’ont pas de valeur. En revanche, selon la seconde option, la vie a une valeur en elle-même puisqu’elle nous est donnée par quelque chose qui nous dépasse, et alors toute vie vaut d’être vécue. Dans cette optique, ce n’est pas la puissance qui est valorisée, mais au-contraire l’humilité, qui est le moyen par lequel nous pouvons nous unir à l’Infini.
Si j’utilise la dialectique christianisme/paganisme, j’ai bien conscience que certaines religions non-chrétiennes ont bien la notion de la transcendance. Mais la plupart du temps, cette révélation n’était réservée qu’à une caste, une race, ou à un cercle d’initiés. Le christianisme, de par sa vocation universelle, a permis de révéler les potentialités de ce que j’ai appelé « humanisme théocentrique ». Nos considérations sur la vie humaine, notamment en ce qui concerne le statut des faibles, ont été façonnées par lui, au point que nous les incorporions dans notre compréhension des droits de l’Homme, qui sont pourtant une émanation de l’humanisme anthropocentrique. Il y a donc bien un mouvement de flux et de reflux qui s’effectue entre ces deux humanismes.
L’humanisme anthropocentrique donne le pouvoir, mais il renforce également notre moi égoïste, puisqu’il affirme que notre vie d’a de valeur que si nous en profitons. Le pouvoir acquis sert à satisfaire le moi. L’humanisme théocentrique, s’il ne donne pas le pouvoir, donne la joie. Par le mépris du moi nous avons accès à une joie qui dépasse celle que nous pouvons obtenir par les satisfactions égoïstes. Ce n’est pas qu’il faut rejeter le pouvoir et souhaiter que la vie soit pénible, c’est qu’il ne faut pas s’y attacher au point de sacrifier la joie.
Sur le confucianisme et la taoïsme :
Si vous trouvez le point de vue par lequel le confucianisme et le taoïsme sont complémentaires, je vous félicite. Car toute la difficulté est là : nous avons face à face deux sagesses qui semblent s’opposer, mais en avançant sur la voie cette dualité s’amenuise car nous allons au-delà des mots. Cela implique un grand travail intérieur, qui prend prendre toute une vie, tant c’est un sujet inépuisable