Bonjour Rounga, et merci pour ce texte plein d’humour.
J’ai deux remarques à faire.
La première pour relever ce qui pourrait à notre époque passer pour un paradoxe : le fait d’un côté de déplorer l’hygiénisme contemporain et la peur de mourir, le refus d’assumer jusqu’au bout la vie qui nous échoit, de l’autre le fait de faire l’impasse, dans cette « missive », sur l’après-mort qui est précisément, pour nombre de croyants, à tort ou à raison d’ailleurs, une consolation et un vecteur de courage pour endurer le mal.
J’ai une tante dont l’un des enfants (mon cousin donc) est actuellement très malade. Elle prie chaque jour. Mais elle ne prie pas pour sa guérison. Non, elle prie pour que Dieu lui donne le courage de se battre contre la maladie, quel que soit l’issue de ce combat.
La seconde remarque que je ferais porte sur un constat que je partage : la mort est la seule chose devant laquelle nous soyons effectivement toutes et tous égaux. Je n’irais pas jusqu’à dire que l’égalitarisme est un tropisme mortifère, mais pas loin quand même. Penser le vivant, c’est au contraire, assumer le divers des comportements, des capacités, des réflexes psychologiques, des idiosyncrasies. Cette finesse de jugement n’est malheureusement pas à la portée des époques d’intense médiocrité comme la nôtre.
Lors de la première grossesse de ma femme, étant pour ma part d’origine bretonne, un médecin nous a mis en garde contre le risque de certaines maladies héréditaires typiques du nord-ouest du pays. Mais c’était ensuite pour nous dire que ces risques étaient compensés par la vigueur génétique dont était porteuse, sur ces points précis, mon épouse d’origine arabe quant à elle. Voilà clairement le genre de différences génétiques - communautaires, qui plus est !! - sur lesquels on ne s’éternise que rarement, de peur de mettre à mal le beau rêve d’une nature indistincte, donc égalitaire, sur lequel vit l’espèce contemporaine. Penser la vie, c’est penser le divers et faire avec. Seule la mort (ou Dieu ?...) a, comme vous le dites, le pouvoir de niveler.
À vous lire,
EG