Si ses attributs sont infinis, c’est comme s’il n’en avait aucun.
Maître Eckhart, dans un de ces fameux sermons, affirme, à propos de l’illumination de Saint Paul sur le chemin de Damas :
« lorsque Saint Paul se releva, il ne vit rien. Et ce néant était Dieu »
Nous allons voir que cette affirmation d’Eckhart est entièrement contenue dans la proposition ci-avant de l’auteur.
En effet, nous savons par d’autres voies que les attribut divins sont en réalité des couples d’opposés : il est celui qui élève, il est celui qui abaisse, il est le fort, il est le faible. La somme infinie des attributs qui s’opposent ne peut avoir d’autre résultat que zéro.
SI nous nous interrogeons sur ce qu’est « le voir », nous comprenons que voir consiste à distinguer. Par exemple lorsque nous distinguons le fil blanc du fil noir, nous pouvons dire qu’il fait jour. lorsque nous distinguons quelque chose de petit au milieu d’une grande étendue, nous disons que nous la voyons.
Voir serait alors le fait de donner une forme distincte au milieu de l’informe.
Aussi, Saint Paul, voyant l’ensemble des attributs, est incapable de les distinguer : il voit d’un même regard le haut et le bas, le clair et l’obscur, le dur et le doux.
Nous devons en conclure que l’aveuglement de Saint Paul est en réalité un éblouissement, voyant tout, il ne voit rien.