"N’oublions pas que c’est l’intransigeance d’Israël vis-à-vis de l’OLP qui a favorisé l’émergence du Hamas. Et la principale difficulté actuelle vient de la fuite en avant d’Israël.« 

Fergus
L’OLP d’Arafat était déjà une organisation terroriste ; le tonton d’Arafat, Mohammed Amin al-Husseini, avait été le copain d’Heinrich Himmler. Ce nom vous rappelle peut-être quelque chose ? Et Arafat, chef de l’OLP, regardait tonton comme »un héros". C’est tout dire. Les positions actuelles d’Abou Mazen, pourtant auteur dans sa jeunesse d’une thèse négationniste, diffèrent cependant de celles de l’ancienne OLP, et entendent faire prévaloir les solutions pacifique et diplomatiques. Bien que la charte de l’OLP, en cela comparable à celle du Hamas, ne reconnaisse toujours pas explicitement l’existence de l’état hébreu. L’intransigeance que vous évoquez, et qui était certes bien réelle, était des plus fondées.
Il y a dix jours, les plus déterminés du côté de la droite israélienne (Avigdor Liberman) étaient déterminés à éradiquer le Hamas. Peu à peu, les analyses ont évolué, ont fini par s’arrêter à ce principe : un cessez-le-feu immédiat, quitte à se retrouver dans un an ou deux face à la même situation. Mais le dernier cessez-le-feu n’a pas été respecté par le Hamas, d’où la déclaration d’Al Sissi jugeant qu’il faudrait désormais tenir cette organisation pour responsable des morts de civils palestiniens. Surtout, des commandos du Hamas ont essayé d’entrer sur le territoire du sud d’Israël par des tunnel. Etait-ce pour distribuer des tracts ou des bonbons dans les fermes voisines ?
Actuellement, les Israéliens en sont à considérer que le projet de venir à bout du Hamas serait irréaliste. La logique du Hamas est complètement irrationnelle voire suicidaire, mais les Israéliens commencent à la connaître un peu. Le Hamas a succédé à l’OLP, mais au Hamas risquent de succéder des jihadistes ralliés à l’EIIL, ce qui serait pire assurément.
Ce que vous paraissez n’avoir pas encore clairement compris, c’est que la question des frontières ou des deux états n’est pas ce qui préoccupe les organisations les plus fanatiques du côté palestinien. Les avantages que leur accorde la négociation, elles n’en tirent pas parti pour améliorer la condition de leurs ouailles, mais seulement pour créer les conditions de la guerre finale d’extermination que prévoit leur idéologie. La cession de la bande de Gaza par Sharon n’a pas été le résultat d’une négociation mais d’une décision unilatérale votée par la Knesset en 2004. Qu’est-ce qui a résulté d’un geste qui témoignait d’une certaine bonne volonté même si, bien évidemment, Israël croyait y trouver un avantage ? Il en est résulté une série de conflits armés abominables, dont l’actuel n’est peut-être pas le dernier.
A supposer que les Israéliens soient amenés, dans les jours qui viennent, à renoncer d’entrer plus avant dans Gaza, que pensez-vous qui en résultera ? Le Hamas tâchera au plus vite de creuser d’autres tunnels (ça prend deux ans) et de reconstituer son stock de missiles même si avec l’Egypte au Sud et le blocus, il devient de plus en plus difficile - et fort heureusement - de prendre livraison des cadeaux de l’Iran. D’un Iran qui devrait disposer bientôt, si ce n’est déjà fait, d’un arsenal nucléaire destiné à assurer sa domination sur toute la région.
Les démocraties occidentales n’ignorent rien de cette situation, d’où leur actuelle position. On fait ce qu’il faut pour calmer tant bien que mal les populations manipulées par la propagande islamiste (interdiction des manifestations aujourd’hui à Paris), mais on fait ce qu’il faut aussi pour qu’un conflit régional ne risque pas de dégénérer en conflit mondial.