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Commentaire de heliogabale

sur 10 thermidor : il y a 220 ans les félons exécutaient sans jugement Robespierre et 104 autres révolutionnaires


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heliogabale heliogabale 29 juillet 2014 14:57

La Terreur officielle a fait environ 17 000 morts, et la Terreur officieuse (exactions extrajudiciaire) en a fait à peu près autant.

L’intensité de la Terreur fut différente selon les régions : dans un tiers des 83 départements français, moins de 10 personnes ont été exécutées entre la création du tribunal révolutionnaire (avril 1793) et la chute de Robespierre (juillet 1794).

Dans d’autres, particulièrement à l’Ouest, le nombre de guillotinés est beaucoup plus important.

La Grande Terreur, c’est ainsi que s’appelle la période qui va du vote de la loi de Prairial jusqu’à la mort de Robespierre est une très grande maladresse (dont profiteront les opposants à l’Incorruptible) de la part de ses concepteurs (Couthon et Robespierre) : s’il y a bien la volonté de vider les prisons des personnes qui n’ont rien à y faire, la loi accélère les procédures judiciaires pour les personnes qui restent accusés, et seules deux sentences sont possible : l’acquittement ou la mort. Surtout, elle approfondit le processus de centralisation des pouvoirs : tout se passera à Paris y compris les exécutions (toutefois un tribunal est crée à Orange pour la région du Midi qui est trop loin de Paris). Ainsi, les exécutions se succèdent à Paris, siège du gouvernement, à la Place de la Concorde(puis déplacé à la place de la Nation) à un rythme effréné tandis qu’elles disparaissent dans le reste de la France.

La Grande Terreur qui avait pour but d’instaurer de rendre vertueuse la Terreur a eu les effets inverses. Et les opposant de Robespierre en ont profité pour l’accuser de tyrannie.

Toutefois, les raisons qui motivaient les anti-Robespierre étaient multiples :

Au comité de sûreté général, on reprochait à Robespierre de vouloir mettre ce comité sous la coupe du comité de Salut Public. Ainsi, Robespierre avait crée un Bureau de Police générale dont les prérogatives interféraient avec celles du comité de sûreté général. Le comité de salut public a beaucoup fait pour la centralisation de la France.

On lui a reproché son déisme alors que l’athéisme était un courant puissant parmi les révolutionnaire (à sa gauche surtout).

En lien avec son déisme, on lui reprochait son « modérantisme » notamment envers les Girondins suite à leur arrestation. Robespierre était un grand théoricien politique aux idées claires et neuves mais son action politique était beaucoup plus hésitante et pas dénuée de calculs. Son attitude envers Danton le montre. Il est le révolutionnaire orthodoxe, celui qui ne veut être ni dans l’exagération, ni dans la compromission.

La question est de savoir en quoi Robespierre était utile à la France à l’été 1793 quand il entre dans le comité de Salut Public. Pour tout dire, il était un révolutionnaire de la première heure (député du tiers-état puis de l’assemblée constituante, présent au serment du jeu de Paume), appréciée par le peuple (dont les sans-culottes) et brillant parlementaire. Robespierre était celui qui devait sauvegarder l’unité de la France, le liant entre la Convention bourgeoise et le peuple. Cela fait partie de ces moments de l’Histoire, où un homme réussit à occuper une place centrale dans un système d’interdépendances complexe articulé autour de puissances antagonistes et menacé à tout moment d’effondrement. Il s’est progressivement mis à dos les deux composantes moteurs de la dynamique révolutionnaire dans la lutte des factions (arrestation des hébertistes puis des indulgents). Suite à la chute des factions, Saint-Just avait dit que la Révolution était glacée. Ce n’est pas tout à fait exact : Robespierre devient inutile (et même gênant) puisqu’il n’est plus en mesure de maintenir cette sorte d’union nationale que devait incarner le comité de salut public. Les intérêts de classe deviennent primordiaux. La mort de Robespierre met définitivement fin à la Révolution de 1789 puisqu’elle a révélé que la bourgeoisie était surpuissante (malgré les soubresauts de Germinal an III) et sans aucun concurrent.


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