Epicure, c’est toujours un plaisir de vous répondre. Je plaisante...
Je fais vite parce que je veux aller me coucher :
Vous dites que l’égalité de droit serait liée à l’égalité devant la loi. Vous partez donc du principe que hors des lois écrites, rien ne peut régir les rapports entre les êtres au sein d’une société. N’est-ce pas ce que l’on infère de vos propos ? Moi je maintiens que les lois ne sont là que pour standardiser des règles qui sont des évidences spontanées aux yeux de certains individus (au sein d’une famille par exemple) et dont certains autres ont davantage besoin pour être maintenus dans le droit chemin (celui du citoyen responsabilisé). Autrement dit, la loi a le caractère rigide d’une règle droite condamnée à ne jamais épouser... le paysage social, ciselé par la diversité des caractères auxquels cette loi s’adresse.
Avec des mots simples (sujet-verbe-complément) : la diversité des caractères est hors de portée d’une loi qui voit dans les individus des êtres interchangeables, capables de tout dès qu’ils le souhaitent. Une loi vraiment juste, à savoir une loi qui se voudrait rendre à chacun, individuellement, son dû, ne peut exister dans une société libérale d’ayants droit comme la vôtre. Elle n’est accessible qu’à une communauté d’individus en devenir, soucieux de leurs devoirs plus que de leurs droits.
Votre « égalité » est une chimère, un non-sens. Cela ne veut rien dire que de prétendre que deux êtres sont « égaux » : ils ne le sont qu’au regard de la loi qui leur promet à chacun une égale application de principes juridiques et qu’au regard de leur appartenance à la même espèce. Au-delà de cela, l’« égalité » demande à être spécifiée : égalité en quoi ? En course à pied ? En calcul mental ? En capacité à s’émouvoir ? En gloutonnerie ? En connaissances astronomiques ? En apnée ? Dans chacun de ces domaines, nos deux cobayes auront bien peu de chance de se révéler identiques. En conclusion je ne dis pas qu’ils sont inégaux - ce serait tout aussi crétin - je dis que de parler d’« égalité » entre les êtres, concrètement, ça n’a pas de sens, c’est incongru. Formellement, oui, on a donné un « sens » à cela. Mais tout ce qui est formel, par définition, est creux...