• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Éric Guéguen

sur 10 thermidor : il y a 220 ans les félons exécutaient sans jugement Robespierre et 104 autres révolutionnaires


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Éric Guéguen Éric Guéguen 31 juillet 2014 11:00

Me revoilà. Voyez au passage que je me suis employé à vous donner un exemple tout ce qu’il y a de plus concret, ne m’en tenant pas à vous dire « justice, justiiiiiice !! » comme d’autres crient « égalité, égalitééééé !! ».
 
Et pour vous contenter, je vais d’une part vous donner un deuxième exemple bien concret d’égalité incongrue, d’autre part vous livrer la conclusion que j’en tire, d’après des principes classiques de philosophie politique (car j’ai beaucoup aimé le moment où vous avez fait votre petit pédant à ce sujet)...
 
Alors voilà :
Postulons l’égalité homme-femme. Plaçons-nous dans un cadre sportif. Sur une même ligne de départ, demandons à des hommes et des femmes de parcourir 2000 mètres le plus rapidement possible. Ils ont tous le même matériel à leur disposition et ont tous eu le même entraîneur et le même temps d’entraînement, c’est important de le signaler. Croyez-vous qu’une femme montera sur le podium ? Permettez-moi d’en douter. Pourtant on les a mis dans les mêmes conditions au départ, et l’on n’a fait entre eux aucune distinction sexiste, n’est-ce pas ? Alors quoi !! L’on fait des offrandes au Dieu Égalité et il nous boude ostensiblement, nous répondant par le mépris de la gent féminine ? Crotte alors !!
Comment remédier à cela ? En fixant des catégories, c’est-à-dire en refusant de se voiler la face et en assumant le fait qu’une femme moyenne est physiquement moins avantagée qu’un homme moyen. C’est ainsi, nous n’y pouvons pas grand-chose. Mais ceci n’empêche nullement de reconnaître le mérite des uns et des autres et de faire, dans un même sport et sur l’ensemble de leur carrière, d’une femme un athlète plus mythique qu’un homme. Seulement là encore, la justice, consistant à rendre à chacun son dû, aura dû relever quelque peu son bandeau, l’espace d’une seconde, et, parce qu’elle voulait pouvoir reconnaître tous les talents en lice, elle aura dû constater et prendre en compte la diversité entre hommes et femmes (je n’ose pas dire l’« inégalité », vous frapperiez votre écran de colère...).
Une fois de plus, traiter les gens de la même façon n’implique nullement, voyez-vous, de considérer tous les êtres comme interchangeables. Et ici encore, l’égalité est incongrue. Ce que nous a offert la justice, c’est l’équité, bien plus subtile.
 
Où veux-je en venir ?...
Au fait que vous négligez totalement une distinction très nette (et historique) à opérer dans notre appréhension de la justice. Il y a une justice commutative et une justice distributive. La première engendre une égalité stricte, de type arithmétique (1 = 1), la seconde une égalité de rapport, ou géométrique, ou bien encore proportionnelle (3/5 = 6/10). La première intervient typiquement dans le commerce (un prêté pour un rendu), donc dans les relations entre particuliers. La seconde intervient dans les rapports que chacun entretien avec le « commun », le collectif (politique à tenir, records sportifs, assiette fiscale, etc.). Or, cette partie de la justice est trop souvent négligée. Nous n’y avons recours que vis-à-vis des plus faibles, donc de tels ou tels individus, jamais du point de vue de la communauté. Ainsi ponctionner les plus riches n’est jamais entendu comme une pratique de bien commun, mais comme le moyen d’offrir un avantage particulier.
Voilà ce que je déplore que nous masque l’égalité ubiquiste, voilà le type de justice dont je parle, et voilà- excusez-moi - le genre de rigueur que notre époque s’interdit, tout à ses rêves d’une humanité confraternelle et homogène.
 
À vous lire, Maître...
EG


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès