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Commentaire de Rounga

sur Quand le CSA s'en prend aux enfants trisomiques


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Rounga Rounga 1er août 2014 10:10

Tu parles bien de « prise en otage » là où il est question de dire à des femmes enceintes de trisomiques qu’elles pourront être heureuses et que leur enfant pourra avoir une vie épanouie. Désolé si tu n’as pas mesuré la portée de tes propres propos, mais ce n’est pas à moi de m’en excuser.
Le problème que tu as avec cette association, si je comprends bien, ce n’est pas qu’elle agisse pour le bien des trisomiques, mais qu’elle soit catholique. Autrement dit, si une autre association, non catholique, diffusait exactement le même message tu n’aurais rien contre. On croirait presque que tu n’en as rien à foutre du sort des trisomiques, puisque tu te donnes le luxe de sélectionner qui est légitime à leur faire du bien et qui ne l’est pas. On dirait que, pour toi (oui, je fais des inférences à partir de tes propos), à partir du moment où une association, ou une personne, se dit catholique, elle ne doit pas « réfléchir à des questions graves » car cela reviendrait à étendre les « ramifications » du catholicisme « partout ». Pourtant, que je sache, le clip de campagne ne comporte aucun message religieux. Il n’est pas dit aux futures mamans qu’elles doivent garder leur bébé mongolien pour l’amour du Christ. Si on ne savait pas que c’est une association catho, il n’y aurait aucun moyen de le deviner. C’est pourquoi ton explication me laisse encore plus perplexe que ton commentaire initial.
La seule chose qui soit claire pour moi, c’est la préférence que tu marques pour l’empathie plutôt que pour la compassion. Tout est là. L’empathie, le fait de comprendre les sentiments des autres car on s’imagine qu’on se met à leur place, n’est pas seulement moins forte que la compassion, elle a également une portée métaphysique moindre. Compatir, c’est souffrir avec, c’est souffrir non pas à la place d’une personne, mais souffrir en elle. La compassion implique une unité fondamentale entre les être vivants, sans laquelle elle ne pourrait pas se produire. L’empathie est davantage compatible avec la vision matérialiste de l’être humain, qui ne serait que l’ensemble de ses propres organes. Et c’est là le fond du problème : le combat contre les débiles et pour l’eugénisme est un combat contre la métaphysique, contre la transcendance. Il s’agit d’accomplir le projet d’une humanité coupée du cosmos, focalisée sur son propre nombril, ne vivant que pour son propre plaisir et son épanouissement égoïste, et dont les individus amoindris, incapable d’accéder à ce « bonheur », doivent être exclus. C’est cela, l’enjeu véritable.


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