Bonjour Hussard
noir,
En 1914, le
Kaiser voulait la guerre contre le pays qui montait en Europe
(grâce, entre autres, aux prêts français et à l’assistance
technique française) à savoir la Russie.
« L’éveil »
de la Russie, comme on a glosé sur « l’éveil » de la Chine,
dopé par l’ennemi héréditaire français, risquait de bouleverser
les équilibres européens au détriment de l’Allemagne, laquelle
rencontrait par ailleurs sur la mer et son désire de conquête de
colonies, la concurrence sans faille de l’Angleterre et
secondairement de cette maudite France. France qui avait su trouver
une majorité d’alliés pour repousser l’Allemagne du Maroc les
années précédentes.
Les services
secrets allemands ne finançaient donc pas les mouvements pacifistes
en France, lesquels n’existaient d’ailleurs pas sous une forme
autonome comme aujourd’hui.
Ils savaient qu’en
déclarant la guerre à la Russie, protectrice des slaves d’Europe
centrale, des traités obligeraient la France à entrer dans le
conflit. Mais ils pensaient pouvoir la vaincre en jaillissant par la
Belgique. Ils furent bien surpris que l’invasion de ce pays neutre,
dont la naissance fut voulue par l’Angleterre en 1830, déterminerait
la grande puissance navale à entrer en guerre à son tour ...
Le pacifisme de
Jaurès découlait d’une analyse dans le cadre de la lutte des
classes. En France on vivait, depuis les années 1880, une période
d’affrontements sociaux qui voyaient des avancées pour les
travailleurs et un recul concomitant du cléricalisme, principal
outil de répression morale des dominants.
Le patronat et
leurs serviteurs de droite et d’extrême droite pensaient que la
guerre étrangère permettrait de donner un coup d’arrêt à ce
mouvement, lent mais réel. Ce qui fut effectif d’ailleurs. Il faudra
des années, l’arrivée de Front populaire, pour que ces avancées
sociales reprennent. (Pour une information détaillée sur ces
phénomènes, on visionnera avec profit les vidéos d’Henri Guillemin
sur Youtube, époustouflantes de précisions et d’anecdotes
révélatrices)
Ce que les ennemis
du prolétariat n’avaient pas prévu, c’est que le coût exorbitant
de cette guerre industrialisée contraindrait le gouvernement de
guerre à instituer l’impôt sur le revenu, lequel frappait les
possédants à mesure de leurs (énormes) richesses ! Et que ce
principe d’impôt juste devrait être maintenu après la guerre vu la
pauvreté du pays alors endetté jusqu’au cou.
Ces analyses de
lutte des classes passaient au-dessus de la tête de Villain,
l’assassin de Jean Jaurès. Lui souhaitait la guerre,
obsessionnellement, dans un seul but, « sacré » : que
la France récupère l’Alsace et la Lorraine. Les tribunaux formés
de juges « bourgeois » et de jurés manipulés l’acquitteront
en 1919 !
Cordialement, Alren