• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Rounga

sur L'intégrisme est-il né avec le monothéisme ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Rounga Rounga 5 août 2014 10:32

epicure,

Je vois que tu restes fidèle à ta technique d’argumentation qui procède par mélanges, amalgames, confusions. Quand une affirmation concerne un sujet, tu y réponds en y amenant d’autres sujets, ce qui demande à celui qui te réfutes de faire tout un travail pour recentrer le débat autour du sujet. Quand il s’agit de citer des faits, tu effectues des généralisations grossières au lieu de citer des faits précis et ponctuels, de manière à ce que si ton interlocuteur te nie, tu le fais passer pour un négateur de l’ensemble des faits contenus dans ta généralité, qui n’embrasse pourtant pas l’ensemble des faits. Et quand il s’agit de répondre à un argument sérieux, tu fais mine de le comprendre de travers pour faire comme s’il était inconsistant.

Par exemple : dans la deuxième partie de mon précédent commentaire, où il est question de l’esclavage et de la considération due à la personne humaine, il est clair que je parle du catholicisme, puisque je précise qu’il s’agit de « ma religion ». Toi tu réponds sur l’ensemble des monothéismes. Mais passons. Tu dis que le christianisme a simplement interdit l’esclavage des coreligionnaires, ce qui est faux puisque si ç’avait été le cas on aurait vu les chrétiens avoir des esclaves juifs ou musulmans. 
Pour toi, l’abolissement de l’esclavage est dû aux Lumières, ce qui est un contre-sens absolu : les philosophes des Lumières, qui étaient les ancêtres des libéraux d’aujourd’hui, voulaient supprimer le dimanche et les jours de fêtes religieuses chômés pour augmenter la productivité du pays (ça ne te rappelle rien ?) ; ils avaient à cœur de réduire l’instruction publique donnée par les curés pour permettre aux enfants de travailler, et d’avoir du même coup une main d’oeuvre abrutie (pour Voltaire, le peuple doit rester dans l’ignorance et travailler dur pour les classes dirigeants, à qui est réservée la connaissance) ; le très vibrant plaidoyer de Beccaria contre la peine de mort propose de remplacer celle-ci...par l’esclavage perpétuel (plus rentable) ; les Lumières n’ont eu de cesse de détruire les acquis sociaux des travailleurs (sécurité sociale, pension veuvage) qui étaient garantis par les corporations, sous prétexte de « liberté », ce qui a jeté des milliers d’ouvriers dans une situation qui les préparait à devenir des prolétaires. Tu sais, les prolétaires, ces ouvriers du XIXème siècle dont la condition était pire que celle des esclaves ; Turgot au pouvoir a indexé le prix du pain sur les cours du marché (alors qu’auparavant il était fixé par le roi), ce qui a fait drastiquement monter le prix des subsistances et provoqué de nombreuses émeutes que le ministre apôtre des Lumières a fait sévèrement réprimer ; Voltaire a fait une partie de sa fortune sur le commerce triangulaire. Donc le coup de l’esclavage aboli par les Lumières, à d’autres.

En revanche, Didier Bondue a bien montré comment l’esclavage antique a pris fin. Il a étudié un à un les documents d’affranchissement des esclaves, et a bien mis en évidence que le prétexte avancé par leurs maîtres chrétiens était principalement le « repos de l’âme » de l’esclave. C’est que les paroles de Saint Paul selon lesquelles il n’y avait « plus de maître ni d’esclaves » avaient une certaine autorité, et que la conception judaïque du travail, considéré comme une conséquence du péché et donc comme un moyen de faire son salut, était à l’opposé de la conception romaine, où le travail est une chose sale et indigne. Les anciens avaient des esclaves car il n’y avait pas d’autre moyen pour mener une vie confortable à une époque où il y avait peu d’instruments pour améliorer le rendement du travail. Sans abolition de l’esclavage, pas de révolution industrielle possible, car l’intérêt d’augmenter l’efficacité des outils est faible si des esclaves sont là pour faire le travail. Il faut pour cela que des hommes travaillent en bonne intelligence de manière commune, comme dans les monastères par exemple. Cela explique pourquoi les techniques ont évolué au Moyen-Age, comme l’a montré Jean Gimpel. L’Antiquité, qui pourtant connaissait la machine à vapeur, n’a jamais eu l’idée de s’en servir dans un but industriel. A cause de l’esclavage ambiant, cette invention n’était pour eux qu’une curiosité amusante, ce qui prouve encore une fois que les conditions du progrès technique n’étaient pas réunies dans l’Antiquité et qu’il a fallu que le christianisme mette son grain de sel pour le rendre possible (je digresse, mais ça me permet de remettre une couche sur un autre sujet de discussion qu’on a déjà eu). On peut donc dire, pour revenir au sujet, que le christianisme a eu un rôle capital dans l’abolition de l’esclavage antique.


Solon l’athénien abolit l’esclavage pour dette. Un polythéiste

D’une, ce n’est pas parce que tu trouves un exemple de polythéiste ayant aboli l’esclavage que ça permet de faire une généralité sur tous les polythéismes. De manière générale, il reste vrai que les polythéismes antiques pratiquaient l’esclavage et n’y voyaient pas d’inconvénient.
De deux, tu le dis toi-même, il s’agit de l’esclavage pour dette, et non de l’esclavage en soi. 
Donc ton argument est très faible.


Ce qui a donné vraiment de la valeur à la vie humaine c’est l’individualisme, qui s’est développé, avec le renouveau de la pensée individualiste avec l’Humanisme à la renaissance. Sans individualisme, la personne lambda était sacrifiable par la communauté.


Le christianisme a développé la notion de personne humaine, créée par Dieu, digne de Salut, et par conséquent inviolable. C’est dans l’Antiquité païenne que la « personne lambda était sacrifiable par la communauté ». L’égalité de dignité entre les personnes établie par le christianisme interdisait qu’on donne à voir en spectacle des combats à mort ou qu’on pratique l’infanticide. Le but est que tout le monde puisse faire son Salut.Avec l’individualisme moderne, on voit bien que la valeur de la vie humaine a diminué. La perspective moderne impliquant que l’Homme n’ait son principe de perfection qu’en lui-même (principe païen), et non en Dieu, implique que l’objectif à atteindre pour qu’une vie vaille d’être vécue est d’être heureux, alors que si le Salut est possible, même une vie malheureuse mérite d’être vécue. Ce n’est donc plus la vie en elle-même qui a une valeur, mais la vie potentiellement heureuse, ce qui justifie qu’on pratique l’euthanasie ou l’avortement (pour éviter de « gâcher des vies »). 
L’individu libéral, qui axe sa vie communautaire autour du Marché et du Droit (deux axes neutres vis à vis des valeurs et qui permettent ainsi la perpétuation d’une société « tolérante » où les opinions concernant la manière de bien mener sa vie sont de l’ordre du privé), et finit par y être asservi. L’individu moderne n’est plus qu’un justiciable comme les autres (multiplication des procès aux Etats-Unis comme seule manière de régler des différends), et une marchandise comme les autres (il peut tout à fait vendre ses organes, se prostituer, ou devenir un panneau publicitaire vivant si cela est conforme à ses intérêts). Voilà la face sombre de l’individualisme moderne, qui est à l’opposé d’une conception chrétienne de la vie. 

sans parler de l’inquisition


Ah oui, bien sûr, j’avais oublié l’Inquisition, avec ses tortures systématiques et ses bûchers qui étaient allumés 24h/24 ! Où avais-je la tête ?


les autorités religieuses chrétiennes, ou les rois et empereurs à leur service


J’avais oublié également que les rois et les empereurs avaient toujours obéit aveuglément aux papes, comme Philippe le Bel à Boniface VIII, par exemple. Juste comme ça, tu peux me donner le nombre de rois de France excommuniés ?


Bon, j’ai pas répondu à tout, parce qu’il y en a vraiment beaucoup, mais je pense que ça suffit pour le moment.

Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès