Pierre, pardonnez-moi, j’avais perdu ce fil ...
Je me méfie de la pacification sociale, de la confusion que l’on fait trop souvent entre la politesse et la vertu. Trop de démocrates invoquent la tolérance pour justifier leur inaction, leur égoïsme ou leur lâcheté face aux dangers que constituent les extrêmes. Je vais y revenir mais je voudrais évoquer la pacification sociale.
Lors des dernières élections étasuniennes, j’ai attendu pratiquement toute la nuit pour écouter et voir le débat Bush-Kerry. Quelques heures auparavant, lors du journal télévisé, j’avais entendu que des propos très vifs avaient été échangés.
Excusez-moi quel débat lamentable ! Les deux candidats se parlaient sans même se regarder, par le truchement du meneur de débat qu’était le journaliste, ils ne s’adressaient même pas la parole directement. Débat javellisé, aseptisé, aussi propre qu’une eau de piscine mais sans vie, où finalement la plus grande audace de Bush fut d’accuser son adversaire de communisme sur le fondement d’une disposition à caractère social qu’il proposait....Voila où mène la pacification du débat politique. « Il n’y a pas de contrat social sans contradictions vivantes. Il n’y a pas de démocratie sans affrontements », écrit André Bellon dans le MD de ce mois.
Pour revenir à la tolérance (quoique la pacification sociale participe,à mon avis, à la dénaturation du concept de tolérance). Je m’oppose intellectuellement au snobisme du démocrate plus démocrate que les démocrates tellement démocrate qu’il discute avec les anti-républicains de la façon la plus naturelle qui soit
Voyez comment le FN parvient à exposer ses propositions intolérables (je pèse mes mots), de façon naturelle sans que personne ne s’offusque puisqu’à présent il est de bon ton de tolérer l’intolérable ... Une telle tolérance n’a rien de vertueuse, au contraire, tolérant l’atroce, elle est atroce tolérance ...