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Commentaire de Christian Labrune

sur Le Transhumanisme : l'idéologie dominante


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Christian Labrune Christian Labrune 27 août 2014 21:50

Excellent article, avec à la fois une volonté de synthèse et d’approche humaniste non matérialiste.

@Darkheiker.
La question de l’humanisme est désormais complètement périmée et on ne peut plus utiliser cette notion que pour évoquer un courant littéraire et philosophique de la renaissance. Montaigne, Erasme, étaient des humanistes ; ils redécouvraient la pensée antique, ils essayaient de construire une synthèse entre l’antiquité et le monde chrétien qui les entourait. Mais ils ne disposaient pas de nos connaissances scientifiques : ils pensaient que l’homme avait été créé par Dieu une fois pour toutes et ils le croyaient destiné à rester ce qu’ils le voyaient êtret jusqu’à la fin des temps.
On sait aujourd’hui qu’Il n’y a pas de « nature » humaine : l’homme est le premier animal qui soit précisément capable de s’affranchir de sa nature et de la modifier, et la génétique n’en est encore qu’à ses balbutiements. La perspective transhumaniste procède directement de cette constatation.
L’« humaniste » moderne croit naïvement pouvoir dire encore, comme à l’aube de la période classique, ce qu’est l’homme, ce que serait sa nature éternelle. A partir de là, il croit savoir ce que sont ses besoins matériels et ses aspirations pour l’avenir.
Le XXe siècle a vu naître - et disparaître, fort heureusement ! - plusieurs formes d’humanismes conformes à cette définition. On a vu l’homme communiste, et aussi bien l’homme national-socialiste, très bien installés dans des systèmes destinés à durer mille ans ou même jusqu’à la fin de l’histoire. Hitler, Staline, Pol Pot, étaient, chacun à sa manière, des « humanistes ». Abou Bakr al-Baghdadi en est un autre, pour qui l’homme est entièrement défini, et pour l’éternité, dans un vieux texte du VIIe siècle. Tout cela n’est pas très beau à voir ! Les « humanistes » ne pourront jamais faire qu’une chose : s’entretuer.
Dans beaucoup de peuplades primitives -il n’en reste plus guère-, les ethnologues ont souvent remarqué que le nom qu’on donne à sa propre tribu, c’est celui des « hommes ». Ceux qui vivent de l’autre côté du fleuve ne sont évidemment pas des hommes. La meilleure chose qu’on puisse faire, c’est donc de les chasser comme n’importe quel gibier, et de les bouffer quand on a réussi à en attraper quelques uns.
Nous ne sommes pas encore si loin que ça de ces sortes de sauvages qui sont pourtant eux aussi des « humanistes ». Le transhumanisme s’efforce de penser un dépassement de ce stade archaïque de l’évolution dont nous ne sommes, hélas, toujours pas sortis.


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