5. Capitalisme, marxisme et création
Un peu d’ordre tout d’abord. Cette réponse est la 5e aux questions soulevées par Laurent Simon. Les réponses précédentes ont été :
1. Du droit de l’inventeur et de celui du créateur
2. De la généralité de la crise, de l’arme secrète des Etats-Unis et de sa remise en cause
3. L’exigence de la création
4. Tout fait quelconque de l’homme ...
Sur la question du risque, il est vrai que ce terme a été laissé de coté par l’article. M. Simon signale que cette notion et celle de la création font énormément défaut à l’analyse marxiste. On pourrait rappeler que, d’un point de vue marxiste, la plus-value est considérée comme un prélèvement sur le travail ouvrier et le capital comme du travail accumulé. En poursuivant notre raisonnement, on pourrait dire que c’est le travail créatif et les savoir-faire qui constituent la matière dont est formée le capital. Une grande part de cette création est souvent apportée par l’entrepreneur lui-même. Une autre, non négligeable, vient sans doute des travailleurs. C’est ce supplément de capital qui génère le progrès technique. Ainsi donc, la notion de création permet de réconcilier, en partie du moins, les analyses économiques libérales et les analyses économiques socialistes.
En ce qui concerne le risque, la théorie économique y voit la légitimité du profit. Je ne suis pas sûr que les analyses que j’ai avancées aient réellement besoin du risque. Le créateur est rémunéré non parce qu’il a pris un risque mais parce qu’il a apporté une valeur ajoutée à la société. Cette rémunération n’est pas proportionnelle au risque qu’il a pris, mais à la richesse que représente son apport.
En vérité, les deux approches se superposent mal. Là, on rejoint M. Hum. Le créateur ne crée pas tellement pour l’argent. Il en a besoin, sinon cela ne marche pas. Mais ce n’est pas son but. Ettore Bugatti lorsqu’il crée ses voitures, ses moteurs, ses trains et ses avions, ne recherche pas l’argent. Lorsque l’argent revient vers lui, ce n’est pas pour rémunérer les risques qu’il a pris. Cet argent rémunère ses créations.