Du crédit, de la création et de la croissance
Suite à l’ouverture des frontières
(disparition des droits de douanes puis suppression des barrières non
tarifaires) et à l’exode du patrimoine technologique des pays avancés, un important chômage,
accompagné de la baisse du revenu des plus pauvres et des classes moyennes, se développe depuis quatre décennies. Les besoins d’investissement
restent manifestes dans tous les domaines, en particulier pour la protection de
l’environnement. Un immense potentiel de recherche subsiste encore dans les pays
avancés. Pourtant, le renouvellement technique et la compétitivité ne parviennent
plus à suivre.
L’abondance démesurée du crédit et l’abaissement
du loyer de l’argent à des extrêmes jamais atteintes (les taux négatifs) ne financent
pas les investissements dont la recherche développement a cruellement besoin.
Plutôt que sur la multiplication débridée des
déficits publics et privés, l’essor du crédit ne devrait-il prendre son appui sur la
croissance des actifs et des produits et services en circulation ? Ne courre-t-on
pas vers une implosion monétaire ?
Au cours des développements qui
précèdent, nous avons vu que le capital de l’humanité réside essentiellement dans
le savoir-faire issu des créations. Le moteur de la croissance n’est ni la
comptabilité, ni le risque, ni l’argent, mais la création. Suivant l’excellente
image de Philippe Berna, la création (la semence) a besoin pour se développer d’argent
(l’engrais).
Il est manifeste que le secret n’est pas une
protection juridique suffisante pour garantir à la recherche la durée d’amortissement
qui la rendrait profitable. Par conséquent, sa rentabilité s’avère insuffisante
pour mobiliser les investissements à moyen et long terme qui sont nécessaires.
Les graines sont dispersées aux quatre vents sans que le créateur puisse les
conduire à maturité. Tandis que les concurrents des créateurs parviennent parfois à en marauder quelques fruits, l’exigence qui guidait le développement de leurs créations se trouve anéantie faute des crédits nécessaires (Gutenberg – Diesel – Villeroché).
Le droit d’auteur existe et protège aujourd’hui
les créations dans presque tous les Etats modernes. Pour que ce droit devienne
effectif et prenne l’ampleur dont l’économie a besoin, il importe d’en développer la pratique dans
tous les secteurs ; notamment dans les marchés publics où la notion de
droit exclusif est reconnue. A cet égard, l’identification de l’auteur des créations sur
les produits ou services serait non seulement morale, mais aussi particulièrement
efficace.
Pour ce faire, des titres donnant des références solides peuvent ouvrir la voie à des changements rapides et décisifs, pour que l’argent puisse s’investir à nouveau dans les grandes découvertes. Ces références
sont indispensables aux financiers et aux assureurs. Bien que le brevet national
ne puisse pas jouer convenablement ce rôle, son processus peut servir de modèle
à l’examen d’originalité des créations. Beaucoup de conseils en propriété
intellectuelle disposent d’une excellente formation pour ce faire.