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Commentaire de philouie

sur La vérité sur l'élevage industriel : extraits du livre « Eating Animals » de Jonathan Safran Foer


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philouie 13 septembre 2014 15:56

Je reposte ici un commentaire précédement publié.
excuser la redite.

Il s’agit de donner une approche Islamique sur la question.

Tuer pour vivre.

L’alimentation carnée.

J’ai voulu commencer par ce point, parce que pour beaucoup d’auteurs l’alimentation carnée est la mère de toute violence humaine. Ainsi, si à peu près toute l’humanité considère comme légitime la mise à mort d’animaux en vue de leur consommation, il existe un certain nombre de groupe ethnique - en inde en particulier et à ma connaissance - qui refuse l’alimentation carnée. Mais lorsqu’ils le font, c’est dans le cadre plus vaste d’une démarche visant à la non-violence.
Mon propos n’est pas ici de discuter du végétarisme, ni de l’aspect évoqué ci-dessus, ni des implications écologiques de l’alimentation carnée, par exemple par désertification et érosion en zone méditerranéenne musulmane par élevage intensif des moutons, ni de la confiscation des ressources agricoles pour nourrir les animaux de boucherie consommés en l’occident au détriment des populations pauvres de l’Afrique : il y a une malnutrition quelque part qui provient d’une surnutrition autre-part.
Non, l’objet ici est de considérer l’alimentation carnée comme légitime et d’en débattre.
Nous constatons à ce point que si cette violence faite aux animaux en vue de nourrir les humains est légitime, personne n’aurait l’idée d’affirmer qu’il s’agisse ici, d’une bonne violence.
la légitimité - formalisée dans la loi - et la morale - en ce qu’elle dit le bien et le mal - sont en réalité des domaines qui ne se recoupent pas.

Lorsque nous interrogeons les pratiques qui permettent la mise à mort d’animaux, nous constatons qu’aussi bien en occident qu’en orient islamique sont définis des « bonnes pratiques » de mise à mort. Ici il s’agit d’étourdir l’animal au moyen électrique, là, il s’agit d’observer le rite prescrit.
Nous constatons que dans un cas comme dans l’autre il s’agit de moins faire souffrir l’animal dans une démarche de respect.
Nous pouvons dire ici que ce sont les modalités de l’acte qui le qualifie moralement alors que l’acte en lui-même est reconnu comme létigime.

Nous connaissons tous ces prières rituelles que les chasseurs amérindiens récitaient avant de mettre à mort l’animal qu’ils pourchassaient. Il s’agissait de rendre hommage au Créateur qui permet l’accès à cette nourriture et de demander pardon et de remercier l’animal de donner sa vie en sacrifice afin de nourrir la famille.

Il fallait que le sang de l’animal de retombe pas sur le chasseur et que la victime ne vienne pas ensuite hanter le chasseur au prétexte qu’il n’aurait pas respecter les grandes règles de la vie et de la chaine alimentaire.

D’un point de vue Islamique, ce qui rend hallal (légitime), la viande d’un animal mort est la pratique du rituel lors de la mise à mort.

ce rituel consiste pour l’essentiel en la prononciation du ’bismillah« ainsi que des règles pratiques visant à atténuer le souffrance de de l’animal ainsi que d’augmenter l’hygiène de l’opération.
Peut-être qu’il n’est pas nécessaire de rentrer ici trop dans le détail et d’expliciter le sens des règles spécifiques, mais simplement de dire un mot sur ce qui me semble important dans notre optique à savoir la prononciation de la formule rituel »Bismillah Allahou Akbar« ou en français : »Au nom de Dieu le très grand".
C’est à mon sens le point important de la pratique, parce que, si les règles spécifiques ont un intérêt pratique en terme de souffrance de l’animal et de l’hygiène, c’est la prononciation de la formule rituelle qui défini le cadre symbolique au sein duquel l’acte est posé.

Allahou akbar
Dieu est plus grand

Nous savons que Dieu est Grand par la simple observation des beautés de la nature et lorsque la science moderne dévoile à nos yeux émerveillés de nouveaux mystères, nous constatons l’abondance de ses biens et son infinie prodigalité. Dieu, Maitre de la terre et du ciel, des univers et des galaxies est Grand.

Et son infinie grandeur, nous donne la mesure de notre profonde égalité.

Parce qu’on comprend parfaitement bien que lorsqu’on mesure les hommes à l’aulne de notre humanité, nous trouvons qu’il y a des petits et des grands, mais si nous mesurions l’homme avec l’Everest comme mesure, nous trouverions que nous faisons tous la même taille.

L’Emir Abd El Kader rapporte, dans sa lettre aux Français cette anecdote :
(Al-Râzi et Al-Amîdî sont des théologiens arabes du XII°siècles AP JC, Abù Ali ibn Sinâ est Avicenne)

Al-Râzi demanda un jour à Al-Amîdî :
- Pourquoi considère-t-on comme bon de mettre à mort des animaux et de les égorger au profit de l’homme ?
- Mettre à mort ce qui est inférieur pour l’utilité de ce qui est supérieur, c’est l’essence même de l’équité, lui répondit al-Adîmî.
- Donc reprit al-Râzi, il serait bon de t’égorger, toi, au profit d’Abu Ali Ibn Sînâ.

Al-Râzi ridiculise ici l’idée qu’il pourrait y avoir une justification dans le fait d’égorger des animaux en raison d’une supériorité de l’homme sur ceux-ci.
Il faudrait d’ailleurs en suivant ce raisonnement, déclarer que le carnivore est supérieur à l’herbivore, le lion supérieur à la gazelle. ce qui n’a évidement pas de sens.
Évidement, nous pouvons toujours déclarer que tel est supérieur à tel autre en raison de quelque attribut particulier. Par exemple, dire que le cheval est supérieur à l’âne en ceci qu’il court plus vite. Mais cette supériorité des uns sur les autres n’a de sens que relativement à notre condition de créature et à l’ordre de la création tel qu’il est voulu par Dieu, mais cette supériorité disparait face à l’immensité de Dieu dont l’infini grandeur révèle notre infinie petitesse.

Dans la main du créateur, l’homme qui tient le couteau et l’animal qui donne sa vie, participent de la même insignifiance et sont donc strictement égaux au regard Divin.

 Si nous ne pouvons arguer d’une quelconque supériorité de l’homme sur l’animal pour justifier l’égorgement de ceux-ci, il nous faut nous contenter de dire qu’il ne s’agit là que d’un fait de la nature, de l’ordre voulu par Dieu, qui a fait de l’homme un carnivore, comme Il a fait que le lion mange la gazelle.
 Cet acte n’a donc aucune justification particulière autre qu’il se constate comme faisant partie de notre nature humaine, comme par exemple le fait que nous marchons sur nos deux jambes.
 Et c’est ce qu’il faut comprendre de ce « Allahou Akbar », qui fait de Dieu, le Maitre de toute chose et la cause de notre nature.

 Si nous égorgeons des animaux, c’est que Dieu le veut.

« Au nom de Dieu »
Comprendre les noms de Dieu, dont « al akbar » dont nous venons de parler fait parti.
Les noms de Dieu ne sont pas des noms par lesquels on nomme Dieu, mais des attributs par lesquels Il se définit Lui-Même dans le Coran.
Si nous en connaissons 99, nous imaginons qu’ils sont d’un nombre infini ; ils se rapprochent plutôt des « idées » platoniciennes : ils sont en quelques sortes le vocabulaire et la grammaire de son Verbe grâce auquel Dieu crée.
Dieu dit que cela soit et cela est.
on retrouve ça par exemple dans le récit de la genèse, chapitre premier de la bible.

Ce qu’il faut comprendre ici, c’est l’importance du dire, c’est à dire de prononcer les paroles qui font que l’on participe de l’acte créateur et qu’on y participe par la mise en conscience de l’acte.
Tuer ici l’animal, fait bien parti de l’acte créateur, puisque c’est fait en respect de l’ordre naturel voulu par Dieu : ça participe de la chaine alimentaire de ce même ordre naturel : il se trouve que des bêtes en mangent d’autres et que l’acte de manger, c’est à dire de tuer pour vivre, est l’acte même de la vie qui puise sa propre énergie dans le vivant.
Mais plus, prononcer les paroles, c’est participer de l’acte créateur qui est acte du verbe, en plaçant l’acte en conscience de sorte que dans l’ordre voulu par Dieu, les différentes choses sont bien perçues comme étant à leur place sans qu’il y ai culpabilité.
Mais aussi, cela permet que l’acte , ne soit pas un acte inconscient fait de rage et de passions, mais bien un acte raisonné, lucide.
La formule rituelle permet de placer l’acte dans son contexte et de le vivre en accord avec soi, avec Dieu et avec la créature qui est tuée.
A mon sens, ces conditions ne sont pas respectées dans l’abatage industriel hallalisé.


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