@herve
-dans ce processus temporel
par nature, je place la structure étatique comme la conséquence de la
sédentarisation de l’homme et non l’inverse. La structure étatique naît et se
développe suite à cette sédentarisation, elle ne la précède pas.
------> Je suis
tout à fait d’ accord avec cela.
-Avant cette sédentarisation de l’homme, la structure étatique est
ce qu’on appelle « la loi de la jungle », l’équilibre naturel où les
animaux ne capitalisent ni ne sécularise l’espace de manière absolu mais
seulement relative selon leur propre existence. La structure étatique humaine
vise précisément à rompre cet équilibre naturel pour imposer le sien propre,
mais suite à sa sédentarisation.
------> Je vais vous répondre mot pour mot ce que j’avais
dit à Gueguen dans un autre fil : c’est l’Etat qui instaure la loi de la jungle,
il n’est pas apparu comme le prétendent les libéraux pour y mettre fin.
Pour Clastre , il existe d’ un coté sociétés à Etat, fondées sur
les relations de commandement-obéissance, propices donc au pouvoir comme
coercition et potentiel d’exploitation, d’une part et d’autre part les
sociétés sans Etat, où le pouvoir n’est pas coercitif, essentiellement les sociétés
archaïques.
Pour, lui le pouvoir politique est universel, immanent ou social,
et on distingue donc : pouvoir coercitif et pouvoir non coercitif.
Il énonce que dans la nature, la loi du plus fort, la relation de
domination est permanente, et la logique de commandement-obéissance est
omniprésente dans le règne animal. Or
donc, qui, dans ces conditions, est un peuple de nature ? Le peuple
« à Etat », ou le peuple « sans Etat » ?
Il affirme que les grands despotismes et systèmes sociaux
contemporains sont donc toutes des sociétés « à Etat », par
opposition par exemple aux chefferies amérindiennes.
Dans ces communautés archaïques le maintien du statut de
dépendance du chef à l’égard du groupe est un point essentiel. Le contraire
entraînerait une fin de la réciprocité et laisserait le pouvoir à
l’extérieur de la communauté, un pouvoir extérieur et créateur de sa propre
légalité qui représenterait un risque mortel pour le groupe car il pourrait
alors s’exercer contre lui. C’est précisément pour parer à ce risque de dérives
que ces communautés s’ingénient à dresser des obstacles devant la réalisation
pratique de l’autorité politique (comme par exemple coder le flux de leur
démographie).
Pour Clastres, la culture des peuples « sans Etat » est
donc celle qui, en refusant le pouvoir coercitif, refuse la loi naturelle,
fondée sur la domination du plus fort. Donc, sous cet angle, les peuples
« sans Etat », souvent jugés « peuples de nature », sont en
réalité plus éloignés de la loi naturelle que les peuples à Etat.