C’était en août 1994. Un ami de longue date, que j’avais connu très généreux envers les démunis, m’expliquait qu’il avait cessé de donner depuis qu’en décembre 1990, l’Etat – sous la présidence de François Mitterrand – s’était chargé de lui faire les poches avec la mise en place de la CSG – Contribution sociale généralisée.
Las ! Ne voilà-t-il pas qu’en janvier 1996, l’Etat – sous la présidence de Jacques Chirac cette fois – trouve bon d’en remettre une couche avec la CRDS – Contribution pour le remboursement de la dette sociale ?
Depuis, les finances de la France n’ont cessé de ressembler à un paysage lunaire : gouffres et cratères, avec quelques éruptions géologico-économiques dont on préfère oublier la lamentable altitude.
En cette année 2014, force est de constater que la tendance à la charité mal ordonnée s’est accentuée, voire accélérée. Au nom de quelle idéologie mortifère ?
Le contribuable sait-il, par exemple, qu’il paie pour que des clandestins soient logés à l’hôtel ?
Ces mêmes clandestins qui affluent par dizaines de milliers sur les côtes italiennes avant d’être « dispatchés » vers d’autres pays de l’UE ?
Logés à l’hôtel, mais pas dans un bouge parisien à 40 euros la nuitée : comme on connaît ses clandestins on les honore.
Le tout agrémenté, chaque mois, de quelques centaines d’euros d’argent de poche alors que, dans le même temps, d’honorables retraités se voient servir des pensions de 500 ou 600 euros mensuels pour avoir travaillé toute une vie !
Le contribuable sait-il que, pour la seule Ile-de-France, l’« hébergement d’urgence » concernerait à 80 pour cent ces clandestins, c’est-à-dire des gens qui, d’un point de vue strictement légal, n’ont rien à faire sur le territoire français ?
Voix off du choeur éploré des bien-pensants : « Clandestins-quel-vilain-mot-parlons-plutôt-de-sans-papiers ».
Voilà comment le détournement sémantique, arme redoutable au service de l’inversion des valeurs, permet de faire passer (sans jeu de mots) un clandestin – donc coupable de se trouver là où il est dans l’illégalité la plus flagrante – en un sans-papiers – ce qui en fait immédiatement une victime.
Dans le même temps, que fait-on des travailleurs pauvres, moins que smicards, qui dorment en foyer, dans une voiture, une embrasure de porte ou un parking ?
Il est grand temps que la charité redevienne ce qu’elle a toujours été avant qu’une morale universaliste et misérabiliste bouleverse un ordre universellement établi au nom du bon-sens : subvenir à ses besoins et ceux des siens AVANT de songer à partager le reliquat.
L’Etat français, dans sa poursuite effrénée du credo européen « le bien-être pour tous » – mais surtout les ‘pour tous’ venus d’ailleurs – préfère continuer d’ignorer le coût réel d’une immigration incontrôlée, tout comme il choisit de n’ouvrir qu’à moitié les yeux sur la gabegie engendrée par des institutions républicaines pléthoriques et redondantes, mille-feuilles dont les profiteurs ne sont pas les payeurs.
Au rayon du bricolage, l’Etat a choisi la tondeuse. Il est certes plus facile de s’attaquer à la bergerie qu’aux meutes de loups, élus ou cooptés, qui nous gouvernent et nous administrent.
En attendant, lesté de ces aberrations et de tant d’autres, le paquebot France continue de couler.