Ne te fâche pas. L’écriture permet de réfléchir et de poser ses idées. N’écris pas comme tu parles, et argumente.
Tu questionnes : irrécupérables ? Il faut toujours laisser sa chance à quelqu’un. Ce qui est sûr c’est que ce sera très dur d’en sortir ; ils sont en marge du système (lequel n’est pas bon, certes) car pas d’éducation, pas de culture, pas de savoir faire, pas de conscience, pas de famille, pas de religion, pas de travail, pas de statut social, pas d’avenir, pas de morale, pas de lois autre que celles qu’ils ont inventé à leur profit. Je parle toujours des dealers et consorts.
Mais comment aider le gamin de 10 ans dont les parents ne parlent pas français, sont au chômage ou gagnent mal leur vie, où l’école sert plus de garderie que lieu d’apprentissage, qui voit les dégradations (tags, carcasses de voiture, halls pisseux) au quotidien, et à qui l’on propose portable, fringues de marques ou argent pour faire le guet en même temps qu’il joue au bas de l’immeuble ?
Il connaît déjà les regards différents qui se posent sur sa peau basanée. C’est un environnement de haine qui s’offre à lui, un monde d’irrespect véhiculé depuis longtemps par un langage basique fait de gros mots.
Quelle chance a-t-il de s’en sortir, lui ? Sinon de sortir de sa cité, de sa banlieue, bref de fuir.
La cité est un problème architectural mêlé d’un problème social (le chômage) et culturel (le manque d’intégration) ; cela devient un ghetto quand on y regroupe les gens d’une même société. Le marché de la drogue y a trouvé son bonheur. Mais ce n’est pas en légalisant le cannabis qu’on atténuera les problèmes de fond.
Il faut réapprendre aux enfants les valeurs du respect, de l’effort et du mérite. Demandez-leur quels sont leurs modèles aujourd’hui ? Ce qui les fait rêver, et vous comrendrez mieux à la fois leurs aspirations et les limites de ces aspirations transmises par une boîte à images et une société de consommation aliénante.
Difficile d’être libre aujourd’hui ; mais prendre conscience de ce manque de liberté, c’est déjà un pas vers cette liberté.