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Commentaire de Trelawney

sur Manifestations, pièges à cons ?


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Trelawney 4 novembre 2014 18:01

En attendant de savoir pour quoi ils sont prêts à affronter la police, nos révolutionnaires feraient mieux de rester chez eux, c’est moins dangereux et tout aussi utile.

Dans toutes les démocraties il n’y a que deux façons contester. Soit on vote lors d’élections, soit on manifeste dans la rue.

L’élection est la méthode légitime pour marquer son désaccord. Mais il faut se rendre à l’évidence : notre libre arbitre a été escamoté par les pouvoirs en place qui nous offre un panel de représentants qui nous ne nous laisse que peu de choix, car l’un est la copie conforme de l’autre. Et c’est parce que l’on ne pouvait plus supporter Sarkozy qu’il a fallu choisir Hollande. Et Marine Lepen ne fera pas une meilleure lauréate une fois qu’elle aura eu le poste.

La manifestation est la façon brutale et légale de s’opposer à une loi, un événement ou une politique. Mais l’exercice est difficile, car le danger est le basculement vers l’émeute. Dans toutes les manifestations le pouvoir en place détermine si la manifestation peut changer quelque chose et si les éventuelles violences occasionnées peuvent permettre à ce pouvoir de reprendre la main. Si c’est le cas, il ne va pas se gêner pour provoquer ces violences et les forces de l’ordre sont suffisamment professionnelles pour savoir blesser (même des fois gravement) sans tuer.

Exemple 1 : le 25 janvier 2001 Lille

300 à 400 sapeurs-pompiers, voulant attirer l’attention sur la dégradation de leurs conditions de travail et défendre leur retraite, ont manifesté dans Lille dans le cadre des journées d’action nationales. Alors que la manifestation devant l’hôtel de ville se passait dans le calme, les CRS ont riposté violemment et un pompier eut la main droite arrachée par l’explosion d’une grenade assourdissante (grenade offensive). Onze pompiers furent blessés, quatre pompiers furent conduits au commissariat pour être poursuivis pour violences contre les forces de l’ordre, rébellion et troubles à l’ordre public.

Il est clair que la violence des CRS n’était pas anodine. Ils agissaient sur ordre afin de focaliser les médias sur les violences et pas sur les revendications légitimes des pompiers

Exemple 2 : Barrage de Sivens

Le conseil général du Tarn décide la création d’une retenue d’eau pour alimenter les cultivateurs de maïs. Les opposants au projet le font savoir et use de tous les recours pour annuler ce projet couteux et inutile. Le pouvoir local composé de politiques locaux et départementaux, de syndicats agricoles et d’entrepreneurs de travaux publics, ayant tous des intérêts financiers dans la compagnie des eaux, les SEM et autres organismes en charge de ce projet font le forcing pour mettre l’état devant le fait accompli et engagent le démarrage des travaux sans attendre le rapport d’expertise du gouvernement. Les écologistes occupent le terrain, le préfet à la demande du président du conseil du Tarn envoi des gendarmes mobiles qui ripostent violemment dans un endroit ou la protection des biens et des personnes n’est pas en danger. Normalement les médias aurait fait leurs choux gras des violences entre les policiers et les « casseurs » et on en serait resté là et le barrage serait construit. Une grenade offensive lancée par un gendarme s’accroche sur le sac à dos d’un manifestant et explose le tuant net. On a maintenant la preuve que dans la demi-heure qui a suivi cet événement tragique le ministre de l’intérieur était informé et forcément le président de la république. Ils ont mis plus de 48H à réagir, laissant au bon soin des médias de disserter sur l’utilité de risquer sa vie à manifester. Il faut aussi noter qu’avant on a eu un cavalcade d’hypothèses journalistiques du genre :

  • on ne sait rien du manifestant c’est peut être un casseur

  • Il a peut-être été tué par un casseur

  • Il a été découvert quelques heures après les faits etc. etc. etc.

Le jour où les journalistes sauront quelque chose n’est pas prêt d’arriver. On ne peut d’ailleurs pas leur en vouloir car ce n’est pas leur métier de savoir.

Quoiqu’il en soit vous êtes là à pondre un article sur les biens fait de la manifestation qui est tout simplement la seule représentation de ce que l’on appelle « démocratie participative » en terminant par « la police ne sera certainement pas fâchée de faire autre chose. ». C’est un peu pathétique !


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