De nos jours on utilise le terme « intolérance » à toutes les sauces. Puisqu’on est dans les anecdotes personnelles rapportées, je vais illustrer mon affirmation par un exemple :
Une amie, ou disons plutôt une connaissance de ma femme, s’est un jour plainte de « l’intolérance » dont elle a été l’objet, un jour qu’elle avait emmené sa fille de deux ans et demie au restaurant. Il se trouve que cette femme fait partie des mamans qui éduquent leurs enfants sans leur imposer aucune règle ni aucune restriction. Or, ce soir là, sa fille avait décidé de hurler et s’en donnait à coeur joie sans que sa maman fasse rien pour l’arreter. L’ayant déjà vue à l’oeuvre, je peux vous dire que ça n’a pas dû faire du bien aux oreilles des autres clients. Il se trouve que cette maman est sourde (ce qui explique le fort volume sonore des hurlements de sa fille), et qu’elle a lu sur les lèvres de ces derniers, qui étaient indisposés, qu’ils se demandaient entre eux pourquoi elle ne faisait pas taire sa gamine. Elle a été scandalisée par ce qu’elle n’a pas hésité à qualifier « d’intolérance » de la part de ces gens. Pour clore l’anecdote, je signale également qu’il s’agit d’une pratiquante de cette forme récente de maternage intensif, au point de faire dormir sa fille dans le lit conjugal, au détriment de la vie sexuelle de son couple. Elle trouve que son mari, qui a l’outrecuidance de s’en plaindre (pas de crac-crac depuis deux ans et demie, quand même...), fait preuve d’une intolérance singulière envers ses choix d’éducation.
Donc tout ça pour dire que dans votre histoire vous assistez à un cas d’intolérance qui se manifeste par un manque d’indulgence envers une femme à qui on aurait pu passer, vu son état de santé, d’étendre son pied sur une banquette, et qu’ensuite vous partez dans une réflexion générale sur l’intolérance dans la société, qui ferait tant de mal. Est-il tout de même permis de signaler qu’il n’y a aucun rapport entre l’une et l’autre de ces formes d’intolérance ? La première est une rigidité sur les principes et un manque d’empathie face à un acte généralement perçu comme incivil mais qui dans ce cas trouve une excuse, et la seconde est un rejet a priori de l’ensemble d’une culture, d’une appartenance politique, religieuse, voire ethnique. Dès lors, votre conclusion, qui oriente tout l’article, est abusive, ce qui rejaillit sur tout l’ensemble.