La seule difficulté que je vois pour cette belle idée, c’est que nous savons tous que les candidats aux « tentatives » de suicides, ne sont pas les mêmes que les suicidés, qui ne se ratent pas ; et cette pulsion, au moins pour ceux et ce que je connais , cette pulsion, donc, est, comment dire, irrépressible, immédiate. Un scénario qui se resserre, se comprime, c’est pourquoi je pense à l’ego qui coince totalement le passage. Je pense qu’avant, on ne le sait pas ; tous les suicidés que je connais n’en avaient jamais fait de tentative.
Il n’y a que les psys, à supposer qu’ils le sentent, qui pourraient, au moins pour leurs clients, ouvrir cette perspective !
Ce que je vois, pour en revenir à mon histoire, c’est que la peur s’instille sans préavis et que celle-ci, inconnue jusqu’alors, mine.
Nous sommes susceptibles de vivre des « causes de névroses » à n’importe quel âge ; il suffit que l’inconnu nous tombe dessus et nous laisse sans défense.
Quand il n’y a pas le langage ou, surtout, la capacité de distance que nous donne le mental, c’est la névrose, ou la psychose assurée.
Je vis des états paranoïdes inimaginables il y a peu ! et c’est physique, pas du tout une histoire qu’on se raconte. Je comprends la fabrication d’une névrose, je la vis de l’intérieur, ou par l’extérieur- et il y a là quelque chose de terrorisant !
Il faut dire que j’étais vierge comme un jeune enfant, face à ce qui m’est tombé dessus. J’en parle, parce qu’il est bien évident que je ne suis pas la seule à qui cela arrive, mais, à ma connaissance, personne ne l’a jamais décrit de l’intérieur !
Je connais la sidération et la perte du langage, je connais les douleurs comparables à celles d’une péritonite aiguë ( que j’ai connue) , je connais les jambes qui tremblent et nous font chanceler.
J’ai connu la peur, oui, désormais atténuée, comme s’atténue les chocs après que la névrose infantile s’est installée.
Donc, mon cas n’est pas exemplaire du suicide ; parce que, comme vous, j’ai fait un pacte avec la vie.
Je dois dire qu’une autre peur s’ajoutait, celle de péter un plomb, de dire ou faire ce qu’il ne faut vraiment pas, et d’être embarquée en HP ou en taule ! Et toute mon énergie tendait à éviter une crise, en public ; chez moi, je me lâchais, pour m’alléger !!
Un surmoi costaud, c’est utile, très, dans ces moments là !