La
France n’est plus une république.
La
France n’est plus une démocratie.
En
réalité, ce sont 2000 familles qui ont tous les pouvoirs.
En
réalité, ces 2000 familles forment la nouvelle aristocratie.
La
nouvelle aristocratie subira le sort de l’ancienne aristocratie.
Ils
finiront la tête au bout d’une pique.
Lisez
cet article :
Bienvenue
dans la bulle.
L’un
est secrétaire général de la présidence de la République, et
l’autre, l’un des principaux leaders de l’opposition. Pourtant,
quand Jean-Pierre Jouyet et François Fillon déjeunent, ce sont deux
amis – deux anciens collaborateurs, même – qui se retrouvent
dans un restaurant proche de l’Elysée… Retour sur cet entre-soi
auquel « Marianne » consacre un dossier dans son numéro
actuellement en kiosques.
Le
20 octobre au matin, les Français ont appris le décès
accidentel du PDG de Total, Christophe de Margerie, et ceux qui
regardaient France 2 ont aussi appris que le grand patron était
un proche du ministre de l’Economie, Emmanuel Macron. «
C’est un ami que je perds »,
a expliqué le jeune hôte de Bercy, visiblement ému.
En
entendant cela, l’un de ses collègues du gouvernement a failli
s’étouffer avec son café du matin... «
Il pouvait saluer le capitaine d’industrie, l’homme jovial, mais
expliquer aux Français qu’il pleurait son-ami-le-symbole-du-CAC, où
avait-il la tête ?... Il est ministre de gauche - ministre de
gauche, ça veut dire quelque chose quand même, non ? »
Au
moins Emmanuel Macron a-t-il le mérite de la sincérité... Rejeton
revendiqué à la fois par Jean-Pierre Jouyet et par Jacques Attali,
le jeune inspecteur des finances a été biberonné au lait du
Tout-Paris et aux douceurs de l’entre-soi. Un bébé « bulle »,
comme le monde clos et déconnecté dans lequel il évolue et où
l’ont propulsé ses deux Pygmalion...
«
Tout change. Rien ne change. Les crises et les présidents se
succèdent, mais il fait toujours bon dans le petit jardin de Jacques
Attali »,
ciselaient récemment nos confrères du Point
dans un article décrivant les dîners «
sans tralala »
organisés par l’ancien sherpa de Mitterrand, dans lesquels
grenouillent - avec élégance et simplicité - politiques de droite,
de gauche, grands patrons, éditorialistes chic et chocs, mais où
chacun est prié de laisser ses opinions et ses dissensions à la
porte. « Dans cette
maison, on est en terrain neutre »,
surenchérit Attali.
Comme
chez les Jouyet, Jean-Pierre - secrétaire général de l’Elysée -
et son épouse Brigitte, auxquels le
Monde,
cette fois, a récemment consacré un portrait éloquent.
Chez eux, « les
soirs d’élections, que la gauche ou la droite l’emporte, on trouve
toujours une moitié de convives pour fêter la victoire au champagne
rosé... Taittinger ».
Car
Madame Jouyet, née Brigitte Taittinger, est de la famille de la
célèbre maison des champagne Taittinger. Tout comme l’était
Christophe de Margerie, son cousin, l’ami d’Emmanuel Macron, disciple
de Jean-Pierre Jouyet. Vous suivez ?
Dans
son article sur les obsèques du patron de Total, justement, Paris
Match dresse un
portrait chirurgical
de cette « caste au
pouvoir », ces «
brahmanes républicains, discrets et courtois, qui tiennent la
France. [...]
2 000 familles
bon chic bon genre, qui n’ont même pas besoin de se connaître pour
se reconnaître ».
C’est
ainsi. Le collègue outré d’Emmanuel Macron a beau en recracher son
café, « ministre de
gauche », ça ne
veut plus vraiment dire grand-chose.
«
Du fait de l’épuisement des grandes divisions horizontales nées de
la Révolution française (droite et gauche), nous revenons aux
divisions verticales (haut et bas) définies au XVIe siècle par
Guichardin qui opposait le
palazzo à la
piazza [le palais à la place] »,
analyse l’essayiste Jacques de Saint Victor, dans la
Revue des deux mondes.
Guichardin
- Guicciardini pour les italophones -, contemporain méconnu de
Machiavel, écrivait : «
Il existe souvent entre le palais et la place un brouillard si épais
ou un mur si massif que, le regard des hommes n’y pénétrant pas, le
peuple en sait tout aussi long sur ce que fait celui qui gouverne ou
sur les raisons pour lesquelles il le fait que sur les affaires des
Indes. »
C’était
il y a cinq siècles.
http://www.marianne.net/Bienvenue-dans-la-bulle_a242750.html