« ...et même quoi que ce soit, au
risque que ce soit n’importe quoi. »
Mais le Front national est loin d’être n’importe
quoi. C’est même tout le contraire : ce sont des assemblées de milliers de
personnes qui scandent « On est chez nous ! On est chez nous ! » Et
cela, c’est énorme.
Lisez donc ce qu’en disait, l’autre jour, à C’dans
l’air, Claude Weill, intellectuel de gauche garanti grand teint :
- Il faut bien voir que ce slogan a
une force extraordinaire. D’une certaine façon, il résume tout à lui tout seul,
- en termes de marketing politique, c’est génial -, c’est-à-dire que tout est
dit. Tout est dit de la peur de l’invasion, de la détestation de l’Europe, de l’horreur
de la mondialisation, du sentiment que l’identité française est en train d’être
pervertie par un libéralisme sans frontières, que les travailleurs français voient
leur emploi menacé soit par les délocalisations, soit par la concurrence de la
main d’œuvre immigrée.
Or, ce slogan, que personne - même pas Sarkozy - n’osera voler au Front
national, il faut le mettre en parallèle avec
deux chiffres extraits du sondage réalisé, en décembre 2013, pour la
rédaction du Rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits
de l’homme :
- il y avait trop d’immigrés en France pour 74 % des sondés
- en France, on ne se sentait plus chez soi comme avant pour
60 % des sondés
Par conséquent, vous imaginez sans peine l’impact de ce
slogan – qui contient tout ! - dans les chaumières et les foyers français,
auprès de gens qui ne votent pas (encore) Front national.
Claude Weill, lui en tout cas, a perçu le danger, alors il ajoute :
« …toutes les menaces réelles ou
fantasmagoriques de la construction « Front national » sont contenues
dans cette phrase, dont je pense qu’il faut vraiment la déconstruire - ce n’est
pas le lieu ici – parce qu’elle dit énormément de choses de cette angoisse
contemporaine, de cette peur de la perte d’identité de la France dans le monde
d’aujourd’hui, que le marinisme incarne. »
Malheureusement
pour les ennemis du Front national, ce slogan, comme tous ceux qui rencontrent
un écho puissant dans le subconscient des gens, n’est pas déconstructible.
C’est dans
ces cinq mots que réside la plus sûre promesse d’avenir pour le Front national.
« Ils » pourront toujours lui opposer des raisonnements, des
théories, des statistiques, nous, nous avons appris de Gustave Le Bon que :
« Les sentiments se combattent avec des sentiments ou des représentations
mentales de sentiments, jamais avec des raisons. »
Souhaitons
donc bien du plaisir aux déconstructeurs.