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Commentaire de Lucadeparis

sur Etienne Chouard : diaboliser l'élection pour mieux promouvoir le tirage au sort (Partie 1)


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Lucadeparis Lucadeparis 6 décembre 2014 08:40

Logan écrit :
"Il vous objectera que les médias en France sont plus puissants. Alors je lui demanderai de se rappeler le référendum de 2005 et la victoire du « non » alors que tous les médias faisaient la campagne du « oui »."
La réponse est simple, dans une démocratie réelle où il y aurait eu iségorie (égalité du temps de parole dans les deux camps), les Français n’auraient pas voté à 55% contre mais à 95% contre. Les oligarques croyaient que leur puissance médiatique était suffisante, sinon ils seraient directement passés au congrès.
Moi-même, j’ai voté pour à cause de la façade. Si j’avais été conscient du contenu, et surtout du nerf de la guerre de la ploutocratie réelle que nous avons, c’est-à-dire du contrôle de la création monétaire, j’aurais voté contre. C’est la découverte de cette arnaque (dans mon cas en 2008, en particulier grâce à André-Jacques Holbecq et Philippe Derudder) qui m’a fait devenir démocrate, et c’est le second thème principal de Chouard, nullement évoqué ici. Logan n’a pas conscience de ce point capital, ce qui affaiblit radicalement son argumentation.
Les faux monnayeurs légaux concèdent des miettes pour acheter à bas coût la paix sociale dont ils profitent. Ce n’est pas pour rien qu’il n’y a plus de grand mouvement social de grève depuis celui contre le plan Juppé en 1995, ni que l’ex dirigeante du syndicat CFDT, Nicole Notat (qui a soutenu ce plan Juppé), est devenue présidente du Club le Siècle. La direction des syndicats est noyautée, corrompue.
Tocqueville a écrit : «  Je ne crains pas le suffrage universel : les gens voteront comme on leur dira.  ». Et même, le dernier des très rares référendums que nous ayons eu, a été trahi.

Danielle Mitterrand relata ses conversations avec son époux président « Socialiste » : «  « Pourquoi maintenant que tu en as le pouvoir ne fais-tu pas ce que tu avais promis ? » Il me répondait qu’il n’avait pas le pouvoir d’affronter la Banque mondiale, le capitalisme, le néolibéralisme. Qu’il avait gagné un gouvernement mais non pas le pouvoir. J’appris ainsi qu’être le gouvernement, être président, ne sert pas à grand-chose dans ces sociétés sujettes, soumises au capitalisme. » (Paris Match N° 2441, 7 mars 1996).

Nous ne sommes pas en démocratie mais en aristocratie élective. Denis Jeambar écrit que « l’article 27 de la Constitution française dit, formellement, que « tout mandat impératif est nul ». En clair, les promesses électorales n’engagent en rien ceux qui les font. » (Un Secret d’État, Odile Jacob, 1997, p. 18) .

La trahison mittérandienne a commencé avant 1983. Dès 1982, Jacques Delors faisait cesser l’indexation des salaires sur l’inflation, faisant craindre l’inflation aux travailleurs plutôt qu’aux rentiers, et « favorisant » ainsi le chômage et les capitalistes.

Logan a beau jeu de parler des nationalisations au début de la présidence Mitterrand. Lionel Jospin a fait tellement de privatisations qu’il omet, invoquant l’avancée de la loi sur le temps de travail hebdomadaire à 35 heures, alors que les salariés à plein temps en France travaillent en moyenne 40,7 heures par semaine, et qu’une pression s’est faite sur la productivité horaire, les pauses, qui a des effets délétères.

Enfin, j’invite l’auteur à lire 21 siècles de définition de la démocratie par le tirage au sort, et de l’élection comme d’essence aristocratique, d’Aristote à Montesquieu en passant par Spinoza. La novlangue mensongère appelant notre système « démocratie » date des premiers partis politiques états-uniens, il y a deux siècles, s’appelant « démocrates » par électoralisme.

En démocratie, il ne s’agit pas d’abandonner la souveraineté à des tirés au sort, mais lorsque la population est trop nombreuse, à constituer des assemblées statistiquement représentatives, qui pourront coordonner, rédiger des propositions, qui seraient validées par la population souveraine dans des référendums, car on peut être des millions à approuver ou désapprouver, mais pas des millions à rédiger.


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