Etienne Chouard : diaboliser l’élection pour mieux promouvoir le tirage au sort (Partie 1)
Etienne Chouard vient de publier sur son blog et dans les réseaux sociaux des vidéos d’argumentaires contre l’élection et pour le tirage au sort.
C’est pour moi l’occasion de questionner la pertinence de ses arguments et d’essayer de déconstruire sa réflexion, afin d’en démontrer les travers et les défauts.
Comme il y a plusieurs vidéos, je ferais plusieurs articles.
Pour cet article, je me base en partie sur les arguments qu’il partage dans cette vidéo : « l’argument de la grande taille du pays » :
I. L'élection serait un abandon de pouvoir
L’élection politique qui déjà est une supercherie parce qu’elle consiste à abandonner son pouvoir à un représentant, ce qui est dégradant.
1. Un parti pris anti-élection.
Etienne Chouard confonds plusieurs choses dans cette phrase.
Il mélange une réflexion qui se veut visiblement généraliste sur l’élection avec la façon dont nous l’utilisons aujourd’hui dans nos institutions. Un peu comme si c’était la seule utilisation possible. Comme si cette utilisation était indépassable.
Donc d’office il écarte d’une main toute utilisation alternative de l’élection.
Et parce que ce serait la seule utilisation possible, il mélange tout ce qui entoure l’élection, les règles, les mécanismes avec l’élection elle-même, tandis qu’il fait bien le discernement entre le tirage au sort d’une part et les règles qui l’entourent d’autre part, notamment en insistant sur les mécanismes qui servent à contrôler les tirés au sort.
Pourtant, qu’est-ce qui pourrait bien nous empêcher d’associer de tels mécanismes de contrôle à l’élection et aux élus ?
Etienne Chouard va plus loin, il prétend que ces mécanismes de contrôle sont inhérents au tirage au sort. Mais pourtant les institutions et les éventuels mécanismes de contrôle sont des choix politiques, il n’y a pas de systématisme, les gens peuvent très bien ne pas en mettre en place, pas assez, ni même les bons. En quoi serait-ce différent pour l’élection ?
Si vous lisez le livre de Mogen H.Hansen : La démocratie athénienne, à l’époque de Démosthène, vous y apprendrez que la société athénienne a changé de nombreuses fois d’institutions, parfois à cause de guerres et de changement de gouvernements. Mais aussi parce qu’ils apprenaient de leurs expériences passées et qu’ils essayaient de les améliorer constamment. Cela parait évident lorsqu’on y réfléchit, mais il n’y a pas d’institutions « en kit » prêt à l’installation et à l’utilisation, il n’y a donc pas non plus de mécanismes de contrôle pré-établis associés au tirage au sort.
EC a une idée sur les contrôles qu’il faudrait mettre en place, en s’appuyant sur l’expérience athénienne et donc en quelque sorte en prolongeant leur réflexion. Mais ses idées ne font pas règle.
D’une société à l’autre, même si les institutions peuvent être similaires, elles sont différentes, et les mécanismes de contrôle mis en place varient beaucoup. Pour prendre un exemple, il suffit de comparer le système électoral américain et le système électoral français, l’un autorisant totalement le financement des campagnes par des sociétés privés, le nôtre l’interdisant totalement.
Les ateliers constituants sont en cela très éloquents, car ils sont une sorte de laboratoire. Même si on va s’entendre sur le diagnostic et les problèmes qu’il faut résoudre, et que l’on demande à un groupe de réfléchir à des solutions, d’imaginer les bonnes institutions et les bons mécanismes de contrôle à écrire dans la constitution, à moins d’avoir déjà creusé la question, chacun va imaginer une solution différente.
Peut-être qu’Etienne Chouard voit cette inhérence dans la méfiance plus grande des gens (à tort ou à raison) vis-à-vis du hasard.
Mais dans ce cas, pourquoi une telle différence :
- On se méfie du tirage au sort donc on imagine des mécanismes de contrôle pour en éviter les abus et les dérives.
- On se méfie de l’élection, mais là on écarte tout de suite l’idée de mettre en place de tels mécanismes, on rejette tout en bloc … Pourquoi ?
Bref Etienne Chouard part du principe que les abus / problèmes posés par le tirage au sort peuvent être résolus, mais visiblement pas pour l’élection.
Pour moi il y a ici un parti pris qui ne relève pas de la réflexion. Sinon que l’on me montre des éléments qui démontrent qu’EC aurait creusé la question en vain. Personnellement je n’en ai pas connaissance, et pourtant j’étudie ses travaux depuis longtemps.
2. Election et abandon de pouvoir.
Maintenant, revenons sur cette idée où l’élection serait (ici systématiquement et en général vu qu’il ne prend pas la précaution de préciser le contraire) un abandon de son pouvoir de citoyen.
Si nous prenons nos institutions actuelles, cette affirmation a une part de fondement c’est vrai, tout le monde partage ce sentiment d’impuissance et chacun peut observer comment de nombreux élus trahissent très souvent leurs promesses de campagne, comment les élus prennent des décisions qui nous engagent tous sans nous consulter et alors qu’elles consistent à appliquer la volonté de lobbys, d’intérêts privés qui n’ont rien avoir avec la volonté générale et qui vont souvent à l’encontre de l’intérêt général.
Exemple lorsqu’ils votent des traités européens, lorsqu’ils décident de sauver les banques avec l’argent publique sans leur demander de contreparties, ou encore lorsqu’ils décident d’autoriser les paris en ligne juste avant la coupe du monde de football.
Mais en parlant d’abandon systématique, c’est mensonger. Bien que voter pour désigner un représentant implique de ne pas participer aux futures décisions soi-même, cela permet quand même d’influer indirectement sur les futures décisions qui seront prises.
Si on fait gagner un candidat plutôt qu’un autre, on influe indirectement sur les politiques qui seront menées. Par exemple sur l’UE, Sarkozy et Hollande ne changeront rien peu importe ce qu’ils disent, ils adhèrent à son évolution actuelle, Mélenchon désobéirait aux traités européens, le Front national rétablirait le franc, et eux il n’y a pas de raison de douter de leur détermination sur ces sujets.
De plus voter pour certains candidats (Hollande Sarkozy) c’est très clairement accepter l’abandon dont il parle, des gens ont pleinement conscience qu’il s’agit de laisser faire, de se laisser diriger, et ça leur convient …
Mais voter pour d’autres candidats comme Mélenchon qui propose d’organiser une constituante, d’organiser des référendums etc … C’est tout le contraire d’un abandon. C’est très clairement un moyen de récupérer / d’étendre le pouvoir des citoyens.
EC nie complètement le choix et donc la participation indirecte qu’implique l’élection.
Il n’imagine qu’une seule forme de représentation, celle où on donne un chèque en blanc et où on laisse faire.
Mais si on doit parler de l’élection en générale, alors on doit aussi parler de la représentation en générale, et force est de constater qu’il y a aussi des gens qui se font une haute idée de la politique et de la représentation, et qui font ce qui a été décidé à l’avance et validé par les citoyens, qui consultent les citoyens si nécessaire, si ils sont amenés à prendre une décision qui sort du cadre de leur mandat, qui représentent vraiment les gens qui les ont élus et qui respectent et honorent la responsabilité qui leur a été donnée, qui s’évertuent bel et bien à défendre l’intérêt général.
Alors effectivement, on ne peut pas uniquement se baser sur la confiance, on ne peut plus se leurrer sur notre capacité collective à distinguer le bon grain de l’ivraie, car le résultat est là, les politiciens vertueux sont les moins nombreux de leur espèce.
Mais c’est justement un principe auquel je pense chacun souscrit, on ne peut pas se contenter d’essayer d’identifier qui est vertueux et qui ne l’est pas. Le problème ce n’est pas à qui on va confier le pouvoir, mais le pouvoir lui-même. On a besoin d’imaginer des règles et des institutions qui obligeront les personnes qui exerceront réellement le pouvoir, peu importe qu’ils soient vertueux ou non à agir de manière vertueuse, qui empêcheront les abus de pouvoir, qui empêcheront les dérives ou qui nous autoriseraient des recours efficaces.
Dans ce cas qu’est ce qui nous empêche de contrôler ce que font nos représentants élus une fois qu’ils sont au pouvoir, de se donner justement suffisamment de contre-pouvoirs pour empêcher qu’ils puissent faire le contraire de ce pourquoi ils sont élus ou pour corriger des décisions qui ne nous conviennent pas ???
3. Le côté dégradant de la représentation.
La représentation consiste d’une manière générale à désigner une ou des personnes pour porter la parole ou appliquer la volonté de tout un groupe. Cela n’a rien de dégradant pour les membres de ce groupe. C’est une action collective qui a pour but de servir le groupe. Lorsque vous allez avec des amis au cinéma, ne vous est-il jamais arrivé, plutôt que de tous faire la queue, de confier la responsabilité à l’un d’entre vous d’acheter les places pour tous les autres ? Avez-vous trouvé cela dégradant ou plutôt fort utile ?
La représentation n’a rien non plus d’incompatible avec la participation du plus grand nombre aux institutions si on suit le principe « représentation seulement quand c’est nécessaire ». Cela n’oblige aucunement les gens à n’avoir comme activité politique que le vote lors des élections.
Si la réduction des citoyens de manière de plus en plus prononcée au seul statut d’électeur est incontestable, par contre sur quelles bases EC relie-t-il la représentation comme seule et unique cause d’une telle dérive, et de manière systématique ?
Bourdieu explique cette passivité grandissante des citoyens par la façon dont est organisé le débat publique, l’organisation des principaux partis politiques, le rôle joué par les médias et en particulier la télévision etc … Sa thèse étant que tout dans la société tend à transformer le citoyen en consommateur, ici en consommateur de politique.
Marx, quand à lui, expliquait déjà ce phénomène à son époque par le peu de temps que laissaient les capitalistes aux travailleurs pour réfléchir à leur propre condition et participer aux activités politiques, notamment en les accablant de travail.
Je crois effectivement que le problème n’est non seulement pas qu’institutionnel, mais qu’en plus il ne vient pas de la représentation en elle-même mais plutôt de tout ce qui l’encadre.
II. Le problème de la grande taille du pays.
L’élection est extrêmement mal adaptée à la grande taille.
1. Le besoin de représentants.
EC pose la question : "est-ce qu’on a besoin de représentants ?"
Pour lui, la réponse est clairement non.
Pour moi, c’est là qu’intervient le problème des distances qui nous séparent et celui de notre nombre, bref de la grande taille de notre pays.
EC ne voit que le mauvais, les possibles dérives, dans la représentation par l’élection, en niant carrément l’existence de solutions pour y remédier. Il ne cherche même pas à en comprendre ses fondements.
Mais pourquoi utilise-t-on la représentation à la base ?
La participation de tous ne pose pas de problème lorsqu’il faut voter, on peut tous le faire le même jour, quasiment en même temps et en parallèle, et les évolutions techniques nous permettent de publier les résultats le soir-même voir le lendemain.
Ceux qui vont nier le problème de la taille vont généralement réduire la démocratie au vote afin d’écarter la question d’une main.
Mais le problème se pose lorsqu’il s’agit de débattre et de transmettre des informations. Lorsque quelqu’un parle, les autres ne peuvent pas parler en même temps.
La démocratie implique forcément l’organisation d’un débat publique. On ne peut pas prétendre à la participation de tous si à côté on ne se donne pas les moyens pour que tout le monde soit bien informé des tenants et des aboutissants pour chaque question posée, si on ne permet pas à toutes les opinions dissidentes de s’exprimer et à tous les citoyens d’en prendre connaissance avant de faire leur choix.
Et pour cela on ne peut pas se contenter des relations physiques, à cause des distances et de l’inefficacité du bouche à oreille, on a besoin de médias de masse qui nous relient et qui nous permettent de communiquer avec le plus grand nombre, si possible instantanément.
Pour comprendre le problème, il suffit de faire un simple calcul : multipliez le nombre d’adultes, c’est-à-dire 50 millions en arrondissant, par le temps de parole que vous leur accordez dans le débat publique, disons 1 minutes pour faire simple. Alors il faudra 50 millions x 1 minute, soit 50 millions de minutes, soit 833000 heures, soit 34722 jours, soit 95 années pour que tout le monde puisse parler chacun à son tour … La plupart d’entre nous seraient déjà morts de vieillesse avant d’avoir entendu tout le monde …
Et la multiplication de médias n’apporte pas de solutions, car le problème se pose aussi dans l’autre sens, on ne peut écouter plusieurs personnes en même temps.
La solution apparait lorsque l’on prend conscience que beaucoup de personnes sont plutôt d’accord entre elles et qu’elles disent plus ou moins la même chose. Il ne sert à rien de les faire se répéter, c’est du temps de perdu. Aussi, si ces gens commencent déjà par se regrouper entre eux et qu’ils désignent quelqu’un pour les représenter et porter la parole commune de leur groupe, alors l’organisation d’un vrai débat publique et démocratique à l’échelle de toute la nation devient possible.
Contrairement à ce que prétend Etienne Chouard, la représentation résout le problème de la grande taille du pays. C’est d’ailleurs la principale raison qui la justifie.
Autrement, si on peut se passer de représentation, vu tous les problèmes qu’elle pose, ce sera toujours préférable.
La légifération, c’est-à-dire la confection de la loi, est par exemple un processus décisionnel qui suppose forcément l’organisation d’un débat avant chaque décision.
2. L'exercice du pouvoir.
Enfin, le problème de la taille se pose aussi lorsqu’il s’agit d’exercer le pouvoir. Car peu importe toutes nos considérations, s’il y a un invariant dans tous les régimes politiques, car on ne peut faire autrement matériellement, à un moment ou à un autre, pour appliquer une décision, on ne peut pas tous le faire, il va falloir désigner qqun parmi nous. La représentation devient donc indispensable.
Parfois, il faudra que cette personne ait des compétences précises, un savoir-faire.
Parfois, il faudra que cette personne partage les idées et les convictions qui sont derrière la décision à appliquer.
Dans ces deux cas, on ne peut pas tirer au sort n’importe qui, il faudra le désigner directement, on aura donc forcément besoin d’utiliser l’élection.
Les athéniens avaient compris cela et ils utilisaient l’élection pour différentes tâches.
Parfois, n’importe qui conviendra, il faudra simplement s’assurer qu’il fasse bien ce qui a été demandé, et on pourrait très bien effectivement utiliser le tirage au sort.
Personnellement, selon les situations je vois des avantages et des inconvénients à utiliser l’élection ou le tirage au sort, et dans un cas il vaudra mieux utiliser l’un plutôt que l’autre. C’est pourquoi je ne comprends pas pourquoi Etienne Chouard oppose ainsi les deux modes de désignation.
Mais si je suis certain d’une chose, c’est que peu-importe les systèmes que l’on voudra imaginer, et on s’en aperçoit aussitôt que l’on pose ces problèmes sur la table, ces problèmes sont matériels, ils se poseront toujours, et si on ne les résout pas, on ne réussira simplement qu’à les déplacer. Ainsi à chaque fois que l’on pensera les avoir « contourné », cela aura forcément un prix. Comme on dit : « rien ne se perd tout se transforme ».
Par exemple, lorsque EC envisage de remplacer l’élection par le tirage au sort pour le processus législatif, alors le prix à payer, et il n’est pas des moindres, c’est la participation de tous à la confection de la loi, et donc la démocratie elle-même. Même si certains arrivent à s’en persuader, avoir une chance égale d’être tiré au sort n’équivaut pas à une participation égale aux décisions. Utilisé ainsi, le tirage au sort exclurait l’immense majorité de la population des décisions collectives. Après Je peux comprendre que l’on pense qu’un tel système soit meilleur que notre système actuel. Tout comme certains pensent que le meilleur système est la monarchie. Chacun ses croyances. Mais par contre il faut être honnête et éviter d’appeler ça « démocratie », c’est ce qu’on appelle une « stochocratie ».
Après, puisque la taille pose problème, certains sont tentés de carrément la supprimer, par exemple en divisant la France en petites communes autonomes, pensant ainsi déplacer astucieusement le problème des institutions à une échelle identique à celle de l’Athènes antique.
Seulement si l’idée est d’organiser la France en fédération de communes, alors le problème posé par la grande taille du pays est simplement déplacé au niveau des relations entre les communes et la fédération, ou entre les communes elles-mêmes. Ceux qui défendent ce genre de système vont sans le dire utiliser la représentation, mais d’une manière encore plus indirecte qu’actuellement, en multipliant les degrés de représentation. Hors tout le monde connait le principe du téléphone arabe … Avec ce système, rien n’est résolu. La représentation reste indispensable et des tas de nouveaux problèmes se posent.
Et si l’idée est carrément de détruire la nation française et de la faire exploser en états-nation autonomes, c’est certain, du coup il n’y a plus de problème de grande taille ;) Mais du coup on n’est plus un seul et même peuple. Bref c’est un autre débat.
III. L'argument de la proximité.
1. La proximité et la possibilité de contrôler les élus.
EC loue les vertus de la proximité. On croirait presque entendre les députés qui essaient de justifier le cumul des mandats.
Mais je ne vois pas en quoi le fait que l’on connaisse ou non la personne change quoi que ce soit.
Peu importe que l’on soit à 2 km, 200 km, ou que l’élu soit à l’autre bout du globe, on n’est jamais avec lui de visu pour le surveiller … Ce n’est pas parce qu’on le croise de temps en temps que nous sommes plus en position de contrôler ce qu’il fait. Quant à l’observation que l’on peut faire des conséquences des politiques qu’il mène, à partir du moment où elles nous touchent, nous ou les gens qui nous entourent, peu-importe d’où proviennent les décisions, c’est du pareil au même.
Tout ce que l’on peut faire c’est lui demander de rendre des comptes, et de vérifier à postériori ce qu’il a fait depuis qu’il occupe la fonction … EC prétend qu’il n’est pas possible de vérifier ce qu’un élu fait s’il est trop éloigné de nous, mais c’est faux il suffit de s’en donner les moyens humains, matériels et juridiques.
La révocation, par exemple, nous pourrions très bien l’organiser à tous les échelons. Les californiens arrivent bien à révoquer leur gouverneur, et les vénézueliens leur président de la république.
2. La proximité, rempart contre la corruption ?
Concernant le lien entre la proximité et la corruption, vu le nombre d’affaires qui touchent des élus locaux, avec en tête d’affiche, Hénin Beaumont, où la corruption des élus PS a permis au FN de s’implanter alors que c’était une région normalement profondément ancrée à gauche. Franchement, il faut avoir de sacrées œillères pour oser prétendre que la proximité réduit le phénomène de corruption.
Je pense que ce qui favorise la corruption c’est la concentration du pouvoir, le degré d’arbitraire, l’irresponsabilité judiciaire et politique. Et s’il y a bien une responsabilité qui concentre tout cela plus que les autres, c’est bien celle du maire, qui dans nos institutions actuelles correspond plus à un seigneur dans un système féodal avec sa cour, qu’à un système démocratique.
Pour que les citoyens puissent surveiller des élus à une échelle plus grande il faut leur en donner les moyens, voilà pourquoi on parlait à un moment de jurys citoyens, ou encore d’un sénat qui serait remplacé par une assemblée de citoyens, et où dans l’une ou l’autre des idées, les citoyens étaient tirés au sort. C’est tout l’enjeu de l’écriture d’une nouvelle constitution.
Voilà pourquoi il faut se donner des recours, par exemple en instituant des processus de révocation des élus, en mettant en place le RIC, en instituant un droit de citoyen sentinelle donnant accès aux médias etc … A nous d’inventer les mécanismes de contrôle.
L’éloignement, citoyen-élu, dont il parle, ne vient pas de l’échelle, mais plutôt du cloisonnement qui est organisé par nos institutions et toujours cette organisation du débat public et de la vie politique dénoncée par Bourdieu et qui nous place en consommateurs / spectateurs.
Le président de la république est en cela le pire de tous, car placé dans une sorte de tour d’ivoire. On l’a vu aux dernières élections présidentielles, et on le voit aujourd’hui. Hollande et Sarkozy ont pu faire toute leur campagne sans jamais avoir à débattre avec qui que ce soit. Durant leur mandat, ils ne rendent jamais de compte et ce ne sont franchement pas les quelques journalistes qu’ils vont trier eux-mêmes en échange du droit à pouvoir les suivre et les interviewer, qui vont mettre en doute leur politique et porter la parole de la contestation.
Un maire n’a pas plus à rendre de comptes. Et la proximité n’y change rien. Ce sont les institutions, l’organisation de la société, des médias etc… qui décident tout cela.
IV De l'antinomie entre l'élection et le tirage au sort.
En établissant ces équivalences : Election = confiance, Tirage au sort = défiance, Etienne Chouard tente d’opposer les deux modes de désignation, de faire croire qu’ils sont antinomiques.
1. Election = confiance.
Seulement, on peut aussi envisager l’élection tout en se méfiant des risques, des dérives et des abus qu’elle rend possible. C’était d’ailleurs ainsi que Robespierre l’envisageait lorsqu’il présentait sa version de la déclaration des droits de l’homme :
Toute institution qui ne suppose pas le peuple bon, et le magistrat corruptible, est vicieuse.
Cette défiance il l’étend à l’ensemble des institutions. Et je partage cette idée.
2. Tirage au sort = défiance.
Lorsque les partisans du tirage au sort affirment qu’il ne peut en ressortir qu’une meilleure constitution, de meilleures lois etc … N’est-ce pas de la confiance ? Envers le tirage au sort évidemment, mais aussi envers les tirés au sort peu importe qui ils sont ?
De la période Athénienne d’utilisation du tirage au sort qui sert de référence à Etienne Chouard, il n’en ressort pas particulièrement de bouleversement politique, elle n’est pas connue comme une période particulièrement progressiste. Donc sur quelle base fondent-ils leurs certitudes ?
Déjà je pense qu’ils croient que le problème n’est qu’un problème de corruption, ils n’envisagent pas le problème sous l’angle d’une lutte des classes, d’une lutte d’intérêts ni même de passions ou d’idéologies.
De mon avis, cette confiance provient aussi du fait qu’ils s’identifient aux tirés au sort comme si c’était eux-mêmes qui étaient tirés au sort, comme s’il suffisait que les personnes qui décident aient l’étiquette « citoyen » pour que leurs décisions deviennent tout à coup beaucoup plus conformes à l’intérêt général, comme si tout citoyen était interchangeable avec n’importe quel autre citoyen … Alors que les Hollande, les Sarkozy, ou les Lepen ne se retrouvent pas au second tour de l’élection présidentielle par hasard, il y a bien des gens qui les plébiscitent. Et des gens le font en connaissance de cause, tous ne sont pas aveuglés ou manipulés par les médias, ils défendent simplement leurs avantages sociaux, leurs intérêts ou leurs convictions idéologiques.
Alors non seulement la défiance n’est pas exclusive au tirage au sort. Mais la confiance ne l’est pas non plus pour l’élection.
Pour moi, toujours avec ce parti pris initial, EC diabolise l’élection et essaie de l’opposer artificiellement au tirage au sort.
V Les fondements de l'élection.
EC ne voit que tous les mauvais côtés de l’élection, toutes ses dérives possibles, et il ignore tout le reste, il ne cherche pas à en comprendre les fondements si ce n’est par une approche très complotiste, et qui est infirmée très vite si on réfléchit au-delà des considérations superficielles et caricaturales dans lesquelles il veut nous enfermer.
EC pour promouvoir le tirage au sort et pour nous démontrer à quel point c’est mieux que l’élection prend en effet souvent pour argument deux périodes de l’histoire, la période de l’Athènes antique, qui selon lui aurait été une période où les riches n’ont jamais pu gouverner, et la période moderne, de la révolution française jusqu’à aujourd’hui, où selon lui, les riches ont toujours gouverné.
C’est une considération à mon sens bien trop simpliste et plein d’erreurs.
1. A Athènes, les riches n'avaient pas le pouvoir.
Pour moi la première erreur, c’est l’anachronisme de la comparaison, qu’est-ce que pouvait bien signifier « riche » à une telle époque comparé à l’idée que l’on se fait du « riche » aujourd’hui, principalement comme membre d’une classe sociale dominante et qui s’enrichit en détournant les institutions à son avantage et en exploitant le travail du reste de la population.
La société athénienne était une société composée d’une seule classe sociale, une société de soldats et où tout était orienté vers la guerre. Tous les hommes pratiquement étaient mobilisés lorsqu’il s’agissait de faire la guerre (en l’occurrence il s’agissait surtout de guerres navales). Aussi leur statut social dépendait à la fois de leur rang militaire et de leur capacité de contribution à la société. Enfin cela dépend des époques car les lois ont changé constamment, tout cela est expliqué dans le livre « La démocratie athénienne » que j’ai cité plus haut. Aussi les « riches » c’est-à-dire ceux qui avaient une plus grosse capacité de contribution (notamment en raison de leur capacité à produire plus de choses du fait qu’ils exploitaient des gens, en l’occurrence surtout des esclaves) avaient bel et bien un meilleur statut social et des privilèges.
Citoyens, riches ou moins riches, composaient à mon sens une seule et même classe sociale, ils étaient les seuls à se partager le pouvoir politique, et l’ordre social octroyait déjà à tous ces gens des privilèges par rapport au reste de la société (esclaves, étrangers (métèques), et femmes).
Aussi si l’on doit faire une comparaison entre notre époque et la leur, c’est triste à dire, mais ceux qui correspondent le plus au « peuple » dans nos sociétés modernes, du fait de leur statut social (ne survivant que grâce à leur force de travail, exploités), ce sont les esclaves.
Ceux qu’EC désigne comme faisant partie du peuple n’avaient en réalité aucun intérêt à ce que l’ordre social change vu qu’ils étaient parmi les privilégiés (la plupart étaient soldats ils n’avaient pas d’autre métier et ils ne travaillaient pas). Aussi, pouvaient-ils bien mettre en place n’importe quel système, leur préoccupation n’avait rien avoir avec la nôtre aujourd’hui (renverser l’ordre établit), leur préoccupation était surtout de se protéger de la tyrannie qu’ils avaient connus pendant des siècles auparavant et de protéger leur privilèges.
Le tirage au sort n’a eu aucun effet émancipateur. L’Athènes antique était certes un peu plus civilisée que le reste de la Grèce ou même de l’Europe, à la différence des autres cités les esclaves pouvaient acheter leur liberté et devenir des citoyens à part entière, l’esclavage par la dette avait été interdit ( alors que de nos jours il est réintroduit à grande échelle ). Mais cela n’a rien avoir avec le tirage au sort, tout cela provient de Solon, un des 7 sages qui gouvernaient la cité, c’est-à-dire d’un oligarque qui a imposé la démocratie, contre les intérêts de sa propre classe sociale.
Donc si on évacue ces histoires arbitraires de richesses et que l’on se base sur les différences sociales, ce sont bien les plus riches qui étaient les plus privilégiés, politiquement comme socialement, et les citoyens athéniens étaient tous des privilégiés. Ils ont utilisé la démocratie entre eux et aucun d’eux n’avaient d’intérêts à ce que les choses changent réellement. Il n’y avait pas de conflit entre deux classes sociales comme aujourd’hui. Aussi la mise en place de la démocratie athénienne et du tirage au sort n’était pas tournée contre « les riches » comme le prétend Etienne Chouard, mais plutôt d’une manière générale contre tous ceux qui voulaient s’accaparer le pouvoir pour eux seuls.
2. Depuis 1789, l'élection permet aux riches de voler le pouvoir aux citoyens.
Maintenant parlons de la période moderne, qu’EC « résume » à une période où les riches n’ont jamais cessé de gouverner et de nous voler notre pouvoir à nous citoyens, notamment à travers l’élection.
C’est ce résumé simpliste et très orienté de la période la plus riche en bouleversement de toute notre histoire qui m’a personnellement ouvert les yeux sur la réalité et les travers de son discours.
Car non seulement les riches n’ont pas toujours gouverné, il y a eu des périodes, comme lors de la révolution française avec Robespierre, la période du front populaire, le conseil national de la résistance, ou encore même les deux premières années de Mitterrand et de Jospin, où ce ne sont pas les riches qui gouvernaient mais bien des personnes décidées à changer l’ordre des choses et à défendre l’intérêt général. Et au-delà de ces périodes, c’est de toute façon constamment, même sous des gouvernements à priori acquis aux intérêts des plus riches, que des lois ont été votées contre les intérêts des riches, les riches ont perdu beaucoup de batailles. Si bien que cette période si sombre quand c’est EC qui la décrit, fut en réalité la période de toute notre histoire où notre peuple a connu le plus de progrès sociaux et a obtenu le plus de libertés.
La période de régression que nous connaissons depuis une 40 aine d’années fait que beaucoup d’entre nous n’ont rien connu d’autre, et le discours d’EC nous parle volontiers. Mais notre période fait suite à une période de prospérité et d’émancipation sans pareil, que nos grands-parents et nos parents ont pu vivre.
Voilà comment une perception un peu trop simpliste et orientée, peut permettre de transformer du tout au tout la réalité.
Bien sûr ces progrès ne sont pas dus à l’élection en elle-même, ils ont été acquis de haute lutte suite à des campagnes politiques, à des conflits sociaux, à des grèves, et parfois nos ancêtres ont dû verser leur sang et sacrifier leurs vies pour les obtenir. Mais ces combats n’auraient servi à rien s’ils n’avaient pu obtenir de débouchés politiques.
3. Quand l'élection devient émancipatrice.
Ce que je vais vous expliquer ici est quelque chose qu’EC ne dira jamais. Car cela infirme toute sa thèse.
L’élection, tout comme la grève d’ailleurs, permettent à un groupe de porter des revendications et de créer ainsi une situation de rapport de force, entre ceux qui défendent ces revendications et ceux qui s’y opposent.
Les personnes qui sont en dehors de ce groupe peuvent alors se rallier à un camp, et faire pencher le rapport de force dans un sens ou dans l’autre.
Si le rapport de force bascule en faveur du groupe qui a des revendications, alors il peut obtenir satisfaction.
C’est ce qui explique pourquoi, malgré des gouvernements à priori hostiles, ceux-ci ont dû souvent concéder des lois ou reculer et revenir sur leurs projets lorsqu’ils rencontraient trop d’oppositions.
Toute la période des 30 glorieuses est marquée par la période de la guerre froide et l’influence qu’elle a pu avoir sur la politique française, les gouvernements capitalistes ayant dû faire beaucoup de compromis face à la montée du communisme pour essayer de démontrer que le progrès résidait dans leur camp. Et la période de régressions que nous vivons aujourd’hui correspond justement au basculement qui a eu lieu après l’effondrement de l’URSS et la fin de la guerre froide.
Couplé au suffrage universel qui élargit le vote à tous les citoyens/citoyennes (et je l’espère dans le future aux étrangers afin qu’il soit complet), et au principe démocratique 1 électeur = 1 voix qui donne à la voix d’un riche le même poids que celle d’un pauvre, l’élection peut nous permettre de faire valoir notre plus grand avantage par rapport aux riches dans ce rapport de force : notre nombre.
Et c’est en cela que l’élection devient émancipatrice.
4. L'élection est un complot des riches.
Etienne Chouard essaiera de vous persuader, en brandissant notamment les écrits de Simone Weil, contre tout bon sens, que non notre nombre n’est pas un avantage mais une faiblesse. Que les situations où les riches ont dû abdiquer le pouvoir face au plus grand nombre n’étaient que des concours de circonstances.
Mais il suffit de constater le poids et l’influence qu’ont pu avoir les partis socialistes et communistes au plus fort du mouvement ouvrier pour comprendre que rien n’aurait été possible si des gens ne s’étaient pas rassemblés et organisés pour défendre et revendiquer ces progrès sociaux et ces libertés.
Etienne Chouard essaiera aussi de vous faire croire, et c’est là le côté complotiste de son discours, que les riches contrôlent totalement l’élection, qu’ils l’ont mise en place parce qu’ils savent qu’ils la gagneront toujours. Certitudes infirmées par toutes les périodes que j’ai cité plus haut et par la dernière victoire du FN aux européennes (malheureusement), ou encore par les victoires de Syriza en Grèce ou l’émergence de PODEMOS en Espagne, ou encore les victoires de Chavez au Venezuela, Correa au Chili, d’Evo Morales en Bolivie, ou de Kristina Kirschner en Argentine.
Si les riches contrôlaient si bien les élections, pourquoi avoir laissé Mitterrand nationaliser les banques ou encore Jospin mettre en place les 35 heures ?
Il vous objectera que les médias en France sont plus puissants. Alors je lui demanderai de se rappeler le référendum de 2005 et la victoire du « non » alors que tous les médias faisaient la campagne du « oui ».
Vu que notre force principale c’est notre nombre, les 99% contre les 1%, l’intérêt de l’oligarchie sera de nous diviser, de nous monter les uns contre les autres. Rassembler suffisamment de citoyens pour faire basculer les rapports de force c’est sans doute ce qu’il y a de plus difficile, ce n’est pas un état naturel, cela demande énormément de courage et d’abnégation face aux échecs par lesquels tous les mouvements politiques ont dû commencer. Cela demande aussi du temps car les idées mettent beaucoup de temps à germer, il ne suffit pas de les semer, il faut souvent que les gens les confrontent avec leurs propres expériences.
Et oui il y a souvent un « déclic », un « bug » comme dit Mélenchon, qui fait que les choses vont rapidement basculer dans un sens ou dans un autre, comme par exemple un jeune qui s’immole par le feu en Tunisie par désespoir face à sa situation de pauvreté et de chômage.
Mais rien n’arrive si on ne se bat pas pour l’obtenir. Rien ne se passera comme nous le voulons si nous ne nous sommes pas préparés.
L’élection permet cela. Elle permet encore cela aujourd’hui, même s’ils ont mis en place tout ce qu’ils pouvaient imaginer pour la verrouiller.
Et ce n’est pas pour rien que l’élection est systématiquement la première victime institutionnelle lorsque sont mises en place des dictatures.
Il y a à peine 2 ou 3 ans, c’est sous notre nez, chez nos voisins européens grecs et italiens, que la dictature financière représentée par le FMI et la BCE et avec l’appui du conseil européen ont carrément mis en place des gouvernements et des ministres, Mario Monti et Lucas Papadémos, soit disant des « techniciens » pour sauver leur pays, sans la moindre élection, tous des anciens banquiers de Goldman Sachs avec le gouverneur de la BCE.
VI. Le tirage au sort et le rapport de force.
Le tirage au sort par contre ne permet rien de tout cela. Il ne permet pas de créer et de modifier les rapports de force. Le tirage au sort on le subit, il sera alimenté par le rapport de force du moment et par le hasard. C’est le sort qui décide. Notre nombre ? On pourrait être 10 millions que cela n’y changerait rien si nous n’avons pas la chance d’avoir suffisamment des nôtres tirés au sort.
Bien sûr on pourrait essayer de conjuguer tout l’aspect rassemblement et revendications d’un côté avec le tirage au sort de l’autre, pour essayer d’influencer la société dans un sens et augmenter les chances qu’une personne qui porte ces revendications soit tirée au sort. On pourrait tester, mais je ne suis pas convaincu.
Car :
- S’il n’y a pas de débouché politique possible, parce que peu importe ce que l’on peut dire, tout dépend du hasard, on ne pourrait pas porter des revendications de leur réflexion jusqu’à leur réalisation comme c’est possible de le faire avec l’élection.
- S’il n’y a pas moyen de se compter il sera encore plus difficile de bousculer la société, car c’est malheureux à dire, mais nous avons de très lourds comportements moutonniers : beaucoup de gens n’ont pas la patience de construire un mouvement en le soutenant contre vents et marées. Ils font des calculs d’apothicaires et votent pour les personnes qu’ils pensent avoir plus de chances de gagner, comme au tiercé, sans se rendre compte qu’en faisant cela ils favorisent le conservatisme et empêchent l’émergence de nouveaux mouvements et qu’en plus ils se rendent vulnérables aux manipulations sondagières. C'est par exemple le fameux "vote utile".
Pour ces deux raisons, je ne pense pas que cela puisse fonctionner. Les gens ne se mobilisent pas s'il n'y a pas de véritable enjeu à le faire, si ce n'est pas décisif. Même si ce sont des citoyens et non des oligarques qui décident, un tel système me semble favoriser les conservatismes et non pas le renversement de l’ordre établit.
Et l’influence des médias ne serait pas moindre qu’avec l’élection.
J’entends souvent pour argument que les statistiques vont de manière magique produire une meilleure représentation politique de la société, et je pense que je dois en parler ici sinon je suis certain de retrouver cette objection dans les commentaires.
Mais je crois que ces gens confondent représentation politique et représentation sociale ( un ouvrier peut très bien voter à l’extrême droite et un autre à l’extrême gauche, ce sont deux représentations différentes )
Je pense qu’ils n’ont pas bien compris la loi des grands nombres, qu’ils confondent étiquettes politiques et idées (et donc que les tirages possibles sont bien plus nombreux qu’ils le pensent), et qu’en plus de cela ils se contredisent eux-mêmes car ces étiquettes ne peuvent exister que s’il y a élection et représentation …
VII. Conclusion.
En conclusion :
- EC a un parti pris contre l’élection, il la diabolise de manière évidente.
- Il nie le problème posé par la grande taille de notre pays et que seule la représentation le résout.
- Il crée une opposition artificielle entre le tirage au sort et l’élection, alors qu’une démocratie devrait surement user avec parcimonie des deux modes de désignation.
- Il idéalise et déforme la société athénienne et dramatise et caricature l’utilisation de l’élection depuis la révolution.
- Il passe sous silence les progrès sociaux qui ont été permis grâce à l’élection, il ne comprend pas l’intérêt du rapport de force pour nous le peuple, et nie notre principale force, notre nombre. (Pourtant une caractéristique principale de notre nature humaine, sociale, notre capacité à additionner nos forces et à réaliser de plus grandes choses lorsque nous coopérons entre nous).
- Il fonde des certitudes sur l’élection sur des considérations complotistes, malgré tous les faits qui s’accumulent et qui les infirment.
Bref déjà dans cette première vidéo Etienne Chouard nous raconte beaucoup de bêtises.
Beaucoup de points que je soulève mériteraient d’être plus développés. Mais si cela peut déjà faire réfléchir et créer le débat, c'est déjà ça. Merci.
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