Un bel article, très bien écrit, qui mêle la juste dose d’émotion à une analyse somme toute très rationnelle. Ce spectacle navrant des militants de droite qui sombrent dans la réaction et le racialisme ; nous le vivons aussi à gauche, où de très nombreux militants sombrent dans les affres d’un nationalisme social et d’un jacobinisme autoritaire.
Je ne mettrais qu’un seul bémol, sur le dernier paragraphe : C’est la ligne Juppé qui est conservatrice (même moins réformiste que celle de François Hollande), celle de Sarkozy est réactionnaire. Si il est bien évident qu’un Nicolas Sarkozy réactionnaire n’a absolument aucune chance d’atteindre le second tour (les vrais réacs préféreront cette fois-ci, comme en 2012, voter Front National ) ; en revanche, si Juppé veut avoir une chance de doubler Hollande, il doit être plus progressiste que lui. Concrètement, il ne peut pas le faire sur les questions sociétales (les électeurs de Droite n’y sont pas prêts). Il faut donc que Juppé soit plus progressiste que Hollande sur la question sociale. Or, la question sociale ne peut plus être traitée au niveau national. Reste donc la défense d’une Europe Sociale, progressiste, qui devrait former le coeur de sa campagne si il veut avoir la moindre chance de doubler Sarkozy au primaire, puis Hollande au premier tour.
On ne parle que de programme. Pour ce qui est de la réalité de la création d’une Europe Sociale, bien entendu, c’est à la population Européenne de s’en occuper via de grandes révoltes populaires à l’échelle européenne. Maintenant que les syndicats nationalistes comme la CGT sont à genoux, le processus d’unification des luttes européennes devrait s’intensifier. C’est là où un homme politique comme Juppé peut jouer un rôle : en facilitant la création d’un espace de dialogue social au niveau européen.