• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Rémi André

sur Nucléaire : la 3ème voie ?


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Rémi André 4 janvier 2015 22:00

Bonsoir monsieur,

Merci pour ces précisions sur les contraintes de la fusion « chaude » classique de type stellaire (ITER étant le projet qui tente de la reproduire ici bas) et par confinement inertiel (avec l’expérience Mégajoule en France). Pour information, destinée aux lecteurs et non à vous car vous semblez très bien renseigné, il existe également d’autres pistes pour atteindre le « break-even » de cette fusion chaude : le z-pinch de la ZR machine de Sandia (installation dont la taille diffère relativement peu d’un Tokamak) et le Dense Plasma Focus de l’équipe du Pr Eric Lerner. Ces derniers ont réussi à atteindre une température de plusieurs milliards de degrés (j’écris bien milliards) pendant quelques dizaines de nano-secondes. Je sais pertinemment que ce critère est insuffisant pour entretenir les réactions de fusion (critères de Lawson) mais l’équipe en question bénéficie d’une attention de plus en plus appuyée. J’y consacrerais peut-être un article un jour....

Ceci dit vos explications, encore une fois tout à fait exactes, ne s’appliquent peut-être pas dans le cadre de l’expérience du test dont cet article est le sujet.

Il existe en fait plusieurs théories concurrentes et incomplètes (tout comme la mécanique quantique l’est...) qui tentent d’expliquer ces LENR en faisant intervenir un processus de capture électronique. Les atomes d’hydrogène adsorbés dans le réseau cristallin se trouvent dans des puits de potentiels. L’idée qui n’est pas développée dans cet article (mais que j’ai rapportée dans un article antérieur) est qu’il serait possible, en faisant parcourir le réseau cristallin qui emprisonne l’hydrogène, par des phonons. Ce faisant la maille élémentaire du réseau qui emprisonne l’atome d’hydrogène voit sa taille réduite et la densité d’énergie par unité de volume (autrement dit la pression) augmente, localement peut-êtres suffisamment pour permettre à l’électron de l’atome d’hydrogène d’être phagocyté par le noyau selon p + e- -> n (lent). Le Pr Hagelstein du MIT a proposé une expression pour l’hamiltonien du système maille élémentaire + hydrogène adsorbé qui contient plusieurs termes au comportement non linéaire. Un autre professeur, finlandais celui-là , propose que l’hydrogène adsorbé (ou plus précisément ses noyaux pourraient être accélérés dans l’espace situé entre les atomes du réseau cristallin (encore parcouru par des phonons cela va s’en dire). Evidemment cela suppose une accélération sacrément conséquente pour atteindre l’énergie cinétique nécessaire à une fusion classique. Quant à la théorie de MM. Widom et Larsen je n’en parlerais pas car d’autres lecteurs l’ont déjà évoqué.

Petite remarque en passant :En fait lorsque vous dites « toute réaction de fusion crée des neutrons énergétiques de plusieurs MeV » ce n’est qu’en partie vrai : il existe des fusions aneutroniques (M.Lerner voudrait réaliser la réaction H + 11B -> 3 He) cet exemple n’est,, je vous l’accorde pas très représentatif puisqu’il faut quand même chauffer à 1 milliard de degrés....ce qui n’est pas très froid smiley.

Ce dossier de la fusion froide (dont le nom est certainement malheureux) est un sujet stimulant : j’ai beaucoup appris en lisant les travaux des chercheurs qui travaillaient dessus et cela n’a fait qu’aiguiser mon sens critique et ma curiosité.

De toute façon je persiste à penser qu’il faut étudier ceci car nous avons si peu à perdre et tant à gagner.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès