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Commentaire de Emmanuel Aguéra

sur « Les Français sont comme un enfant » (Jacques Attali)


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Emmanuel Aguéra Emmanuel Aguéra 6 janvier 2015 11:00

 salut,

J’ai mes opinions sur Attali. Pas toutes bonnes, le type présente pas mal de facettes parfois surprenantes.
Cette interview n’est qu’une séance de promotion : Qu’on se le dise, Attali réapparaît, un nouveau bouquin sort, la vie normale, qui vous donne donc Gruni, l’occasion de fusiller l’extra-terrestre à bout portant.

Pourtant. Qu’on adore ou qu’on exècre le bonhomme, et vu le phénomène, il est prudent d’assurer un bonne argumentation. Vous n’en avez, Gruni, proposé aucune. Je respecte les contradictions, mais de grâce, étayez !

Le fait, par exemple, qu’il ridiculise les recherches d’identité à laquelle se réfères les beaufs de divers accabits ne s’apparente pas à un révisionnisme de l’évolution. C’est le contraire ; Il vous a sur-estimé. Et puisque que vous descendez la formule, il aurait été sinon honnête, du moins intelligent de contre-argumenter. Mais, là Gruni... plus personne, ah si : au secours, Darwin... tu parles. Vous auriez pu nous expliquer où il faut s’arrêter puisque Neandertal n’est pas le bon arrêt. Quand commence l’identité nationale ? A l’arrivée des indo-européens en Europe ? avant ?, c’est après, c’est quoi la souche ? c’est quand et c’est où ? L’identité nationale de Charlemagne (capitale, Aix-la-Chapelle), celle de Pétain (capitale, Vichy), celle de Zidane ou celle de Jean-Paul Sartre ou la vôtre sont-elles différentes, et en quoi, ou ressemblantes, et en quoi ? Croc-Magnon ou Neandertal ne sont là que pour paraphraser l’absurdité de cette notion absude d’identité nationale, qui n’est que mauvais pansement sur mauvais malaise moralMieux vaut en effet en trouver les raisons chez l’autre, le mal identifié, le non-identifié...
Y voir une conception revisitée de Darwin, Gruni, n’est pas simplement complétement stupide, c’est malhonnête. Surtout sans argumenter, mais vous deviez être pressé.

C’était un exemple. Les sujets, abattus les un après les autres dans votre article, sont pourtant de vrais sujets, la fusillade d’abord, on développera plus tard. Et plus tard, rien.

Il y avait mieux à dire sur le cas Attali que ce festival vulgaire et ce flingage du personnage : nous parler de son copain de Neuilly« (vous avez lu le livre ????), de sa jalousie à l’égard du succès de Zemour ou de cette loufoque et imaginaire remise en question d’un Darwin »pipolisé« ... C’est du caniveau, Gruni, du caniveau.
Dommage, vous aviez soulevé des points intéressants, sans en développer aucun :
- A quand donc un argumentaire sur cette politique éditoriale, ce »lissage« de l’interview que vous évoquez sans l’appuyer ? Où transparaît ce lissage dans les questions ? Qu’auraient été les vôtres, les bonnes ? (par exemple).
- A quand une réponse sur l’inanité de la question de l’identité nationale dont vous descendez l’argument sans expliquer ni pourquoi et proposer votre point de vue ? Contestez-vous, par exemple, la généalogie néandertalienne et en quoi est-elle si évidemment anti-évolutionniste à votre avis ?
- A quelle fin, et basée sur quelles sagaces observations, cette accusation de jalousie digne d’une émission de télé-réalité de tf1, ça c’est la meilleure. Enfin, la plus triste.

Je constate que cet extra-terrestre d’Attali, fidèle à lui-même a fait une nouvelle victime. La dialectique impersonnelle qui lui fait présenter des évidences factuelles comme des opinions et ses opinions comme des évidences factuelles, le rend difficilement contradictible, ce qui est très con pour les polémistes. C’est »débattez ou soyez cons". C’est sur ça fait mal aux égos... demandez à Sarko.... L’aisance du discours, si l’on en croit Boileau, démontre la fluidité du raisonnement. Ce type est énervant, il faut l’admettre, se calmer et relire.
J’aurais préféré Gruni que vous m’aidiez à me positionner sur cette question : si l’on devait classer ce type dans un dictionnaire, est-il un intellectuel mondain, un politicien, un philosophe, un banquier ou un vendeur de soupe ? Quels doutes inspirent le type ? Doutes, pas suspicion, sinon ça perd tout intérêt. C’est à dire doutes en nous, c’est là que c’est intéressant, évidemment, car lire sans être prêt à changer d’avis est inutile et nuisible.

Les gouvernements passent, les commentateurs passent, Attali reste. Ca devrait vous mettre la puce à l’oreille : Attali n’existe pas en tant que lui même, il expose la mauvaise conscience de ceux qui voudraient l’avoir bonne malgré qu’ils se battent pour le pouvoir. Mitterrand, comme Sarko, s’y sont cassé les dents.

Essayons de mettre de côté le vendeur de bouquins rentables, et de nous intéresser aux paradoxes que soulève en nous cet intellectuel. En sont-ils vraiment, d’ailleurs ? Point intéressant, par exemple : si possible sans à priori : Comment peut-on penser que Hollande est le moins pire président de ces dernières années et pourtant désapprouver sa politique économique ? y a-t-il contradiction ?


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