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Commentaire de trevize

sur La lutte des classes, qu'est-ce que c'est ?


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trevize trevize 16 janvier 2015 21:34

Merci pour votre commentaire, extrêmement intéressant.

Ce texte est bel et bien superficiel de bout en bout, parce que j’ai bâclé le travail en urgence. Je suis comme le lapin blanc d’Alice : horriblement en en retard.

Héritage ou volonté active de la nature, dans tous les cas, ça nous est imposé et on le perpétue. Je voulais juste bien mettre en évidence que le clivage esclave/maitre prolétaire/bourgeois, c’est une transposition du dominant/dominé qu’on trouve chez pratiquement tous les animaux ayant une structure sociale. Ni plus ni moins. Et on sait tous qu’on peut aller contre les règles de la nature. Elle n’a rien fait pour qu’on sache voler par nos propres moyens, et pourtant maintenant on sait voler ; les exemples ne manquent pas.

Et puisqu’on peut aller contre ses règles, ou du moins les contourner (on vole, mais on n’a pas d’ailes comme les oiseaux), on peut très bien contourner le clivage dominant/dominé.
Mais pour ça, il faut bien comprendre les raisons de ce clivage, pourquoi la nature nous pousse à faire ça. C’est notre échec à comprendre cela qui fait que toutes nos tentatives de le dépasser se soldent par des échecs. Parce qu’on attend toujours le dernier moment pour régler le problème, on le fait de manière réflexe, instinctive, chaotique, sans trop savoir comment ni pourquoi.
Aussi parce qu’on confond trop égalité et uniformité. La nature a bel et bien horreur de l’uniformité.
 
Il faut qu’on parvienne à être égaux sans être uniformes. Il faut qu’on soit alternativement dominants et dominés. De cette façon, on devient égaux sans être uniforme, stables sans être figés. On dirige le changement au lieu de le subir.

Aux USA, ils sont en train de commencer à comprendre ça. Pas mal de start-up de l’internet sont en train de se créer, avec des structures en binômes : deux développeurs, un qui travaille, l’autre qui observe, pose des questions et fait des remarques sur le travail de l’autre « tiens, j’aurais plutôt fait comme ça, pourquoi tu fais comme ci ? » puis, ils échangent régulièrement leurs rôles.

Alors qu’en donnant une place à chacun, et en leur demandant de la tenir, on fige la société, on s’endort, les personnes deviennent secondaires pendant que la structure de la société prend le dessus, occupe le devant de la scène inexorablement. Il ne reste plus qu’elle, elle n’évolue plus : elle devient uniforme. Comme la nature n’aime pas l’uniformité, elle finit par tout chambouler : révolution, et on recommence.

"Le coeur prête aussi à débat : est-ce vraiment la destinée de l’humanité que d’être sous l’égide du travail ? C’est quoi au fond le désir humain, que veut-on ? Produire des choses, en consommer d’autres ?« 

ça c’est central !! Je sais pas trop ce qu’on veut, mais tout ce qu’on peut faire, tout ce qu’on fait, c’est consommer et produire. Quand on produit, on ne crée rien : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Travailler, c’est transformer ce qu’on a consommé, et le fruit de cette transformation, c’est notre production.

On nous a tellement gavés, on a voulu faire de nous des consommateurs, à tel point qu’on a oublié qu’on est aussi des producteurs. Et du coup, nous n’avons plus conscience de ce qu’on produit, et quand on ne prête plus attention à son travail, on finit par ne plus produire que de la merde. Et c’est un déluge de merde qui nous submerge aujourd’hui.

 »charlitanisme« ça, c’est bien trouvé smiley Dans la suite de votre comm, vous décrivez le monde pourri tel qu’il est aujourd’hui, l’illusion dans laquelle on vit depuis longtemps. Mais une illusion pourrie vaut mieux que de laisser les gens face au vide sidéral. »The show must go on" il faut que tout le monde soit prêt à abandonner ce monde pour un autre si on veut que ça marche. Et pour qu’on en ait tous envie, il faut qu’on en ait tous complètement marre. Là on est le nez dans notre caca, et c’est ça qui va nous permettre de bouger. C’est moche à dire, mais cette situation déplorable est nécessaire pour qu’on puisse passer à autre chose. L’heure la plus sombre vient juste avant l’aurore. On a tout ce qu’il nous faut pour construire un monde meilleur, il faut juste qu’on lâche prise et quand on aura décidé de s’y mettre, quand on arrêtera de produire des délinquants pour donner à manger à la monstrueuse administration pénitentiaire, quand on aura abandonné notre administration sclérosée, notre paperasserie, tous nos petits rituels complètement vains, pour se concentrer à des taches vraiment utiles, avec notre puissance de feu (7 milliards de personnes, et ça grimpe tous les jours !) à partir de ce jour-là, qui est très proche maintenant, en une petite dizaine d’années, le monde entier peut changer de façon radicale.


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