La lutte des classes, qu’est-ce que c’est ?
On trouve, sous-jacent au travail de Marx, une idée abstraite, plus générique, très simple : Nous autres humains, on n'est jamais d'accord entre nous.
On a tous des points de vue et des avis différents sur tout. Cette divergence de points de vue fait toute notre richesse, et nous y tenons beaucoup ; mais comme on n'aime pas être tous seuls, on finit toujours par se regrouper avec des personnes dont les opinions, les points de vue sur la vie se rapprochent suffisament des notres.
Quand ce processus se produit pendant assez longtemps, les groupes grossissent à mesure qu'ils fusionnent et que leur nombre se réduit.
Pour peu que la cohésion qui maintient les gens entre eux soit assez forte, on finit par ne plus trouver que deux groupes : les bourgeois et les prolétaires, les capitalistes et les communistes, la gauche ou la droite... Tout ça, on a bien compris que c'est la même chose.
Les notions de bien et de mal, elles dépendent énormément du groupe dans lequel on se trouve. Il arrive assez souvent que les qualités d'un groupe soient perçues comme des défauts par les membres de l'autre groupe, et la confrontation des idées des deux groupes c'est un peu le fondement de la lutte des classes.
On parle de lutte, de guerre ; c'est exactement ce qu'on voit à peu près tout au long de l'histoire : des forts, des faibles, les forts profitent des faibles et les faibles encaissent les coups comme ils peuvent. Maintenant, si il y a une cose que l'histoire nous apprend, c'est que cette lutte n'a jamais été une lutte à mort : les forts ont besoin des faibles pour exister, même si on cherche encore ce que les forts apportent aux faibles.
L'autre chose qu'on apprend de l'histoire, c'est que dans certains cas, la situation s'inverse, ou en tous cas elle se chamboule.
C'est la révolution, le changement de régime. Mais invariablement, elle finit par se restabiliser dans une situation à peu près similaire.
Etymologiquement, le mot révolution vient du latin et signifie "retour en arrière". Une révolution, c'est bien un retour en arrière, on répare une erreur en détruisant une partie de notre système de lois pour mieux le reconstruire.
Mais finalement, à quoi rime tout ça ? Lutter les uns contre les autres ne nous a jamais rien apporté de bon, et ça n'a aucun sens.
On est 99% à savoir qu'on gagnerait plus à coopérer au lieu de lutter les uns contre les autres. Les échecs répétés de tentative d'élimination d'un groupe par l'autre semblent être la preuve aussi bien de l'impossibilité de cette élimination, que celle de notre incapacité à comprendre ce phénomène.
Parce que finalement, quel est le motif, l'objectif instinctif que nous poursuivons en faisant ça ? Pourquoi luttons-nous les uns contre les autres ?
Eradiquer l'ennemi semble impossible, alors pourquoi nous sommes-nous engagés dans cette lutte sans fin ?
Pour une raison toute simple : nous cherchons bien à atteindre une position où il ne reste plus qu'un seul groupe, mais pas de la bonne manière.
Puisqu'un groupe ne peut pas éradiquer l'autre, la seule solution pour ne plus former qu'un seul groupe, c'est de fusionner. Et c'est tout ce qu'on fait depuis la nuit des temps en jouant cette tragédie des riches contre les pauvres. On essaie de ne plus
former qu'un seul groupe.
Pour opprimer les faibles, les puissants utilisent l'outil principal de l'humain : la division. Ils nous divisent et nous isolent pour extraire toute la ricesse qu'on peut produire. Un peu comme on fracture en ce moment la terre pour extraire le gaz de schiste...
Mais plus ils nous divisent, plus il leur est difficile de nous diviser. Un peu comme quand on casse un bâton : on peut le casser en deux, puis enore en deux... mais à un moment, il faut être Hercule pour briser des touts petits morceaux.
C'est l'obstination des puissants à toujours nous diviser qui nous mène chaque fois à la catastrophe. Et cette obstination est tout simplement due au fait que nous tous, puissants et faibles n'avons pas été capables de comprendre ce processus.
La seule façon de sortir de ce cercle vicieux, c'est de coopérer. On est 99,9% à le savoir. On a à peu près tout ce qu'il faut pour faire vivre le monde entier de façon décente, et le peu qu'il nous manque, on le retrouvera. Les solutions à nos problèmes sont déjà là en train de naître, il suffit d'ouvrir les yeux : ces solutions, c'est le modèle
peer-to-peer, qui met tout le monde sur un pied d'égalité, c'est l'économie circulaire qui considère ce que nous appelons déchets comme des richesses, c'est le dialogue pour inverser le pénomène de division, c'est le partage et l'entraide, le retour à une vie
plus simple.
Mais par dessus tout, c'est le changement tout en souplesse, sans précipitation et sans à coups. Nous marchons sur des oeufs.
Ce qu'il faut absolument qu'on évite, c'est le bouleversement trop rapide. Un mouvement brusque, un petit à-coup, et c'en est fini de nous. C'est un peu comme quand on passe une écluse : il faut faire monter le niveau de l'eau très progressivement, avant d'ouvrir la porte, pour un passage tout en douceur.
Tout ce bordel, personne ne l'a réclamé, personne ne l'a voulu. On est tous des victimes de ce cycle infernal, des pantins, des robots qui répètent encore et toujours la même pièce de théâtre sans la comprendre.
On nait dans un camp, on répète la même tragédie, et si on en a marre, on peut très bien décider de réécrire la fin pour en faire une comédie. C'est comme ça que je veux que ça se termine, et je suis sûr qu'on est noombreux dans ce cas.
On n'est pas obligés de tout casser, on peut démonter calemement tout ce qui sert à rien, garder le reste pour reconstruire et continuer à avancer. Si on y parivent, et je suis
sûr qu'on y arrivera, on ira très, très loin.
Big brother, la matrice, skynet, c'est la même chose : l'idolâtrie, la révolution destructrice, le système archi-centralisé et hyper-rigide que nous avons construit prend le dessus sur nous et la situation s'inverse. Mais c'est nous qui faisons les règles, c'est nous qui dictons les lois, ce ne sont pas les lois qui font la loi ! Les règles, les thermomètres, quand ils ne fonctionnent plus, on les remplace.
On est tout à fait capables de s'exprimer, de s'oganiser, et de faire de grandes choses tous ensemble, sans débordments. On l'a prouvé ce dimanche à Paris.
J'ai vu finalement très peu de policiers, je n'ai pas vu de violence et j'avais la sensation que même si des excités avaient commencé à faire des dégats, la foule se serait occupé de les neutraliser, sans les lyncher. ça se sentait partout. On sentait la douleur et la vigilance de chacun, pas la peur de se faire violenter, juste la tristesse et le désespoir d'un peuple à bout mais qui tient le cap vaille que vaille.
Merci d'avoir lu ceci, ça vient du fond du coeur.
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