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Commentaire de Ecrl’inf

sur La ruse est le salut !


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Ecrl’inf 17 janvier 2015 23:59

Il est heureux que le pouvoir n’interdise pas encore ce type d’article. Mais pour combien de temps ?

Question« hypocrisie », je pense qu’il faudrait plutôt parler de cynisme. C’est aujourd’hui une vertu professionnelle. Le cynique est celui qui est parfaitement conscient d’être intellectuellement malhonnête, mais il le fait parce que cela peut le servir, notamment dans sa carrière. Il y en a beaucoup dans les appareils politiques qui nous dirigent ; par exemple, telle vierge effarouchée qui s’enfuie à grands cris d’une soirée du PS où elle vient d’apprendre que le « monstre » DSK est dans les lieux. Elle ne le fait pas par conviction, elle le fait parce qu’elle sait qu’en criant au scandale, elle engrangera des points et des voix dans sa misérable petite carrière politique, et que cela lui permettra de s’enrichir et de gagner des honneurs et des privilèges. Elle le fait très exactement pour se faire remarquer. Elle présente comme un acte héroïque ce qui n’est au fond qu’un écho de la pensée unique, un acte de soumission à l’idéologie dominante, une déclaration d’allégeance aux Rhinocéros, comme dirait Ionesco.

Avec l’affaire Charlie Hebdo, la classe politque étale son cynisme au grand jour. Les professionnels de la délégation politique ont immédiatement compris qu’il fallait se soumettre incondtionnellement au slogan « Je suis Charlie », et que toute voix dissonnante entamerait sérieusement leur carrière et leurs profits personnels. Tous les députés chantent en coeur, tous les médias cultivent le culte des forces de l’ordre et s’échangent leurs « experts » en affaires policières, tous les sondages indiquent que pratiquement tous les Français pensent la même chose. C’est le grand refrain de l’unité nationale, voire de l’Union sacrée, prémisse d’une guerre imminente ...

Et pourtant. Force est de remarquer que CH ne se moque pas de tout le monde. Est-il d’ailleurs permis aujourd’hui de se moquer de la police ou de l’armée ? Et si l’on se moque ouvertement de Mahommet, alors pourquoi pas non plus de Shiva, de Buddha et d’autres grandes figures de la religion ? Certes, CH s’est moqué du Pape. Mais c’est assez courant, quasiment banal. Il ne s’est pas moqué des Hindous, par exemple, en tous cas pas de manière aussi grossière que des Musulmans. Son acharnement contre l’Islam et ses fidèles interpelle. Quand bien même il faudrait reconnaître à tous les organes de presse d’une démocratie le droit de se moquer de tous et de toutes choses, mis à part peut-être ce qui ressemble véritablement à une incitation à la haine, il faut bien remarquer que CH ne tourne pas tout en dérision, et choisit ses cibles. Pourquoi donc les Musulmans sont-ils autant dans le colimateur de CH ? Parce qu’une infime partie d’entre eux commet des atrocités ? Ou parce qu’une grande partie, sinon la principale, des richesses pétrolières se trouvent en terre musulmane, et que l’entretien du chaos dans ces régions permettrait à nos armées quelques menues conquêtes coloniales, accessoirement fort profitables ? Montrer des Musumans les fesses en l’air, prêts à accueillir des verges dans leurs arrière-trains, doit rester un droit dans une démocratie, mais reconnaissons que ce n’est ni un art, ni très intelligent, a fortiori dans le contexte actuel ; celui qui en a pris la responsabilité, doit aussi assumer la responsabilité des événements récents.

Et que dire de l’injonction publique du Premier Ministre et de son Ministre de l’intérieur à arrêter et à « condamner sévèrement » un humouriste ? Quoi que l’on pense de ce dernier, n’y a-t-il pas là une rupture éclatante avec l’un des grands principes de la démocratie, à savoir la séparation des pouvoirs ? Une rupture d’autant plus éclatante qu’elle est l’aboutissement d’un long acharnement du pouvoir contre cet humouriste. Et un avertissement à toutes les autres voix dissonnantes et bruyantes, telles que celle d’un Zemmour pour ne citer que lui. Vu sous cet angle, le slogan « Je suis Charlie », au-delà de l’infecte moutonnage qu’il suppose, ne signifierait-il pas : Vous n’avez pas le droit de penser ce que vous voulez. Ce qui veut dire que « Charlie » ressemblerait étrangement à « Big Brother ». Les assassinats récents sont saisis par les pouvoirs établis comme une aubaine pour renforcer leur arsenal répressif, au point d’afficher publiquement leur volonté de contrôler non seulement l’expression, mais, plus grave, l’opinion. La Ministre de l’éducation, et sa collègue de la Justice, sont des expertes en la matière ; la première n’hésite pas à intervenir sur les cerveaux des enfants dès le plus jeune âge, en dictant la représentation des sexes dans les manuels scolaires ou en faisant intervenir dans les collèges des représentants de la LGBT, la seconde en cherchant à imposer de manière stalinienne, et comme s’il s’agissait là encore d’un acte héroïque, des changements de moeurs et de civilisation qui touchent au plus profond de l’âme humaine. Elle vient d’ailleurs de proposer une loi sur la criminalisation des injures racistes et sexistes, qui autorisent une interprétation très élastique, et une autre loi sur la suppression de sites et blogs internet pour des motifs que le pouvoir définira et intreprétera.

Fossoyeur du socialisme, le PS d’aujourd’hui a un intérêt très concret à abolir la liberté d’opinion. Sa promiscuité avec les puissances de l’argent, ce qu’on appelle aujourd’hui le capitalisme de casino ou encore la dictature de la finance, conduit à une dynamique inégalée depuis 1945 de creusement des inégalités. Les récents attentats présentent dès lors deux avantages majeurs pour notre oligarchie : 1) détourner l’attention des problèmes socio-économiques et éteindre le sentiment de révolte par l’orchestration d’une grande eucharistie de l’union nationale contre les méchants loups. 2) Contrer la contestation montante contre le retour à une Europe sociale digne des pires moments de la Révolution industrielle par le renforcement du carcan policier, juridique et médiatique (les médias sont à la société actuelle ce que l’Eglise était aux bougres du Moyen-Äge, à savoir un instrument de canalisation et d’encadrement de la plèbe par l’abrutissement).  


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