« …n’ont fait que réveiller cette haine qui a toujours existé
entre Français et immigrés d’origine arabe. »
Si je partage largement votre analyse, il est hors de propos de parler
de haine. Avant d’en arriver là, il faudrait attendre le déchaînement des
violences, parce que, sinon, il n’y aura plus de mot pour définir le sentiment
dominant des uns et des autres. On en est, pour l’heure, à l’animadversion.
« Il fallait y penser avant, quand on
encourageait le regroupent familial des immigrés… »
Arc-boutés sur l’universalisme
républicain – qui refuse de voir autre chose que des citoyens -, « ils » ont pensé que les choses
se passeraient avec les gens venus d’Afrique, comme avec les Européens, depuis
une soixantaine d’années (nous sommes vers 1960), à savoir qu’il y aurait des
frictions, voire des violences, pendant un certain temps, puis que les
individus se mettraient en place comme les pièces d’un puzzle sur le canevas
républicain.
Le problème, c’est que le
temps, et les générations ont passé, et que les nouveaux venus n’avaient toujours pas des
têtes de Polonais, d’Italiens, d’Espagnols, de Portugais, c’est-à-dire de
Français, mais toujours des têtes d’étrangers.
Pour ne rien arranger du
tout, il y avait parmi eux, de nombreux musulmans que leur religion a empêché
de participer aux rites sociaux et de respecter les codes qui rendent possible
l’accès à une communauté d’accueil.
Ce qui se paie aujourd’hui,
c’est donc aussi un déni de réalité initial imputable à une conception sectaire et
psychorigide des prétendues valeurs de la république.