Une dernière chose.
J’ai dit de l’acte créateur qu’il était différenciation et que la castration en était l’agent. La finalité de l’acte créateur est donc la diversité.
Si le crime polarise les masses, déplace la castration en dehors du nous et semble satisfaire le désir d’union, il est manifeste que le crime est un échec de l’acte créateur. Puisqu’au lieu de créer de la diversité, le crime agglomère les masses dans un modèle de pensée unique.
Les anciennes saturnales, ainsi que les sacées en orient étaient des fêtes du renouveau qui cloturait un cycle annuel : phase social, délitement (Girard parle de crise mimétique) dont rien atteste mais qu’il faut croire présent puisque la fête de renouveau est nécessaire, phase orgiaque, crime, réconciliation (nationale ?).
Je ne sais pas exactement ce qu’il faut attendre de la France unie des Charlies, l’impression que j’ai, c’est que l’union nationale qui apparait autour du crime n’est qu’un leurre et que l’acte créateur viendra nécessairement la briser. Je pense, dans la violence.
Ce que je crois, c’est que la société humaine n’a pas intérêt à laisser se déplacer la castration hors du nous, même si elle en tire un gain immédiat, ce gain n’étant qu’une perte au final.
Il faut conserver la castration à l’intérieur du nous : il est préférable d’avoir une multitude de petits crimes que sont les sacrifices, qu’un grand crime qui ne sauve la face que temporairement.
La société occidentale qui a fait de libre jouissance son modèle idéologique est une société qui refuse la castration et laisse libre cours à la toute puissance. Elle est alors condamnée à vivre du crime qu’elle projette hors d’elle même. ce crime s’accompagne de la naissance d’un « eux » haï.
On trouve ce comportement dans celui de la personne sans éducation, toujours en position de victime, qui crie sa haine de l’autre a qui peut l’entendre. Cette figure individuelle s’applique aussi bien à la psychologie du groupe : le laisser à la libre jouissance, c’est le conduire dans une haine de l’autre qui s’articule autour du crime.
Cette situation est instable et n’est pas tenable. Le retour du réel risque d’être cuisant.