Vendredi 6 février 2015 :
Sarkozy à Abou Dhabi : l’appétit et
le mépris.
Que dit de Nicolas Sarkozy son escapade
dans les Emirats arabes unis au moment même où son parti vit un
véritable psychodrame ? Outre son appétit connu pour l’argent, ce
voyage révèle son mépris pour sa propre formation politique et
pour tout le peuple de droite.
Il y eut le 6 mai 2007. Cette soirée triomphale que Nicolas
Sarkozy passa avec ses chers amis du CAC 40, des médias et du
showbiz dans un grand établissement parisien. Cette nuit du
Fouquet’s où tout ce qui brillait était d’or, symbole d’un
quinquennat mêlant dans une confusion dévastatrice l’argent, le
people et la politique.
Il y a désormais le 2 février 2015. Lendemain de défaite dans
une législative partielle et jour
de déchirement pour une UMP sommée de choisir entre le Front
national et le Parti socialiste. Une matinée glaciale où les voix
discordantes des ténors de la droite commencent à retentir mais que
Nicolas Sarkozy, patron d’un parti exsangue, méprise, s’envolant
vers des cieux plus paisibles et mieux rémunérés. Car au moment où
les anciennes divisions de la droite ressurgissent, intactes et
brûlantes, l’ancien
chef de l’Etat distribue ses conseils à une quinzaine de riches
émiratis dans un salon cossu d’Abou Dhabi. Une conférence
généreusement rémunérée par un
fonds souverain spécialiste des investissements pétroliers.
Désormais, pour tous ses adversaires de l’UMP, il y a un
« problème Sarkozy »Lorsque le 6 mai 2007, Nicolas Sarkozy
tourne, sans gêne ni vergogne, son dos présidentiel à la France
qui vient de l’élire lui préférant la compagnie de quelques
milliardaires ; le 2 février 2015 il acte son mépris pour
le peuple de droite encore prêt à le suivre, mépris pour la
politique ordinaire, mépris pour son parti.
Quel que soit le montant réellement perçu par l’ancien
président, la conférence d’Abou Dhabi ne s’effacera pas d’un
revers dédaigneux ou d’un communiqué vengeur. Elle laissera une
marque indélébile dans sa tentative de reconquête. Car elle
témoigne outre son appétit connu pour l’argent et les fastes
moyen-orientaux, de la légèreté de son engagement à la tête de
l’UMP. Son peu de convictions, de détermination et son sens pour
le moins paradoxal des priorités.
Le 2 février 2015, en abandonnant son poste dans la
tourmente d’une déroute électorale, c’est la confiance de son
parti que Nicolas Sarkozy a trahi. Désormais, pour tous ses
adversaires au sein de sa formation politique – et ils sont de plus
en plus nombreux – il est clair qu’il y a un « problème
Sarkozy ». Cet homme devait faire marcher l’UMP au canon, il
est devenu pour son propre camp, un boulet.
http://www.marianne.net/sarkozy-abou-dhabi-appetit-mepris-100231036.html