Dans le Doubs, abstiens-toi ?
C’est la question que s’est posée l’UMP récemment, prise dans un imbroglio dont le nouveau président, et ex-président français, a eu manifestement du mal à se dépêtrer.
La situation est confuse dans le camp de l’UMP, prise entre la tentation, toujours renouvelée de fricoter avec le FN, lequel s’y refuse…et celle de jouer la carte du « pacte républicain »…
Gouverner, c’est prévoir, selon l’adage bien connu, et justement, Nicolas Sarközi n’avait pas prévu ni le drame de Charlie, drame qui a donné naissance à une provisoire réconciliation de tous les français, ni à la triste 3ème place du candidat UMP dans la circonscription du Doubs, mettant finalement en présence le candidat de l’extrême droite face au candidat socialiste, reposant une fois de plus la question du positionnement de l’UMP face au dilemme « front républicain » ou « ni l’un, ni l’autre », sans oublier la possibilité de laisser l’électeur se débrouiller tout seul, se déresponsabilisant ainsi du résultat final.
En choisissant de ne pas choisir, le patron de l’UMP, qui se voulait le plus grand rassembleur possible, divise un peu plus son parti.
S’il faut en croire le « Canard Enchaîné » le président de l’UMP serait entré dans une colère noire déclarant en évoquant Charles Demouges, le candidat malheureux de son camp : « ce n’est pas moi qui l’ait désigné ! C’est le fameux triumvirat, les Juppé, Fillon et Raffarin, qui a choisi ce con ».
Le battu a dû recevoir le message 5 sur 5, lui qui pourtant était optimiste, s’il faut en croire un SMS qu’il avait adressé à Laurent Wauquiez : « la victoire me tend les bras »…
On ne lui conseille pas une carrière de visionnaire…
Mais revenons au choix de l’UMP.
La solution du « ni-ni » étant un appel masqué à l’abstention, ou au vote blanc, dont on sait qu’il n’est pas finalement pris en compte, même s’il est comptabilisé, revient finalement à encourager l’abstention, solution peu républicaine.
Celle de laisser finalement le choix au citoyen revient pour sa part à ne pas se considérer comme conseil auprès du citoyen, et donc de refuser d’en prendre la moindre responsabilité.
Quant à la solution républicaine, qui revient à refuser l’idée que le FN soit un parti honorable, elle met l’UMP, ou du moins une partie de celle-ci, en difficulté.
En effet, si un jour, le parti d’extrême droite vient aux affaires, il ne pourra gouverner tout seul, et nul doutes que les dirigeants du FN sauront récompenser ceux qui l’auront soutenu, et recaler les autres.
Les Estrosi, et quelques autres, qui plaident depuis longtemps pour une alliance, visible, ou pas, avec le parti frontiste, se trouvent en porte-à-faux…
Après la défaite de leur poulain dans le Doubs, le patron de Nice s’était en effet lâché dimanche soir : « on vient de se taper 4 semaines d’emballement sur l’unité nationale qui ont rapporté 20 points à Hollande. Si on appelle maintenant nos électeurs à voter socialistes, ils vont se suicider ». (Canard Enchaîné du 4 février).
Le chef, donc Sarközi, devait trancher, et ne voulant se fâcher ni avec les uns, ni avec les autres, devait trouver un terrain d’entente, et se donnait le temps de la réflexion.
Temps qui a laissé Juppé tirer le premier, en indiquant très clairement que dans cette alternative, il fallait voter républicain, et donc soutenir le PS face au FN… suivi par quelques autres, dont NKM.
On se souvient que dans pareille alternative, mais avec une situation inversée, les dirigeants du PS avaient appelé à voter pour Chirac, contre le FN…ce qui amena au pouvoir le candidat de droite.
Si l’on peut regretter que ce dernier n’ait pas profité de l’occasion pour mettre en place un gouvernement républicain, représentatif de ceux qui l’avaient fait élire, ratant une occasion unique qui aurait sans doute laissé une trace dans l’histoire, on ne peut faire autrement qu’applaudir cette logique républicaine.
Mais on ne refait pas l’histoire.
Aujourd’hui, l’UMP se retrouve face à son histoire, puisque ce parti est un amalgame d’une partie du centre, et de la droite…et après l’élection de dimanche, elle risque l’implosion au pire des moments : Copé est de nouveau menacé par la justice, se retrouvant en première ligne au moment où le parti est fragilisé…l’affaire Bygmalion est loin d’avoir dit son dernier mot…l’affaire Bettencourt non plus… et d’autres affaires ne sont pas loin…Kadhafi…etc.
Les finances du parti de droite ne sont pas au mieux, et son leader actuel vient d’être désapprouvé par la majorité de son parti.
Bruno Lemaire, rival de l’actuel président de l’UMP, en a profité pour glisser une savonnette : « partout sur le terrain, c’est le même message : la mayonnaise Sarközi ne prend pas. Les gens ne veulent plus de lui »… (Extrait de « la mare aux canards » dans l’édition du volatile du même nom en date du 4 février 2015.
C’est marquer peu de reconnaissance à son chef, lequel n’a cessé, devant ce concurrent potentiel, de lui être agréable.
Selon « le Point » du 5 février il aurait en effet déclaré à l’un de ses collaborateurs au sujet de Bruno Lemaire : « Quand tu veux qu’un monsieur se rallie à toi dans 2 ans, tu ne lui dis pas « je vais te tuer ! » non ! Tu attendris la viande. C’est pour cela que je fais attention à être gentil avec Bruno ».
Il faut croire qu’il ne l’a pas suffisamment « attendri »…
Pour l’instant, la réflexion que se font quelques « têtes pensantes » du parti, est de trouver que « la fraternité républicaine –je suis Charlie- » commence à bien faire, et qu’il serait temps de tourner la page…
Quant à Hollande, il continue de surfer sur cette vague inespérée qui lui a fait gagner d’un seul coup 20 points dans les sondages d’opinion, et il multiplie les interventions en rappelant ce moment historique qui à mis tous les français dans la rue, quelles que soient leurs choix politiques.
Comme dit mon vieil ami africain : « le bruit du fleuve n’empêche pas les poissons de dormir ».
L’image illustrant l’article vient de contrepoints.org
Merci aux internautes pour leur aide précieuse.
Olivier Cabanel
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