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Commentaire de Gonzague de Montmagner

sur Claude Allègre, hérétique ?


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Gonzague de Montmagner (---.---.4.186) 5 mars 2007 09:42

Bonjour,

Ayant moi-même commit un article intitulé « de la pomme (d’Adam) au CO2 », je suis ravis de constater n’être pas le seul à pouvoir avancer de tels points de vue. Professionnel dans l’environnement, je « souffre » au quotidien du développement de cette pensée unique, quant à l’époque mon éditeur avait joyeusement censuré cet article.

Sur le sujet mon opinion est que, sans préjugé de la bonne foi des acteurs de l’environnement, ceux-ci s’empressent majoritairement de se rattacher à la mono question climatique, une fois observé que le grand public semble y adhérer ou plutôt s’y enchaîner (comme une nouvelle occasion de discrimination négative).

Ce faisant, mes « paires » font le parie de l’efficacité de la communication d’urgence : « si nous avons une prise ici, et Dieu sait que c’est difficile, autant ne plus lâcher et en profiter ». Alors plus besoin de campagnes de communication onéreuses et inefficaces quand un simple coup de vent, une hausse du thermomètre en octobre et toutes les autres formes de « communications » naturelles viennent avantageusement s’y substituer.

Sur la polémique, on pourra certes reprocher à Allègre son technocentrisme, mais ce dernier est bien l’un des rare à préserver dans l’espace public un minimum de la complexité de la question environnementale. Car à mon sens le danger de cette « communication d’urgence » est triple :

- d’une part la question climatique, occupant tout le terrain, vient masquer toutes les autres, au premier rang desquelles se trouvent la gestion de la ressource en eau et la préservation de la biodiversité.

- d’autre part le réductionnisme, voir le simplisme qu’elle met en avant n’invite aucunement son auditoire à une approche nouvelle du monde vivant, n’aboutissant au final qu’à la promulgation de comportements jugés aujourd’hui « moralement juste », mais tout aussi mécaniques que les précédents.

- enfin, en ce qu’elle ne laisse à voir qu’une écologie « négative » construite sur la base de « ne faite pas ci » « il faut moins de ». Or une écologie positive et créative est possible, cependant qu’elle requière un véritable changement de point de vue dans nos relations au monde, ainsi qu’une réflexion globale conséquente. Ce à quoi il sera sans doute répondu que le temps presse, ce à quoi nous répondrons que le matériel existe (http://utime.unblog.fr) à condition de lui faire un peu de place dans les débats.

Alors si devant les certitudes des uns, les chiffres des autres, il est bien difficile de prendre des positions claires, tout du moins autres que théologique (c’est bien, c’est mal) et comme il est bien laborieux d’avoir une vue d’ensemble (croyant régler ceci, je déséquilibre cela), nous pourrions néanmoins nous attarder sur des points de méthodes tels que : « la bêtise est de conclure. » G. Flaubert. Mais surtout, surtout, devant le développement de l’expression mass-médiatique d’un point de vue « standardisé » sur la question écologique, n’oublions pas de voir que celui-ci se fabrique à partir d’une pensée qui ne fait plus que dupliquer un réel déjà préconstitué, et duquel « nous » ne reconnaissons plus que les effets de ce que nous y avons déjà mis nous-mêmes !


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