La théorie du complot est un recours facile à la peur. Elle se nourrit de l’ignorance des faits. Quand on ne sait pas, on spécule et on mythifie. C’était déjà le cas avec l’URSS de Brejnev, comme c’est le cas sur l’Amérique « ultra » (forcément « ultra ») libérale d’aujourd’hui. On ne sait rien donc on invente. Mais jamais n’importe comment : on retombe dans les vieux schémas culturels qui rendent compte des espoirs et des angoisses des peuples. Le cas des banlieues est exactement le même. Manipulation ? Auriez-vous des cas concrets autres que de simples « spéculations » sur le sujet ? En revanche, le thème du « cancer », du « virus », de la « pourriture » insidieuse qui vient vous saisr jusque chez vous comme une « peste », ça c’est un mythe récurrent depuis bien avant l’an Mille ! On se dit donc : « mais bien sûr » ! Parce que l’on y reconnaît un schéma culturel profondément ancré et que toute « reconnaissance » est déjà, par elle-même, une demi-information. Ce que l’on appelle un « préjugé ».
L’inconvénient est que, si cela permet un discours immédiat qui semble donner du « sens » à l’évenement, on passe à côté de la vérité ce qui, en termes d’efficacité de l’action à mener, est déjà une demi-défaite. On risque de se tromper de cible, se tromper de mesures, augmenter le désordre. S’informer, réfléchir, proposer : c’est dans cet ordre que doivent se passer les choses. Ne pas sauter une étape.